Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
on - Nov 2 -
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Plus de 14,7 millions de Marocains, soit quatre habitants sur dix, ont migré au moins une fois à l’intérieur du pays. Ce phénomène, en grande partie féminin et urbain, façonne profondément les équilibres territoriaux et économiques du Royaume, selon le dernier rapport du Haut-Commissariat au Plan (HCP).
La photographie démographique livrée par le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH 2024) révèle un Maroc en mouvement, où la migration interne se confirme comme le moteur principal des transformations territoriales. S’appuyant sur une observation rétrospective et une collecte minutieuse des données, notamment le lieu de naissance, la résidence antérieure, la durée d’installation, le HCP dresse, dans son rapport « Migration interne selon les résultats du RGPH 2024 », un tableau complet des mobilités qui redessinent le pays.
Bien que la majorité de la population demeure attachée à sa terre natale, 60% des Marocains vivant toujours dans leur commune de naissance, la mobilité interne touche tout de même 40% des habitants. Autrement dit, près d’un Marocains sur deux a déjà franchi les frontières communales au moins une fois dans sa vie. Ces flux, loin d’être anecdotiques, sont bien plus importants que la migration internationale, restée marginale avec à peine 0,7% des résidents concernés sur chaque période étudiée.
Les données du HCP confirment un phénomène à double visage : un ralentissement de la migration récente (moins de 20% sur dix ans, 12% sur cinq ans), mais une intensification de la mobilité à l’intérieur du tissu urbain. En effet, 45,6% des migrations internes se font désormais entre villes, traduisant l’attractivité croissante des pôles urbains pour l’emploi, l’éducation et les services. Le milieu urbain s’impose ainsi comme la scène principale des recompositions démographiques, les migrations urbain-urbain représentant à elles seules près de la moitié des déplacements internes.
L’exode rural, quoique ralenti, reste bien vivant. Les flux ruraux-vers-urbains constituent 34,1% des migrations, maintenant la pression démographique sur les grandes agglomérations. En revanche, les migrations inverses, à savoir urbain-vers-rural (7,2%) ou rural-rural (11,4%), demeurent limitées, souvent liées à la retraite, à la famille ou à l’agriculture. Par conséquent, on se retrouve avec un solde migratoire négatif du monde rural évalué à près de 4 millions de personnes.
La féminisation de la migration interne est un événement marquant. En effet, les femmes représentent 55,1% des migrants, contre 44,9% d’hommes. Dans les flux ruraux-ruraux, elles sont même majoritaires (13,9 % contre 8,2 %), témoignant d’une mobilité féminine de plus en plus assumée, même en dehors des grands centres urbains.
Les grandes métropoles confirment leur rôle d’aimants démographiques. Casablanca-Settat concentre à elle seule 3,63 millions de migrants, soit un quart du total national. Parmi eux, 2,26 millions ont changé de commune à l’intérieur même de la région, tandis que 1,37 million proviennent d’autres régions, attirés par les perspectives économiques et la centralité du pôle casablancais. Rabat-Salé-Kénitra arrive en deuxième position avec 2,07 millions de migrants (14,3 %), suivie de Fès-Meknès (1,73 million, 11,9 %) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima, autre pôle en pleine expansion.
Ces grandes régions urbaines, moteurs économiques du pays, affichent une forte attractivité mais aussi une capacité de rétention élevée, conservant une large part de leur population native tout en accueillant de nouveaux arrivants. A l’inverse, les régions de l’intérieur, notamment Marrakech-Safi, Fès-Meknès, Béni Mellal-Khénifra et Drâa-Tafilalet, enregistrent des soldes migratoires négatifs, synonymes d’un déficit d’opportunités locales et d’une perte continue de capital humain.
De plus, l’analyse des échanges interrégionaux met en lumière des circuits migratoires structurés, 79% des migrants de Marrakech-Safi s’installent dans des régions limitrophes, notamment Casablanca-Settat (39,8%) et Souss-Massa (26,2%). Ceux de Fès-Meknès se dirigent massivement vers Rabat-Salé-Kénitra (24,8%) et Casablanca-Settat (20%), tandis que les ressortissants de Drâa-Tafilalet choisissent pour moitié ces mêmes destinations. La mégarégion Casablanca–Rabat–Kenitra polarise à elle seule une large part des flux internes, absorbant les pertes démographiques du centre et du sud-est du pays.
Il convient de noter que les régions du Sud affichent une attractivité en croissance. Souss-Massa capte 12,5% des migrants interrégionaux, tandis que Laâyoune-Sakia El Hamra (3,7%) et Dakhla-Oued Ed-Dahab (2,1%) profitent des investissements publics et des projets économiques structurants. Ces nouvelles dynamiques suggèrent une diversification progressive des pôles d’attraction, même si la concentration démographique reste largement dominée par l’axe atlantique.
En tout, 14,45 millions de personnes sont concernées par la migration dite « durée de vie », dont 61,9% de flux intra-régionaux et 38,1% interrégionaux. Ces mouvements, loin d’être purement démographiques, traduisent une géographie du développement polarisée, où la mobilité agit comme un levier de redistribution des populations, mais aussi comme un amplificateur des inégalités territoriales.
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