Posted by - Support KAAYXOL -
on - February 18, 2024 -
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En septembre 2023, le Maroc a été frappé par un séisme dévastateur qui a non seulement causé d’énormes dommages matériels aux infrastructures, mais a également exacerbé la fragilité de la situation humanitaire, plongeant des milliers de familles dans une précarité inattendue. Cet événement a mis en lumière à la fois les forces et les faiblesses du modèle marocain de gestion des catastrophes naturelles, mettant à l’épreuve la capacité des autorités publiques à réagir de manière efficace et coordonnée face à une crise d’une telle ampleur.
Le rapport intitulé « Les quatre principaux défis de la gestion des catastrophes naturelles au Maroc » du chercheur Abderrafie Zaanoun, récemment publié sur l’Institut marocain d’analyse politique (MIPA). Cette requête vise à examiner l’efficacité du modèle marocain dans la gestion des catastrophes naturelles, à la lumière des opportunités et des échecs du gouvernement face aux répercussions du séisme d’Al Haouz.
Face à l’ampleur des défis posés par les risques de catastrophes naturelles, les autorités marocaines ont, à différentes étapes, établi des fondements législatifs et réglementaires pour faire face à ces risques. Le Maroc a également joué un rôle de leader dans l’élaboration de la Stratégie Arabe pour la Réduction des Risques de Catastrophes 2020, ce qui a incité à la mise en œuvre des priorités de réduction des risques naturels d’ici 2030, ainsi que des objectifs de développement durable à l’horizon 2030, que le Maroc s’est engagé à mettre en œuvre depuis 2015 en programmant plusieurs interventions pour améliorer la réponse publique aux défis des urgences.
De plus, le gouvernement marocain a également affecté plusieurs comptes/fonds financiers pour la gestion financière des risques naturels. Le Fonds national de réduction des catastrophes naturelles en est l’un des plus importants, établi en vertu de la loi de finances n° 40.08 de 2009, dans le but de répondre aux urgences causées par les risques naturels avec un budget annuel d’environ 600 millions de dirhams.
Au niveau de la gestion, le département des urgences du ministère de l’Intérieur a réalisé des changements notables en créant la Direction de la Gestion des Risques Naturels (DGRN), composée de 16 unités organisationnelles spécialisées.
Malgré ces efforts, le séisme de l’Atlas a révélé des lacunes importantes dans la gouvernance de la gestion des catastrophes naturelles au Maroc. Le séisme a révélé une faiblesse gouvernementale notable dans la gestion des crises naturelles, en particulier en termes de communication, avec un manque d’informations et de réassurance suffisantes pour le grand public, surtout au cours des trois premiers jours suivant le séisme. De plus, il y a eu des retards dans l’annonce du plan de relèvement post-séisme, en raison du démarrage tardif des opérations de secours et de l’assistance initiale aux sinistrés.
En réponse à cela, les initiatives royales ont conduit à renforcer l’intervention publique et à développer des projets pour faire face à cette catastrophe naturelle, en organisant plusieurs réunions de travail qui ont conduit à plusieurs mesures.
Parallèlement à cela, les autorités publiques ont soutenu la solidarité communautaire en fournissant un soutien médiatique et logistique aux initiatives des citoyens visant à collecter et à livrer des secours d’urgence.
Pour répondre à cet objectif, le Conseil du gouvernement a approuvé le 27 décembre 2023 la création de l’Agence de développement du Grand Atlas, en tant qu’établissement public placé sous l’autorité du chef du gouvernement, chargée de superviser les opérations de récupération des effets du séisme dans les zones touchées, de réaliser des projets de développement social et économique dans les provinces et régions ciblées, ainsi que de suivre la mise en œuvre du programme de reconstruction et de réhabilitation et d’évaluer l’impact des projets réalisés sur la population bénéficiaire.
Cependant, il existe des défis qui pourraient compromettre l’efficacité et la durabilité des interventions de l’Agence de développement du Grand Atlas. Sa mission est limitée dans le temps et l’espace, ne couvrant que les zones les plus touchées sans intégrer les zones affectées telles qu’Essaouira et Agadir Ida-Outanane dans le Grand Atlas.
D’après le rapport, le défi de la réglementation compromet l’évolution des cadres législatifs et réglementaires et les efforts continus pour les harmoniser avec les références internationales. De plus, les bases technologiques de la gestion des catastrophes restent fragiles, avec des systèmes de communication défaillants ayant un impact négatif sur les niveaux de vigilance et d’alerte précoce.
Un autre défi à relever est celui de la planification. Les efforts de prévision se sont concentrés sur les aspects techniques en négligeant la planification stratégique des effets des catastrophes naturelles, d’autant plus que le Maroc, en raison de sa position et de ses caractéristiques géographiques, est l’un des pays les plus exposés aux risques géologiques et climatiques de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Cela nécessite une transition vers une stratégie intégrée conforme au cadre de Sendai pour une gestion intégrée des risques de catastrophes, renforçant ainsi l’approche préventive pour permettre une préparation aux risques naturels, anticiper les moyens de les contrôler et atténuer leurs effets potentiels sur divers secteurs économiques et sociaux.
De même pour le financement. Malgré le recours croissant à la création de comptes spéciaux dans les lois de finances annuelles, l’ingénierie financière des allocations pour faire face aux catastrophes naturelles est confrontée à plusieurs problèmes. L’élément des risques naturels n’est pas clairement défini dans les budgets des différents secteurs intervenant dans la gestion des catastrophes naturelles.
L’institution de la gestion intégrée des risques naturels entrave considérablement l’efficacité de la réponse publique aux défis de la gestion des catastrophes naturelles, mettant en évidence un besoin pressant d’améliorer le cadre législatif en vigueur dans ce domaine.
Au niveau organisationnel, les efforts déployés n’ont pas conduit à la création d’un organe spécialisé dans la gestion des catastrophes naturelles. Les responsabilités restent réparties entre plusieurs ministères tels que l’intérieur, l’équipement, l’agriculture, ce qui a créé une situation de multiplicité et d’interférence entre les programmes et les projets, sans mécanisme de coordination et de collaboration entre les différents secteurs impliqués.
Par conséquent, il est devenu plus urgent que jamais d’établir un organe supérieur chargé de la gestion des risques et de définir les orientations stratégiques relatives à la gestion des catastrophes naturelles au niveau national.
En conclusion, le séisme d’Al Haouz a mis en évidence à la fois les forces et les faiblesses de la gestion des catastrophes naturelles au Maroc. En tirant les leçons de cette expérience, le Royaume peut renforcer sa résilience et sa capacité à faire face aux défis futurs, en s’engageant dans une approche holistique et coordonnée de la gestion des catastrophes naturelles, qui intègre pleinement les efforts des acteurs officiels et non officiels.
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