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on - Tue at 12:45 PM -
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Dans la région de Mbour, à quelques kilomètres de la frénésie balnéaire, deux sites emblématiques du patrimoine naturel sénégalais sont aujourd’hui menacés de disparition.
À Nguekokh, les baobabs, arbres mythiques et sentinelles du passé, tombent sous les coups d’une urbanisation effrénée. À Diambougoum, la mystérieuse forêt bleue, refuge d’une biodiversité aussi discrète que précieuse, s’efface chaque année davantage. Le tout dans un silence presque complice.
Il fut un temps où la route reliant Mbour à Nguekokh était une allée majestueuse. Des baobabs centenaires y dressaient leurs troncs noueux, servant à la fois de points de repère, de lieux de palabres et de sanctuaires spirituels. Certains y voyaient des ancêtres, d’autres des lieux habités par des esprits bienveillants. Mais ces symboles d’ancrage et de transmission sont désormais abattus pour faire place à des lotissements, à des routes improvisées ou à la production de charbon de bois. Le phénomène est rapide, brutal, souvent sans autorisation ni évaluation d’impact environnemental. Résultat : un patrimoine vivant qui s’effondre, dans l’indifférence générale.
Non loin de là, à Diambougoum, la « forêt bleue » (ainsi nommée pour les reflets argentés de ses feuillages au crépuscule) subit un sort tout aussi alarmant. Cette enclave naturelle, préservée jadis par les traditions orales et les interdits coutumiers, est aujourd’hui rongée par les feux de brousse, le surpâturage, l’exploitation agricole anarchique. Pourtant, cette forêt est un écosystème unique : elle abrite des plantes médicinales rares, des oiseaux migrateurs en escale, des arbres considérés comme sacrés. Elle est aussi un réservoir de savoirs endogènes, transmis de génération en génération, et qui s’éteignent avec la disparition de ce milieu.
À travers ces deux exemples, c’est tout un pan de l’identité sénégalaise qui vacille. Car ces lieux ne sont pas de simples paysages. Ils constituent un patrimoine hybride : écologique, culturel, symbolique. Mais leur reconnaissance institutionnelle reste quasi inexistante. Absents des plans d’aménagement, ignorés des politiques de protection de la biodiversité, ils survivent par la mémoire des anciens et la parole des rares militants environnementaux.
Les collectivités locales, les chefs coutumiers, les ONG, les enseignants, les artistes et surtout la jeunesse devraient pourtant être les premières vigies de ce patrimoine menacé. L’enjeu dépasse le folklore : il s’agit de notre avenir commun, de notre capacité à concilier modernité et mémoire, développement et enracinement.
Il devient urgent de cartographier ces espaces, de les intégrer aux plans de conservation, de les faire connaître, de les inscrire dans les curricula scolaires. Bref, de rappeler qu’un arbre peut tomber en silence, mais que la forêt qui meurt emporte avec elle des siècles de savoirs, de liens et de sens
Samba Niébé Ba
L’article Mbour- Patrimoine en péril Nguekokh et Diambougoum : les racines d’un patrimoine en péril. est apparu en premier sur Sud Quotidien.