Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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Face aux inégalités persistantes et aux écarts relevés par les rapports internationaux, les acteurs du mouvement féministe appellent à une révision profonde du Code de la famille, afin d’aligner la législation marocaine sur la Constitution et les engagements du Royaume en matière de droits humains.
Dans le cadre de son projet réalisé depuis 2022 autour du thème « Pour des Familles plurielles : espaces d’égalité d’inclusion, de sécurité et de solidarité », AWAL-houriates a organisé ce vendredi 31 octobre 2025 à Rabat, en coopération avec la Coordination Féministe pour une réforme globale et profonde du code de la famille, une conférence nationale sous le titre « l’égalité au sein et entre les familles : un impératif pour la justice sociale et la démocratie ».

Dans une note d’introduction présentée à cette occasion, les deux organisations ont affirmé que malgré les avancées réalisées dans certains domaines des droits des femmes, les inégalités persistent et se trouvent même institutionnalisées par le Code de la famille. Ce dernier entre en contradiction avec son article 4 qui stipule que la famille doit être placée sous la responsabilité conjointe des deux époux. Les discriminations se retrouvent dans le texte lui-même, mais aussi dans son interprétation et son application, souvent dictées par une vision passéiste et patriarcale, éloignée des mutations sociales et des évolutions des rôles des femmes, précise les auteurs de la note.
Ils ont rappelé que les données du Rapport mondial sur l’écart entre les sexes 2025 illustrent ces déséquilibres. Le Maroc occupe la 137e place sur 148 pays, frôlant les dernières positions mondiales. Dans l’éducation, le Maroc se situe à la 114e place malgré les efforts de scolarisation. Cependant, l’élévation du niveau d’instruction des filles ne se traduit pas par une meilleure insertion économique, les femmes diplômées restant les plus touchées par le chômage.
D’une autre part, la participation économique des femmes reste faible. Le pays se classe 143e avec un taux d’activité de 19,1% et un taux d’emploi de 15%. Le chômage des femmes atteint 19,2% contre 11,6% pour les hommes. A cela s’ajoute un écart salarial moyen de 23%, encore plus marqué dans le secteur privé, où les femmes à qualification égale perçoivent systématiquement des revenus inférieurs.

L’emploi non rémunéré reste très présent avec 24,4% des femmes occupées exerçant une activité sans contrepartie, contre 5,4% des hommes, un déséquilibre accentué en milieu rural. En 2024, selon le Haut-Commissariat au Plan, la probabilité pour une femme mariée d’être inactive s’élevait à 81,9% contre 3,1% pour un homme marié. Les femmes consacrent sept fois plus de temps que les hommes aux tâches domestiques tandis que les hommes investissent quatre fois plus de temps dans le travail professionnel. L’activité économique ne libère donc pas les femmes de la charge domestique, mais s’y ajoute, souvent au détriment de leur santé et de leur autonomie, ont souligné les militants.
Quant à l’accès à la propriété foncière, il s’est avéré que les hommes ont près de cinq fois plus de chances de détenir des droits fonciers. Une étude révèle que 6,9% des femmes disposent de droits fonciers contre 36,8% des hommes, un écart lié à des obstacles structurels et culturels, notamment les traditions patriarcales qui limitent l’héritage et l’accès à la terre, surtout en milieu rural.

Sur le plan politique, la représentation féminine reste modeste. Les femmes représentent 24,3% des parlementaires, plaçant le Maroc à la 98e place sur 183 pays selon l’Union interparlementaire. Dans la fonction publique, elles occupent 28% des postes de responsabilité et 20% des emplois supérieurs. Dans le secteur privé, seulement 15% des entreprises sont dirigées par des femmes malgré la loi sur les quotas visant 30% de représentation dans les conseils d’administration à l’horizon 2028.
Les violences basées sur le genre complètent ce tableau. En effet, 57% des Marocaines déclarent avoir été victimes d’un acte de violence physique, psychologique, économique ou sexuel.
Pour les auteurs, la réforme de 2004 du Code de la famille avait constitué un tournant historique, ouvrant la voie à des réformes législatives et politiques en faveur de l’égalité. Elle a été consacrée par la Constitution de 2011 qui garantit les principes de parité et de non-discrimination. Cependant, ces avancées se heurtent aujourd’hui à un essoufflement.

Le discours royal de 2023 annonçant la création d’une Commission chargée de la réforme de la Moudawana avait suscité de grands espoirs. La lettre royale du 26 septembre 2023 en fixait les orientations en faveur de l’égalité hommes-femmes, de l’harmonisation des lois avec la Constitution et les conventions internationales et de l’adaptation du droit aux mutations sociales. Pourtant, les résultats présentés en décembre 2024 ont déçu. Sur plus de 100 propositions d’amendements, seules 17 ont été retenues.
Selon les organisations féministes, ces propositions reproduisent une lecture patriarcale de la famille fondée sur la qiwama et sont contraires à la Constitution ainsi qu’aux engagements du Maroc dans la CEDAW et la CIDE. AWAL-Houriates et la Coordination féministe appellent ainsi à une réforme globale, structurante et volontariste, libérée des compromis électoraux et politiciens. Elles plaident pour une refonte du Code qui érige l’égalité et la non-discrimination en principes structurants, traduisant la volonté d’un Maroc moderne, fidèle à sa Constitution et à ses engagements internationaux.
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