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La méfiance des Marocains envers leurs médias n’a jamais été aussi forte. Le dernier rapport 2025 de l’Institut Reuters sur l’information numérique, publié ce mardi, révèle un chiffre saisissant : seulement 28 % des citoyens font confiance aux nouvelles qu’ils consomment, plaçant le Royaume parmi les pays les moins confiants au monde.
Derrière cette statistique se cache une réalité que vivent quotidiennement des millions de Marocains. Fatigués par ce qu’ils perçoivent comme une information filtrée et contrôlée, ils se tournent massivement vers le numérique : près de 78 % puisent désormais leur actualité en ligne, principalement via les réseaux sociaux et applications de messagerie.
Dans les foyers marocains, les habitudes ont radicalement changé. YouTube (49 %) et Facebook (47 %) sont devenus les premières sources d’information, devançant largement Instagram (32 %), WhatsApp (30 %) et TikTok (24 %). Une révolution silencieuse qui touche particulièrement les jeunes générations, nées avec un smartphone entre les mains. Telegram, l’application de messagerie chiffrée, gagne également du terrain. Pour beaucoup d’utilisateurs, elle représente un espace de liberté où l’information circule sans filtre – même si cela ouvre aussi la porte aux rumeurs et aux fake news.
Cette migration vers les plateformes digitales n’est pas anodine. Elle traduit une soif d’information alternative, personnalisée, loin des formats traditionnels jugés trop institutionnels. Les influenceurs et créateurs de contenu occupent désormais une place centrale dans l’écosystème informationnel marocain, remplaçant peu à peu les journalistes classiques.
Cependant cette liberté a un prix. Plus de la moitié des sondés (54 %) avouent avoir du mal à distinguer les vraies informations des fausses en ligne. Un aveu d’impuissance face à un flot incessant de contenus où se mélangent faits vérifiés et rumeurs infondées.
Les citoyens pointent du doigt les responsables de cette confusion : les influenceurs arrivent en tête (52 %), suivis des responsables politiques (30 %) et, paradoxalement, des médias traditionnels eux-mêmes (28 %). Un cercle vicieux où la méfiance alimente la méfiance. Une nouvelle génération de créateurs de contenu émerge, mêlant anciens journalistes, blogueurs et vidéastes, tous unis par une même volonté : réinventer l’information marocaine.
Cette dynamique de création s’accompagne d’une explosion du contenu en ligne. Le cabinet de conseil Imperium rapporte une hausse de 23,7 % des publications médiatiques en un an, avec plus de 136 000 articles produits en août 2024.
Pendant que le digital explose, la presse traditionnelle agonise. Le tirage des quotidiens s’effondre depuis des années, une chute accélérée par la pandémie de Covid-19. Aujourd’hui, les journaux imprimés ne survivent que grâce aux subventions étatiques, distribuées sous conditions strictes.
Cette dépendance financière explique en partie la crise de confiance. De nombreux Marocains estiment que les médias ne sont pas vraiment indépendants, évitant les sujets sensibles et reflétant principalement les positions gouvernementales.
Malgré ces défis, le Maroc a grimpé de 24 places dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières depuis 2023, signe d’une évolution positive. Cependant, le pays a encore du pain sur la planche.
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