La 12e édition du rapport annuel sur la stabilité financière, publiée conjointement par Bank Al-Maghrib (BAM), l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) et l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), met en lumière une situation préoccupante de l’endettement des ménages marocains en 2024, marquée par une hausse notable des créances en souffrance et une concentration accrue des charges de dette sur certaines catégories socioéconomiques.

Au cours de l’année 2024, les ménages marocains ont cumulé un encours de créances en souffrance de 44,5 milliards de dirhams, enregistrant ainsi une hausse de 6,6 %, contre 6,4 % en 2023. Le taux global de ces créances s’est maintenu autour de 10,5 %. Dans le détail, les prêts à la consommation continuent d’afficher le taux de défaut le plus élevé, à 13,9 %, contre 8,3 % pour les crédits immobiliers.

Une analyse fine de l’endettement des bénéficiaires de crédits, fondée sur 439.780 dossiers de crédits octroyés ou renouvelés en 2024, a été menée selon les critères de la catégorie socioprofessionnelle, du revenu et de la tranche d’âge.

Par ailleurs, le rapport précise que le taux d’endettement moyen des ménages s’est établi à 34 % en 2024, en légère baisse par rapport à 35 % en 2023, mais toujours au-dessus de la moyenne de 31 % observée entre 2015 et 2022.

Par catégorie socioprofessionnelle, la part des salariés parmi les emprunteurs a diminué, passant de 42 % en 2023 à 33 % en 2024, au profit des fonctionnaires, dont la part a progressé de 24 % à 28 %. Les retraités (19 %) et les professions libérales (9 %) sont restés stables.

Les fonctionnaires demeurent la catégorie la plus endettée, avec un taux de 40,7 %, contre une moyenne d’environ 31 % pour les autres catégories.

Des revenus élevés, mais aussi des dettes conséquentes

L’analyse par tranche de revenu révèle que les emprunteurs gagnant plus de 10.000 dirhams par mois ont accaparé 60 % du montant total des prêts accordés en 2024, avec un taux d’endettement moyen relativement modéré à 31 %.

Les personnes ayant un revenu entre 6.000 et 10.000 dirhams représentent 21 % du montant total des crédits, avec un taux d’endettement de 35 %. Celles percevant entre 4.000 et 6.000 dirhams en concentrent 13 %, tandis que les revenus inférieurs à 4.000 dirhams ne représentent que 6 %. Les taux d’endettement moyens de ces deux dernières catégories s’élèvent respectivement à 37 % et 35 %.

Les 50-60 ans, plus endettés que les jeunes

L’analyse par tranche d’âge montre que les ménages âgés de 30 à 40 ans constituent 26 % des emprunteurs, suivis par ceux de plus de 60 ans (24 %), les 40-50 ans (21 %), les 50-60 ans (19 %) et enfin les moins de 30 ans (10 %).

Le taux d’endettement le plus élevé est observé chez les 50-60 ans, atteignant 39 %, devant les 40-50 ans (36 %). Les 30-40 ans et les plus de 60 ans affichent des taux similaires autour de 32 %, tandis que les moins de 30 ans demeurent les moins endettés avec 27 %.

Un tiers des emprunteurs dépassent les 40 % de taux d’endettement

La part des ménages dont la charge de dette dépasse 40 % de leur revenu a atteint 32 % en 2024, contre 35 % en 2023 et une moyenne de 27 % sur la période 2015-2022. Ce groupe concentre à lui seul 41 % du montant total des prêts accordés.

Au sein de cette population, 38 % ont un taux d’endettement situé entre 40 % et 50 %, 24 % entre 50 % et 60 %, 15 % entre 60 % et 70 %, et 23 % dépassent les 70 %.

Fonctionnaires, retraités et professions libérales, les plus exposés
Par situation professionnelle, les fonctionnaires et salariés constituent 68 % des ménages avec une charge de dette excédant 40 %, suivis par les retraités (16 %) et les professions libérales (7 %).

Les fonctionnaires conservent la première place avec un taux moyen d’endettement de 62 %, devant les retraités (59 %) et les professions libérales (58 %). Les salariés, bien qu’en tête en nombre de dossiers, restent à un niveau relativement inférieur de 55 %.

Les bas revenus, plus vulnérables

En dépit d’un accès limité au crédit, les ménages percevant moins de 4 000 dirhams par mois affichent un niveau d’endettement moyen de 63 %, le plus élevé parmi toutes les tranches de revenu, pour seulement 6 % du montant total emprunté.

Les ménages aux revenus de 4.000 à 6.000 dirhams et de 6.000 à 10.000 dirhams enregistrent respectivement 16 % et 26 % des montants empruntés, avec des taux d’endettement moyens de 59 % et 58 %. Quant aux revenus supérieurs à 10.000 dirhams, bien qu’ils concentrent 52 % des montants empruntés, leur taux d’endettement moyen reste plus modéré à 57 %.

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