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Depuis la décision de Pedro Sánchez de soutenir le plan marocain d’autonomie au Sahara, le Parti populaire espagnol (PP) multiplie les critiques et les initiatives pour marquer son désaccord. Mais derrière cette agitation politique, la réalité économique et géostratégique s’impose : même en cas d’alternance, un retour en arrière semble peu probable, tant le patronat espagnol est attaché à la relation renouvelée avec Rabat.
Trois ans après le revirement diplomatique opéré par Pedro Sánchez en faveur du plan marocain d’autonomie pour le Sahara, la droite espagnole continue de dénoncer ce qu’elle considère comme une rupture stratégique majeure. Le Parti populaire (PP), principal parti d’opposition, n’a eu de cesse de critiquer la nouvelle orientation du gouvernement. Ses dirigeants s’opposent régulièrement à la coopération renforcée avec Rabat, notamment en matière économique, migratoire et sécuritaire.
Depuis plusieurs mois, le PP redouble d’efforts pour capitaliser politiquement sur ce dossier. Il s’agit pour la formation conservatrice de se positionner comme l’alternative au PSOE dans la perspective des prochaines élections. Pour cela, elle adopte un ton offensif envers le Maroc, espérant ainsi rassembler les électeurs hostiles à l’approche du gouvernement socialiste, sans compromettre une future alliance avec Vox.
Mais cette stratégie se heurte à un fait fondamental : la relation bilatérale entre Rabat et Madrid s’est consolidée autour d’intérêts économiques et géopolitiques puissants. Le patronat espagnol, en particulier, voit d’un très mauvais œil toute tentative de revenir sur les engagements pris depuis 2022.
« Le nouveau paradigme dans les relations entre les deux pays, depuis la décision de Pedro Sánchez en 2022, a engendré une dynamique positive avec la volonté de créer un nouvel écosystème maroco-espagnol », indique le professeur Professeur d’études stratégiques au National Defence College à Abu Dhabi aux Émirats Arabes Unis, Mohamed Badine El Yattioui, soulignant qu’il s’agit d’ « un signe très positif car les deux Royaumes ont beaucoup de choses à partager, et de nombreux dossiers à faire avancer ».
Et le professeur de noter dans des déclarations à Hespress FR que « le secteur privé a un rôle important à jouer, et côté espagnol il verra d’un mauvais œil un quelconque changement de position sur le Sahara marocain ».
L’Espagne, estime El Yattioui, « a besoin du marché africain occidental et le patronat ne veut pas se fermer des opportunités. Il ne veut pas être isolé et connaît l’importance de la diplomatie économique marocaine dans cette région ainsi que son rôle de hub ».
Sur le plan politique, l’expert en relations internationales observe que « la droite espagnole, avec le PP, ne cesse de critiquer la décision du chef du gouvernement depuis 3 ans », dans un souci de distinction avec le PSOE. Il fait remarquer que « la volonté de se distinguer du PSOE en vue des élections générales est fondamentale », d’autant plus dans un contexte fragilisé par « les derniers scandales de corruption (touchant le parti socialiste) ».
« Mais les succès économiques de Pedro Sánchez obligent le leader du PP, Alberto Núñez Feijóo, à concentrer ses attaques sur le Maroc », analyse-t-il. Cela lui permet, selon lui, « de ne pas s’aliéner une future alliance avec Vox, résolument anti-Maroc (malgré sa volonté de classer le polisario comme un groupe terroriste…) ».
El Yattioui relève aussi que « le Royaume du Maroc exige des relations d’égal à égal, ce qui dérange le PP et qu’il ne digère pas ». Il ajoute que « Feijóo joue aussi sur la peur en invoquant Sebta et Melilla ».
Revenant sur les actions menées par cette formation, notre interlocuteur rappelle qu’ : « en juin 2024, une initiative parlementaire initiée par le PP a voulu obliger le gouvernement de Pedro Sánchez à changer sa position sur le plan d’autonomie. Le PSOE avait refusé. L’opposition (PP et Vox, entre autres) ainsi que des membres de la coalition gouvernementale (Sumar) ont approuvé la proposition du PP ».
Il juge également « étonnant que le PP, malgré son appartenance au Parti Populaire Européen, ne se soit pas encore joint à cette dynamique historique de soutien international au plan marocain d’autonomie », rejoignant la remarque formulée à ce sujet par Nizar Baraka, secrétaire général du parti de l’Isriqlal dans une lettre adressée à Alberto Núñez Feijóo, reconduit à la tête du PP.
Pour El Yattioui, « tout cela démontre le caractère opportuniste de la démarche qui a mené à l’invitation de membres du polisario (au dernier congrès du PP) ». Et il conclut : « rien ne permet d’avancer que le PP, dirigeant le gouvernement, changerait la position espagnole. Les intérêts économiques deviennent de plus en plus importants et la coopération sécuritaire et migratoire est fondamentale pour la sécurité de l’Espagne ».
D’autant que, rappelle le professeur d’études stratégiques, « les reconnaissances se sont enchaînées depuis 2022. Le Royaume-Uni et surtout la France profiteraient immédiatement d’une perte d’influence économique espagnole au Maroc (commerce, investissements) ».
Au final, aux yeux de l’expert, une seule logique finira par prévaloir à Madrid : « la realpolitik devrait primer ».
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