" "
Posted by - support -
on - Oct 2 -
Filed in - Society -
-
14 Views - 0 Comments - 0 Likes - 0 Reviews
Entre occupation anarchiques des routes et espaces publics, trottoirs squattés, nuits bruyantes et promiscuité urbaine… le quotidien des habitants de Ziguinchor devient de plus en plus difficile. Pourtant, selon les autorités municipales, des plans d’aménagement urbains sont en cours ; mais leurs mise en œuvre nécessite de trouver un équilibre entre régulation et accompagnement social.
L’occupation anarchique de l’espace public, le tapage nocturne et la promiscuité menacent de plus en plus la qualité de vie à Ziguinchor, capitale du Sud. Les trottoirs, autrefois réservés aux piétons, sont aujourd’hui envahis par des étals de commerce, des vendeurs ambulants, voire des garages improvisés. Résultat : les passants sont contraints de marcher sur la chaussée, au risque d’accidents. À cela s’ajoutent les nuisances sonores nocturnes, musiques à plein volume, fêtes dites privées mais bruyantes, cérémonies traditionnelles comme les «diambadong» (danse des feuilles), et les klaxons intempestifs des motos Jakarta ainsi qu’une promiscuité grandissante dans certains quartiers. Le quotidien des habitants devient de plus en plus difficile.
DES TROTTOIRS PRIS EN OTAGE
Du centre-ville, notamment au quartier Escale, au rond-point Aline Sitoé Diatta, au marché Saint-Maur ou encore à Lyndiane, les trottoirs sont chaque jour occupés par des vendeurs de fruits, de téléphones, des tailleurs ou des gargotiers et autres mécaniciens et garagistes. «On ne peut plus circuler librement. On est obligés de marcher sur la route, c’est dangereux», déplore Aminata Goudiaby, mère de famille à Santhiaba.
Les autorités locales peinent à faire respecter les règles d’urbanisme, confrontées à la fois à une forte pression sociale et à l’absence d’alternatives pour les vendeurs informels. Dernièrement, des agents municipaux ont été arrêtés après avoir exécuté un ordre de démolition d’un bâtiment construit «illégalement» sur la voie publique, à Boucotte. Le propriétaire, ayant saisi la justice, a obtenu l’arrestation des agents. L’affaire a fait grand bruit et les autorités municipales ont eu du mal à comprendre la position du Tribunal. Depuis cet incident, les actions de régulation sont au point mort.
DES NUITS AGITEES ET BRUYANTES
Les nuits à Ziguinchor ne sont pas de tout repos. Entre les bars qui font vibrer les murs jusqu’à l’aube, les motos qui pétaradent et les fêtes privées bruyantes, de nombreux habitants dorment peu. «Mon enfant en bas âge se réveille en sursaut chaque nuit, à cause du bruit», témoigne Daouda Dia, enseignant à Boucotte. Malgré des arrêtés municipaux encadrant les nuisances sonores, les contrôles sont rares.
Le désordre est aussi visible dans certains quartiers où les garages de mécaniciens et de soudeurs métalliques débordent largement sur la voie publique, bloquant la circulation. Et comme si cela ne suffisait pas, en cette période de fin de vacances, les «diambadong» (danse des feuilles) et les sorties anarchiques de «Kankourang» animent bruyamment les week-ends à Ziguinchor. Enfants, jeunes et adultes se mobilisent massivement pour accompagner les «Kankourang» dans les rues, au rythme des cris, chants et danses. Si ces manifestations culturelles ont leur importance, elles sont aussi souvent le théâtre d’actes de violence, d’agressions et de vols.
UNE PROMISCUITE ETOUFFANTE
Dans des quartiers comme Néma, Kandé ou Belfort, plusieurs familles cohabitent dans des concessions exiguës, souvent sans accès adéquat à l’eau potable ou à l’assainissement. La promiscuité y favorise la propagation de maladies et crée des tensions sociales. Le phénomène est accentué par l’exode rural et une urbanisation mal maîtrisée appliqué au phénomène de déplacés qui ont fui leurs villages meurtris par le conflit en Casamance. Des quartiers souvent exposés à des fléaux du genre prostitution, délinquances juvénile… et autre fief de banditisme.
Du côté de la mairie de Ziguinchor, on affirme être au fait de la situation. «Nous avons des plans d’aménagement en cours, mais nous devons trouver un équilibre entre régulation et accompagnement social», explique un conseiller municipal. Mais sur le terrain, les habitants s’impatientent. Les promesses tardent à se concrétiser et la ville semble sombrer un peu plus chaque jour dans le désordre, comme ce marché de porcs érigé sur la voie publique à Tilène, sous le regard des autorités
Ziguinchor est à un tournant : entre tradition et modernité, entre l’économie informelle de survie et la nécessité d’un ordre urbain. Si des mesures fermes et inclusives ne sont pas prises rapidement pour réguler l’occupation de l’espace public, réduire le tapage nocturne et améliorer les conditions de vie, la ville risque un enfoncement durable dans le chaos urbain. Un appel pressant est lancé à tous les acteurs : autorités, citoyens, et société civile. Il y va de l’avenir même de la capitale du Sud.
Ignace NDEYE
L’article Ziguinchor – entre trottoirs squattes, nuits bruyantes et promiscuité urbaine… : la capitale du Sud étouffe est apparu en premier sur Sud Quotidien.
