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La cinquième rencontre de la deuxième édition du cycle « Concepts liés à la transition démocratique », organisée par le Centre Mada, a été consacrée à une réflexion approfondie sur la laïcité, entre héritage historique, enjeux contemporains et lectures philosophiques.
Le Centre d’études et de recherches humanitaires « Mada » a tenu, lundi 23 juin 2025 à Casablanca, la cinquième rencontre de la deuxième édition de son cycle de conférences dédié aux « Concepts liés à la transition démocratique ». Ce rendez-vous intellectuel s’inscrivait dans le cadre du projet « La modernité politique : concepts et fondements », avec pour thématique centrale : la laïcité. Chercheurs et spécialistes se sont réunis pour explorer ce concept à travers ses origines, ses tensions d’application et ses soubassements théoriques, en s’appuyant notamment sur les pensées de Spinoza et Marcel Gauchet.
Abdelkarim Bahir, membre du Centre et de la commission scientifique du projet, a ouvert la rencontre par une présentation du cadre général de la session et des axes de réflexion proposés aux intervenants. Le débat s’est ensuite structuré autour de trois entrées : les prémices historiques de la laïcité, ses tensions entre idéal et mise en œuvre, et ses fondements philosophiques.
Regards croisés sur la laïcité dans l’histoire et les sociétés contemporaines
Hanane Elbouamri, chercheuse en philosophie politique et en droit, a entamé la série d’interventions par un retour sur les jalons historiques ayant permis l’émergence de la laïcité en Europe, depuis la réforme grégorienne et la querelle des investitures jusqu’aux Lumières. Elle a mis en valeur le rôle de penseurs comme Bodin, Montesquieu et Kant dans la consolidation de la souveraineté, de la séparation des pouvoirs et de la liberté de conscience. Elle a insisté sur le fait que la laïcité ne relève pas d’un choix idéologique ponctuel, mais résulte d’une évolution intellectuelle profonde qui a transformé le rapport entre l’individu, l’autorité religieuse et l’État.
Dans un autre registre, Mustapha Zahid a interrogé les conditions d’un passage du modèle théocratique à un horizon laïque dans le contexte arabe. Il a mobilisé la critique de Georges Tarabichi envers Mohamed Abed Al-Jabri, estimant que ce dernier, malgré l’ampleur de son projet, n’a pas assumé de manière franche la nécessité de laïcité dans le monde arabe, préférant mettre en avant la démocratie comme alternative. Une posture que Zahid juge insuffisante au regard des enjeux actuels.
Najate Rahman, spécialiste de la pensée politique arabe, a pour sa part souligné le lien entre la laïcité, les droits humains et la réforme religieuse. Elle a défendu l’idée que la laïcité constitue une condition indispensable pour une modernité politique pleinement assumée, en tant qu’elle garantit la liberté de pensée, la dignité de l’individu et une citoyenneté active.
Enfin, Noureddine Azelmat a apporté un éclairage anthropologique en interrogeant la manière dont l’école marocaine traite la relation entre savoir et sacré. Il a critiqué certaines dérives observées dans les pratiques pédagogiques, où des enseignants investissent leur fonction d’une autorité morale excessive, parfois en contradiction avec l’esprit du référentiel national d’éducation.
La rencontre s’est conclue par un échange riche avec le public, permettant d’approfondir les débats autour des tensions entre tradition et modernité, et de la place que la laïcité peut ou doit occuper dans les sociétés arabes en transition.
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