Posted by - Support KAAYXOL -
on - 6 hours ago -
Filed in - Society -
-
10 Views - 0 Comments - 0 Likes - 0 Reviews
Le 5 juin, le Maroc a lancé l’édition 2025 de l’opération Marhaba, destinée à accueillir sa communauté résidant à l’étranger. Ce rendez-vous annuel, qui rythme les étés marocains depuis 2001, prend cette année une résonance toute particulière. Au-delà de sa dimension logistique bien rodée, Marhaba 2025 s’inscrit dans un contexte national et international chargé de défis, faisant de cette opération un révélateur des capacités du Royaume à gérer les mobilités transfrontalières, mais aussi un miroir des fragilités institutionnelles de sa politique envers les marocains résidants à l’étranger.
Le calendrier n’a rien d’anodin. Cette édition coïncide avec les préparatifs de deux événements sportifs majeurs : la Coupe d’Afrique des Nations en 2025 et la Coupe du Monde en 2030. Deux échéances colossales, non seulement par l’affluence attendue, mais aussi par les exigences en matière d’infrastructures, d’organisation et de gestion des flux humains.
Or, si le Maroc cherche un modèle éprouvé de coordination multi-acteurs, Marhaba est là pour en témoigner : près de trois millions de Marocains transitent chaque été par ports et aéroports, encadrés par un dispositif piloté par la Fondation Mohammed V pour la Solidarité, avec la participation de l’ensemble des institutions nationales – ministères, forces de sécurité, douanes, banques, compagnies de transport, etc. Une mécanique bien huilée, construite sur près d’un quart de siècle, qui pourrait inspirer l’accueil des millions de visiteurs attendus en 2025 et 2030.
Mais ce succès opérationnel ne saurait masquer un autre visage, plus inquiétant : l’absence d’un cadre institutionnel clair et structurant en matière de gouvernance de la diaspora marocaine.
Depuis la suppression du ministère chargé des MRE en tant que portefeuille autonome, aucune entité de substitution n’a véritablement émergé pour porter, de manière politique, les préoccupations de cette frange essentielle de la nation.
Quant au Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, qui a joué un rôle consultatif, il peine actuellement à retrouver sa place dans le paysage post-2011, son cadre juridique n’ayant jamais été adapté à la Constitution. Réduit à une structure administrative aux activités ponctuelles, il ne répond plus aux attentes d’une institution représentative et mobilisatrice.
Conscient de l’importance stratégique de la diaspora marocaine et des limites du cadre actuel, le Roi Mohammed VI a consacré, dans son discours du 06 novembre 2024, une attention particulière à la nécessité de restructurer la gouvernance des affaires des Marocains du monde.
Deux orientations majeures y ont été tracées :
• La création de la “Fondation Mohamadia des Marocains résidant à l’étranger”, censée devenir l’instrument public central en matière d’accompagnement, de services et de mobilisation de la diaspora.
• La révision du cadre juridique du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), afin de le rendre conforme à la Constitution de 2011 et d’en faire un véritable espace de participation, de concertation et
Cette feuille de route claire, sa mise en œuvre par l’exécutif se fait toujours attendre, laissant persister un sentiment de flou et d’inaboutissement dans les rangs de la diaspora, qui espérait une nouvelle ère de reconnaissance et d’action.
Face à ce vide institutionnel persistant, la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger demeure le repère stable et crédible dans le champ de l’action publique envers la diaspora. Placée sous la présidence effective de la Princesse Lalla Meryem, cette institution ne se contente pas d’un rôle symbolique. Bien au contraire, elle incarne une volonté royale claire de maintenir un lien vivant, affectif et structurant avec les Marocains du monde.
La Princesse, à travers son engagement constant, confère à la Fondation une légitimité morale profonde et une portée institutionnelle forte. Son attachement personnel à la cause des MRE donne à la Fondation une orientation humaine et inclusive, nourrie par une vision de long terme.
À cet effet, le Pr Omar Azziman, conseiller du Roi, assure, en sa qualité de président délégué, la mise en œuvre concrète de la vision portée par la Princesse Lalla Meryem. Il agit comme l’interprète vigilant de ses orientations, qu’il traduit en programmes solides et en initiatives durables. Homme de rigueur, d’écoute et de dialogue, Azziman garantit la cohérence, la continuité et l’efficacité du travail accompli, tout en restant attentif aux évolutions des réalités sociétales et aux attentes des différentes générations .
Sous ce pilotage stratégique de haut niveau – la Fondation Hassan II a su préserver un ton mesuré, un style d’action sobre mais efficace.
Rappelons pourtant que les Marocains résidant à l’étranger sont aujourd’hui plus de cinq millions, répartis sur l’ensemble des continents. Ils représentent un capital humain, économique et diplomatique exceptionnel. Leur contribution au développement du pays ne se limite pas aux transferts financiers : ils portent un potentiel d’innovation, de compétence et d’influence que peu d’États savent valoriser.
L’opération Marhaba est donc bien plus qu’un exercice logistique estival. Elle est un test grandeur nature des capacités de l’État à accueillir, organiser et rassurer.
Le Maroc ne pourra relever ses défis futurs sans intégrer pleinement sa diaspora dans le récit national. Il ne s’agit plus de savoir qui est “ici” ou “là-bas”. Car le vrai critère d’appartenance n’est pas la proximité géographique, mais la participation effective. Le temps est venu de bâtir, enfin, une politique de la reconnaissance.
The post Marhaba 2025, mondial 2030 : le Maroc face à lui-même et au monde appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.