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Dans les locaux du Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Rabat, ce mercredi, un nouvel avis a été présenté sur la petite et moyenne agriculture familiale (PMAF). Le président du Conseil, Abdelkader Amara, a pris la parole pour en expliquer les fondements, le processus de réflexion et les recommandations. Ce travail s’est construit sur un long chemin de dialogue avec les institutions, les professionnels, les experts mais aussi les citoyens qui ont été mobilisés. Une mission dans la province d’Essaouira a complété cette démarche.
Il ne s’agit pas ici simplement d’exploitations agricoles de petite taille. Derrière la PMAF, c’est tout un mode de vie que le Conseil a voulu mettre en lumière. Une agriculture à la fois vivrière, sociale et solidaire, au cœur de la vie rurale, porteuse d’emplois, gardienne des savoir-faire, des traditions et de l’environnement. Abdelkader Amara insiste qu’il s’agit » d’une agriculture qui nourrit, qui retient les populations sur leurs terres, qui freine l’exode rural, et qui respecte les équilibres naturels « .
Pour sortir de la seule approche vivrière, le Conseil propose une définition plus riche, plus complète. Une PMAF, ce sont des exploitations de moins de cinq hectares, combinant agriculture et élevage, produisant d’abord pour la consommation familiale, mais aussi pour les petits marchés locaux. Cela va au-delà de la production alimentaire : diversification des revenus, inclusion sociale, préservation des espèces locales, chaque dimension compte.
Il ressort du diagnostic du CESE que près de 70 % des exploitations agricoles au Maroc relèvent de ce modèle. Pourtant, les politiques agricoles mises en place jusqu’à présent ne leur ont pas vraiment donné la place qu’elles méritent. Le Plan Maroc Vert est cité à savoir 14,5 milliards de dirhams d’investissements pour les projets dits « solidaires », largement portés par ces petites unités, contre 99 milliards destinés à une agriculture plus intensive et à forte valeur ajoutée. Le déséquilibre est là, noir sur blanc.
Les faiblesses ne s’arrêtent pas au financement. La structuration de ces exploitations reste faible. Peu présentes dans les coopératives ou les organisations professionnelles, elles sont souvent isolées, vulnérables, surtout face aux « projets d’agrégation agricole » où elles peinent à s’intégrer. Les circuits de commercialisation sont dominés par les intermédiaires, et la spéculation qui en découle pénalise lourdement les petits producteurs.
Pour le CESE, il est temps d’élever la PMAF au rang de priorité stratégique dans la politique agricole nationale. Pas uniquement pour des raisons économiques : ce sont aussi des enjeux sociaux, environnementaux, territoriaux. Il s’agit désormais de transformer ce modèle. Comment ? En l’intégrant mieux dans les chaînes de valeur, en lui donnant une voix sur les marchés, en renforçant les moyens des exploitations et leur résilience face aux changements climatiques.
Le Conseil propose l’élaboration d’un plan d’action spécifique. Il devrait s’adapter à chaque territoire, aller au-delà des simples activités agricoles, miser sur les infrastructures, les revenus alternatifs, et l’accès aux services publics. Il appelle à des pratiques durables, adaptées aux conditions agroécologiques locales, à la promotion de cultures résilientes, économes en eau, mais à forte valeur ajoutée.
La structuration des exploitations est un autre chantier à investir. Coopératives, GIE, associations : tous les outils doivent être mobilisés. Pour les zones de pâturage, le Conseil plaide pour des espaces gérés de manière collective, en rotation, pour éviter le surpâturage et tirer les leçons des expériences réussies.
Autre point fort du plaidoyer : l’élevage. Le CESE insiste sur la nécessité de soutenir les petits et moyens éleveurs, pour préserver les races locales, mais aussi pour introduire, via des croisements maîtrisés, des espèces plus productives et adaptées. L’objectif est clair : renouveler qualitativement le cheptel, développer la transformation des produits végétaux et animaux, renforcer les services de conseil, faciliter l’accès au financement. Et, surtout, reconnaître enfin les fonctions environnementales que remplit cette agriculture.
Le rapporteur, Abderrahmane Kandila, est revenu en détail sur les résultats du diagnostic. Pour lui, la PMAF n’est pas un segment marginal, mais un pilier à part entière du développement durable. Elle remplit des fonctions productives, sociales, économiques et écologiques qu’on ne peut plus ignorer. C’est à ce titre qu’il faut en faire une priorité.
Il rappelle que les exploitations de moins de cinq hectares représentent l’essentiel des PMAF. Elles génèrent à elles seules 29 % de la valeur ajoutée agricole. Leurs excédents alimentent les marchés locaux. Certaines filières spécialisées, comme le bio ou les produits du terroir avec labels de qualité, constituent de véritables opportunités pour améliorer les revenus des exploitants et créer des emplois.
D’ailleurs, ces petites exploitations concentrent près de la moitié de la main-d’œuvre agricole. Et la majorité travaille sur des unités de moins de trois hectares. Ce n’est pas rien. C’est tout un réservoir d’activité qu’il faut reconnaître, organiser et valoriser.
La réunion a rassemblé de nombreux acteurs : ministères, établissements publics, organismes internationaux, membres de la société civile et du Conseil. Elle s’inscrit dans le cadre du programme 2024 du CESE. Le moment est crucial : les contributions de la PMAF doivent être renforcées, surtout à l’heure où les enjeux liés aux ressources, au climat et aux inégalités territoriales deviennent plus pressants que jamais.
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