En 2024, le Maroc a compté plus de 60.000 coopératives et plus de 764.000 membres actifs, avec une participation féminine croissante et une attention accrue portée au monde rural, a indiqué le secrétaire d’Etat chargé de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire.

Le développement du secteur coopératif est aujourd’hui présenté comme l’un des axes majeurs de l’économie sociale et solidaire au Maroc. Il s’inscrit dans une logique de valorisation des ressources humaines et naturelles locales, de création de richesse et d’emploi, notamment dans les zones rurales. Le secteur regroupe désormais 60.939 coopératives à travers le pays, comptant plus de 764.000 coopérants et coopérantes, a dévoilé Saadi dans une réponse à une question écrite adressée par la députée du groupe Haraki, Zineb Amahroq.

Il a fait savoir que 34% des membres des coopératives sont des femmes, tandis que 7.874 coopératives sont exclusivement dirigées par des femmes, réparties aussi bien dans les milieux ruraux qu’urbains.

Le secrétaire d’Etat a ainsi précisé que cette progression s’explique par une série de réformes mises en œuvre au cours des dernières années. L’adoption de la loi 112-12 relative aux coopératives, accompagnée de ses textes d’application, a simplifié le cadre juridique et a permis à ces entités de se structurer de manière plus professionnelle. En parallèle, un projet de loi-cadre sur l’économie sociale et solidaire est en cours d’élaboration, avec des avancées notables.

Dans une perspective de planification à long terme, une stratégie nationale sur dix ans a été lancée, assortie d’un plan d’action opérationnel, a-t-il poursuivi. Elle vise à intégrer de nouveaux acteurs dans l’entrepreneuriat collectif et social, à diversifier les domaines d’intervention des coopératives et à aligner leurs activités sur les plans de développement régionaux, tout en prenant en considération les recommandations du rapport sur le nouveau modèle de développement. Des programmes contractuels avec les conseils régionaux ont été préparés pour traduire cette stratégie en actions concrètes à l’échelle territoriale.

Sur le plan du soutien et de l’accompagnement, plusieurs initiatives ont été mises en œuvre. Le programme « Moazara », par exemple, a permis le financement de 577 projets, dont 60% portés par des femmes, et 50% localisés en milieu rural. Un autre programme, « Mourafaka », cible chaque année 500 nouvelles coopératives, qui bénéficient pendant 24 mois de 12 visites d’accompagnement incluant un diagnostic stratégique, une formation collective et un suivi individuel. La dernière phase de ce programme est mise en œuvre en partenariat avec l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) et l’Université Mohammed VI Polytechnique de Benguerir, a noté le responsable.

D’autres actions portent sur la formation continue, à travers le lancement d’une plateforme de formation à distance contenant des modules pédagogiques adaptés aux besoins des coopérants. Une expérience pilote a permis de toucher 100 coopératives et associations. L’usage des technologies numériques est également renforcé. Saadi a révélé que 55 coopératives spécialisées dans le commerce électronique ont été créées jusqu’à fin décembre 2024, et une plateforme numérique régionale est en cours de développement pour la commercialisation en ligne des produits des coopératives dans la région de Rabat-Salé-Kénitra.

Une part importante des efforts est consacrée à l’autonomisation économique des femmes rurales. Environ 3.000 femmes ont été accompagnées dans la création de coopératives à finalité sociale. En complément, 40 coopératives féminines économiquement viables ont vu le jour. Par ailleurs, 72 associations rurales d’épargne et de crédit ont été établies pour soutenir le financement de projets féminins, bénéficiant directement ou indirectement à environ 20.000 personnes. Deux concours nationaux, à savoir Lalla Al Moutaâawina et Génération Solidaire, sont organisés chaque année pour encourager l’innovation dans les projets coopératifs portés par les femmes et les jeunes.

Sur le plan régional, la province de Khénifra constitue un exemple significatif des retombées locales de cette stratégie. Le territoire compte 50 coopératives artisanales, dont 42 enregistrées au registre national de l’artisanat. Un grand nombre de tisserandes continuent d’exercer de manière informelle, notamment à Aghbalo, Kaf El Nsour et Mrirt. Plusieurs coopératives locales ont bénéficié d’un soutien financier de l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) et de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID). La région a accueilli deux salons provinciaux de l’économie sociale et solidaire en juillet et octobre 2024, un salon régional de l’artisanat à Khénifra du 12 au 18 décembre, un salon thématique du tapis à Mrirt du 14 au 20 décembre, et deux salons locaux à Tighssaline et Moulay Bouazza en fin d’année, a détaillé le secrétaire d’Etat.

Toujours à Khénifra, les travaux de construction d’un nouveau marché aux tapis sont en phase avancée. Ce marché sera destiné à la vente aux enchères et à la commercialisation des tapis artisanaux produits localement, a-t-il indiqué. A Mrirt, une unité de valorisation de la laine est en cours d’installation dans le cadre d’une convention réunissant plusieurs institutions, dont la Fondation Mohammed V pour la solidarité, le ministère de l’Economie sociale et solidaire, le ministère de la Solidarité, la CDG, la région et la province.

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