Disparu depuis près d’un an dans les Alpes italiennes, un médecin de 64 ans a finalement été retrouvé grâce à l’intervention d’un drone… et surtout à l’œil affûté d’un logiciel d’intelligence artificielle. L’outil a permis d’identifier son casque de randonnée au milieu d’un massif de plus de 180 hectares.

Le 31 juillet 2025, le Corps national de secours alpin et spéléologique italien (CNSAS) a annoncé avoir localisé le corps du docteur Nicola Ivaldo, porté disparu depuis septembre 2024 lors d’une ascension sur le Mont Viso, le plus haut sommet des Alpes cottiennes. Le corps du randonneur gisait à environ 3 150 mètres d’altitude, sur le flanc nord du massif, à quelque 600 mètres sous le sommet.

C’est un casque de randonnée, à peine visible à l’œil nu, qui a mis les secours sur la piste du disparu. Après avoir recueilli 2 600 clichés aériens grâce à deux drones survolant la zone à environ 50 mètres d’altitude, les secours ont soumis les images à un logiciel d’intelligence artificielle spécialisé dans l’analyse des couleurs et des formes.

« L’IA a identifié quelques pixels d’une teinte différente dans une zone difficilement accessible. Sans elle, cela aurait pris des semaines, voire des mois », explique Saverio Isola, pilote de drone au sein du CNSAS. En quelques heures seulement, le système a généré une liste de « points suspects » à inspecter sur le terrain. Le lendemain, à l’aube, l’équipe s’est dirigée vers l’un d’eux, confirmant rapidement que le casque repéré était bien celui du disparu.

L’opération complète, recherche, localisation, confirmation visuelle et récupération, n’a duré que trois jours, malgré une journée de mauvais temps qui a temporairement retardé les secours.

Cette mission s’inscrit dans une méthode rigoureuse développée par le CNSAS, en collaboration avec l’ENAC, l’agence italienne de l’aviation civile. Depuis cinq ans, les secours italiens utilisent des drones en montagne, et depuis un an et demi, ils y intègrent des outils d’analyse visuelle dopés à l’intelligence artificielle.

Mais comme le souligne Isola, la technologie ne remplace pas les équipes humaines : « L’IA ne sert à rien sans les techniciens. Nous sommes une équipe, et c’est cet esprit collectif qui rend ces sauvetages possibles. »

Les données du téléphone portable de Nicola Ivaldo, ainsi que l’expertise de quatre secouristes chevronnés, ont aussi été décisives pour guider les recherches aériennes.

Le CNSAS souhaite désormais aller plus loin : combiner l’analyse d’images fixes avec celle de données thermiques, afin de repérer non seulement des objets, mais aussi des êtres vivants. « L’IA peut traiter les données infrarouges en quelques heures seulement », affirme Isola. Une avancée décisive pour retrouver des personnes disparues encore en vie.

L’expérience de cette opération rappelle aussi les sauvetages menés après la tragédie du glacier de la Marmolada, où la technologie avait permis de retrouver des objets et des corps dans des zones inaccessibles, sans mettre en danger les équipes au sol.

En améliorant sans cesse ces méthodes, le CNSAS espère réduire le nombre de morts en montagne. « C’est notre mission : sauver des vies, et éviter que la montagne ne devienne le théâtre de drames évitables », conclut Isola.

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