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Le dernier rapport de l’ANSD sur la population sénégalaise en 2024, (publié en mars 2025), rappelle une évidence. Le pays est jeune, et il grandit vite. Avec 18,6 millions d’habitants, dont la moitié a moins de 25 ans, chaque tranche d’âge exprime des besoins spécifiques. Et c’est à l’État d’apporter des réponses adaptées.
Dès les premières années de vie, le défi est vital : protéger la petite enfance. De 0 à 4 ans, la survie des tout-petits reste une priorité nationale. Vaccination, nutrition, accès à l’eau potable et lutte contre les maladies infantiles doivent être renforcés. L’État est attendu sur la création de structures de santé de proximité et sur l’élargissement de la couverture sanitaire universelle afin que chaque naissance rime avec sécurité.
Très vite, un autre chantier s’impose : l’éducation des enfants. Entre 5 et 14 ans, près de sept millions d’écoliers forment l’ossature du système éducatif. Leur avenir dépend d’écoles moins surchargées, d’enseignants formés et motivés, mais aussi d’un accès plus large au préscolaire. L’État doit moderniser les infrastructures, investir dans le numérique éducatif et lutter contre le travail des enfants, qui prive encore trop de jeunes Sénégalais de leur droit à l’instruction.
Arrive ensuite l’âge décisif de la jeunesse, celui des 15-24 ans, où tout peut basculer. C’est la génération de l’espoir, mais aussi celle du désenchantement lorsqu’aucune porte ne s’ouvre. Étudiants du secondaire, universitaires ou apprentis réclament des formations adaptées au marché et un premier emploi digne. L’État est sommé de multiplier les centres de formation professionnelle, d’encourager l’entrepreneuriat et de faciliter l’accès au financement pour que l’envie d’avenir ne se transforme pas en tentation d’exil.
Puis vient le temps d’entrer dans la vie active. Entre 25 et 35 ans, les jeunes adultes représentent la force productive du pays. Ils aspirent à un emploi stable, à un logement accessible et à des crédits pour bâtir une vie familiale. L’État doit favoriser un environnement économique propice, soutenir les PME, simplifier l’accès au foncier et mettre en place une véritable politique du logement pour éviter que cette génération ne reste coincée entre chômage et survie dans l’informel.
Avec la maturité, entre 36 et 59 ans, l’enjeu se déplace : sécuriser les acquis. Ces adultes financent l’éducation des enfants, soutiennent les aînés et portent l’économie. Ils attendent des garanties : emplois sécurisés, retraites futures viables, soins de santé efficaces. La prévention des maladies chroniques, l’amélioration des hôpitaux publics et la mise en place de dispositifs de protection sociale solides constituent autant de chantiers prioritaires pour cette génération pilier.
Enfin, l’horizon s’élargit encore avec les seniors, de 60 ans et plus, dont le nombre progresse rapidement. Ces aînés, souvent dépendants de la solidarité familiale, réclament une attention particulière. L’État doit développer des pensions de retraite fiables, créer des centres de soins gériatriques et mettre en place des programmes sociaux qui évitent l’isolement. Anticiper le vieillissement de la population, c’est aussi préparer le Sénégal de demain.
À travers ces étapes de la vie, un fil conducteur s’impose : la planification. Éduquer les enfants, employer les jeunes, stabiliser les adultes et protéger les aînés : telle est la feuille de route dictée par la démographie.
Car si la jeunesse est une chance, elle peut aussi devenir un fardeau si elle n’est pas encadrée. Le Sénégal ne doit pas seulement compter ses habitants, il doit compter sur eux, à condition de leur donner les moyens de construire leur avenir.
Le portrait démographique du Sénégal est clair. Un pays jeune, traversé par un triple impératif : éduquer, employer, protéger. Les chiffres de 2024 ne sont pas de simples données statistiques, mais un miroir de l’avenir. Chaque tranche d’âge porte ses attentes. Santé et école pour les enfants, emploi et dignité pour les jeunes, stabilité et reconnaissance pour les adultes, vieillesse digne pour les aînés.
Si elle est bien accompagnée, la croissance démographique peut devenir un moteur puissant. Mais encore faut-il que l’État planifie sur le long terme, reconnaisse que chaque génération est un maillon de la chaîne nationale, et transforme ce potentiel en véritable force de développement. Gouverner, c’est anticiper ; c’est inscrire la prospérité dans la durée en embrassant la continuité du temps.
HENRIETTE NIANG KANDE
L’article Rapport démographique ANSD 2024 : 18,6 millions d’habitants : l’urgence d’éduquer, d’employer et de protéger Ce que l’État doit aux générations est apparu en premier sur Sud Quotidien.