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Invité de l’émission Objection sur Sud Fm Sen Radio, dimanche 3 août, Dr Souleymane Astou Diagne, économiste et enseignant-chercheur à l’Université Alioune Diop de Bambey, a livré une analyse critique du Plan de redressement économique et social « Jubbanti Koom », présenté le 1er août par le Premier ministre Ousmane Sonko. Si ce plan gouvernemental vise une relance de l’économie sénégalaise sur les deux prochaines années, Dr Diagne y voit surtout des failles susceptibles de fragiliser encore davantage un tissu économique déjà éprouvé.
« Ce plan a bouché mon sentiment de voir les éléments dans les années à avenir une économie sénégalaise résiliente et prospère », déclare d’emblée l’universitaire. Il pointe du doigt la forte pression fiscale prévue dans le plan, qu’il évalue à près de 90 % du financement. Selon lui, une telle orientation risque d’entraver sérieusement la consommation. « Fiscaliser davantage avec des montants qui sont assez élevés peut dégrader la demande intérieure. Et quand la demande intérieure se dégrade, ce sont les entreprises qui vont s’écrouler », alerte-t-il.
Plus largement, Dr Diagne évoque une perte de confiance des opérateurs économiques, causée notamment par la hausse des taux d’intérêt, « aujourd’hui quasiment proches de 12 % ». À cela s’ajoute, selon lui, une situation sociale des ménages de plus en plus préoccupante : « On a un essoufflement des ménages qui sont dans une situation sociale assez terrible, baisse du pouvoir d’achat drastique et augmentation des prix, notamment de l’énergie, qui tend la trésorerie des ménages. »
Même le tissu entrepreneurial n’échappe pas à cette fragilité. « Le monde de l’entreprise est en crise parce que la demande est très faible. Les perspectives économiques ne sont pas là », martèle-t-il. Dès lors, pour l’universitaire, la pression fiscale envisagée dans le plan est tout simplement « insupportable » pour les ménages comme pour les entreprises. « Si tu le fais, tu dégrades la demande intérieure. Et quand la demande s’effondre, ce sont les entreprises qui s’écroulent parce que l’économie se trouve anémiée. »
Le chercheur remet aussi en question les trois piliers du financement énoncés dans le plan, à savoir : la déduction maîtrisée de la dette publique, la mobilisation des ressources domestiques et le financement endogène hors endettement. « Ce n’est pas objectif », tranche-t-il. En guise d’illustration, il rappelle que « dans l’espace UEMOA, le Sénégal est le pays avec le taux de pression fiscale le plus élevé ».
Se référant à la note de conjoncture économique de l’ANSD, Dr Diagne souligne un recul inquiétant du secteur tertiaire : « Il y a un recul des activités de service de quasiment 15 %, alors que c’est le principal moteur de notre économie. » Il estime donc illusoire d’espérer, comme le prévoit le plan, une hausse de 33 % des recettes fiscales. « Ça ne sera pas possible, parce que les ménages et les entreprises ne peuvent pas supporter cette fiscalité supplémentaire. Et le contexte économique international va continuer à s’assombrir. »
Face à cette conjoncture, il appelle à une meilleure anticipation des risques : « L’économie du Sénégal doit se doter d’instruments de couverture, sinon toute cette programmation risque de ne pas se réaliser. »
Enfin, Dr Diagne interroge la cohérence stratégique du gouvernement. Évoquant les documents de planification déjà présentés (Agenda de transformation nationale, New Deal technologique, programmation budgétaire pluriannuelle) il pose une question qu’il juge préjudicielle : « Est-ce qu’on est dans une logique d’addition, de soustraction ou de multiplication ? » En somme, il appelle les autorités à clarifier leur cap avant d’imposer de nouveaux sacrifices à une économie déjà essoufflée.
OUSMANE GOUDIABY
L’article Mise en œuvre du plan de redressement économique : Dr Souleymane Astou Diagne alerte sur une dégradation de la demande intérieure est apparu en premier sur Sud Quotidien.