Chaque été, nos plages se parent de leurs plus beaux atours pour accueillir des milliers de familles marocaines et de visiteurs venus chercher la fraîcheur des embruns. Pourtant, derrière cette carte postale se cache une réalité moins reluisante qui interroge notre rapport collectif à ces espaces précieux. Car si nos côtes demeurent des écrins naturels d’une beauté saisissante, elles subissent aujourd’hui les assauts d’incivilités qui menacent autant leur splendeur que la santé de ceux qui les fréquentent.
Le constat s’impose avec une régularité déconcertante : dès que s’estompe l’animation diurne, nos plages révèlent leur visage meurtri. Bouteilles plastique abandonnées, emballages éparpillés, détritus en tout genre transforment le sable doré en un triste patchwork de négligence. Mais au-delà de cette pollution visuelle, c’est un véritable danger qui guette les promeneurs : éclats de verre et conserves aux bords tranchants parsèment le littoral, transformant une balade familiale en parcours d’obstacles. Malgré la présence d’équipes de nettoyage dévouées, leur labeur quotidien peine à suivre le rythme effréné de l’abandon de déchets, symptôme d’une conscience écologique encore fragile.
À cette marée de détritus s’ajoute une problématique tout aussi préoccupante : celle des chiens errants qui arpentent librement le sable. Si la présence de nos compagnons à quatre pattes peut sembler anodine, elle soulève en réalité des enjeux sanitaires majeurs. Les déjections canines, au-delà de leur aspect répugnant, constituent un véritable foyer de transmission de pathologies. Plus inquiétant encore, certains de ces animaux, parfois au comportement imprévisible, peuvent effrayer les estivants, particulièrement les enfants. Les incidents de morsures, bien que moins fréquents, rappellent que cette cohabitation non maîtrisée peut virer au cauchemar pour des familles venues chercher la sérénité.
Face à ces défis, le Maroc ne reste pas les bras croisés. Le Programme National des Déchets Ménagers déploie ses tentacules pour améliorer la collecte et le traitement des résidus urbains. La Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement, véritable fer de lance de la sensibilisation écologique, orchestre son programme « Plages Propres » avec une détermination exemplaire. Les 28 plages qui arborent fièrement le label « Pavillon Bleu » en 2025 témoignent d’une volonté réelle d’élever nos standards environnementaux et touristiques.
Cependant, la route vers des plages irréprochables demeure semée d’embûches. Si les campagnes de sensibilisation multiplient les appels à la conscience, elles se heurtent parfois à des habitudes tenaces. L’application concrète des sanctions pour incivilité reste un défi de taille, tandis que la gestion des populations canines errantes, malgré les programmes de stérilisation et de vaccination, continue de diviser et de susciter des débats passionnés.
Cette bataille pour la préservation de nos plages révèle en filigrane une question sociétale plus vaste : celle de notre relation à l’espace commun et de notre sens des responsabilités. Une plage n’appartient à personne et appartient à tous. Elle constitue un patrimoine collectif que nous avons le devoir de transmettre intact aux générations futures. L’incivilité qui s’y exprime traduit souvent un déficit d’éducation environnementale et un sentiment d’impunité qu’il convient de combattre par l’exemple et la pédagogie. Cette transformation des mentalités requiert la mobilisation de tous les acteurs de la société : familles, institutions scolaires, médias et pouvoirs publics.
L’été 2025 nous offre une nouvelle opportunité de démontrer notre attachement sincère à la beauté de notre littoral. Il ne s’agit plus seulement de nettoyer après coup, mais d’adopter une posture préventive : emporter ses déchets, utiliser les infrastructures mises à disposition, maintenir ses animaux sous contrôle et sensibiliser son entourage à ces gestes citoyens. Nos plages constituent un trésor national dont la préservation relève de notre responsabilité commune. En les respectant, nous investissons dans un avenir où le rêve balnéaire marocain conservera toute sa magie, loin des désillusions que génère l’incivisme. Car au fond, prendre soin de nos côtes, c’est exprimer notre amour pour ce pays et ses richesses naturelles exceptionnelles.
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