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Amadou Diop, préfet du département de Mbour, a présidé hier un Comité Départemental de Développement (Cdd) consacré à l’organisation du Septembre Mandingue, une période d’initiation, de découverte et d’animation qui draine chaque année des foules considérables.
La rencontre a réuni la Collectivité Mandingue et le Djoudjou Cissé Counda, basé dans le quartier Oncad.Les maires et représentants des communes de Somone ,de Malicounda et de Malicounda ont pris part au Cdd.L’autorite préfectorale a pris un certain nombre de mesures pour un bon bon déroulement du Septembre Mandingue. Il a invité les acteurs à déposer des demandes d’autorisation soumises à une commission de validation avant tout démarrage d’activités liées à la mise en place de case initiatique se sortie du kankourang.
À Mbour, le Kankourang n’est pas une simple apparition. Il incarne une mémoire vivante, un pilier identitaire et un cadre de transmission des valeurs ancestrales. Hérité des traditions mandingues, il est étroitement lié au cycle d’initiation des jeunes garçons, notamment durant le mois de septembre, période sacrée dans la vie communautaire. Mais cette figure puissante est aujourd’hui menacée par de nombreuses dérives, appelant une réaction vigoureuse.
Dans le cadre d’une meilleure organisation de ses activités, la Collectivité Mandingue a mis en place un Grand Conseil des Alpha Kafo, cercle de patriarches gardiens du temple. Ce conclave de sages a reconduit Arfang Ibrahima Touré au poste de coordinateur du Septembre Mandingue 2025.
Depuis quelques années, le Kankourang, autrefois réservé aux seuls contextes initiatiques, est de plus en plus visible dans des tournages ou parades non encadrés. Porteur de règles strictes et d’une force spirituelle redoutée, il n’est pas un simple accessoire d’animation. À Mbour comme ailleurs, certains individus n’hésitent plus à se déguiser sans autorisation, détournant l’essence même du Kankourang.
Ces dérives vont bien au-delà de la profanation culturelle : elles entraînent des troubles à l’ordre public, avec des cas d’agressions, de vols et de violences imputés à des délinquants déguisés. Le vide juridique a permis l’installation de pratiques illégitimes, ternissant l’image du masque et sapant l’autorité des véritables détenteurs de la tradition.
Et pourtant, loin d’être un vestige du passé, le Kankourang peut devenir un puissant moteur de développement local. Bien encadré et valorisé, il représente une ressource culturelle, sociale et économique majeure.
En 2022, une étude d’impact économique conduite par la Collectivité Mandingue en partenariat avec l’Université Iba Der Thiam de Thiès a révélé que chaque week-end du mois de septembre, environ 329 000 visiteurs sont recensés dans la commune, sur une population départementale estimée à 937 000 habitants. Les retombées se font sentir dans divers secteurs : commerce, transport, restauration, hébergement, artisanat.
Sur le plan identitaire, le Kankourang constitue un repère fort pour les jeunes générations. Dans un contexte de mondialisation et de perte des repères culturels, il offre un espace d’enracinement, de fierté et de transmission. Il incarne l’ordre, le respect, la solidarité et l’appartenance à une communauté structurée par des rites, des symboles et des interdits.
Sur le plan économique, plusieurs pistes s’ouvrent : un festival culturel structuré, respectueux des valeurs traditionnelles, pourrait attirer touristes, chercheurs et amateurs de cultures africaines. Des ateliers d’artisanat liés à la fabrication des costumes, instruments et objets rituels offriraient des débouchés économiques pour les jeunes. La création d’un centre d’interprétation ou d’un musée du Kankourang à Mbour permettrait à la fois de sensibiliser les visiteurs et d’éduquer la population locale.
Mais cette valorisation ne sera possible que si elle repose sur une protection juridique et morale solide. Il est urgent d’aller vers l’adoption d’une loi locale ou nationale interdisant les usages abusifs et non autorisés du Kankourang en dehors de son cadre rituel. Une charte de sauvegarde, élaborée par les autorités coutumières, la Collectivité Mandingue et les services municipaux, doit préciser les conditions d’apparition du Kankourang : par qui, quand, comment et dans quel contexte.
Par ailleurs, un comité de veille pluriel, réunissant anciens, jeunes initiés, autorités religieuses, mairie et forces de sécurité, devra être mis en place pour surveiller les pratiques et sanctionner les dérives. Ce comité pourra également gérer un fonds de soutien aux porteurs de tradition, encourager la documentation des rites, financer la formation des jeunes et organiser les grandes cérémonies dans de bonnes conditions.
Enfin, protéger le Kankourang, c’est offrir à Mbour un timbre identitaire fort, autour duquel la ville peut construire une image singulière, respectée et rayonnante à l’échelle nationale et internationale. Cette protection permettra d’allier tradition et modernité, spiritualité et économie, mémoire et avenir.
Samba Niébé BA
L’article Mbour : septembre Mandingue 2025 : la protection du Kankourang, une source de timbre identitaire, de réjouissances et de revenus est apparu en premier sur Sud Quotidien.