En 2024, le bilan des incendies de forêt affiche des résultats exceptionnels, avec une superficie brûlée qui n’a pas dépassé 900 hectares. Au total, 382 incendies ont été recensés, affectant 874 hectares, soit une baisse de 86% par rapport à 2023. Détails.

Le Comité Directeur National chargé de la Prévention et de la Lutte contre les Incendies de Forêts s’est réuni ce jeudi 15 mai 2025 au siège de l’Agence Nationale des Eaux et Forêts (ANEF), sous la présidence de Abderrahim Houmy, directeur général de l’ANEF.

Cette réunion de haut niveau a abordé deux enjeux majeurs, d’une part, le bilan des incendies de forêts survenus en 2024, ainsi que les enseignements qui en découlent, d’autre part, l’évaluation des dispositifs à renforcer en vue de la saison estivale 2025. 

Le secteur forestier marocain, à l’image de celui de la région méditerranéenne dans son ensemble, demeure particulièrement vulnérable face au risque d’incendie, en raison notamment des vagues de chaleur persistantes, de la diminution de l’humidité ambiante, et de la fréquence croissante des vents secs de type « Chergui », qui aggravent considérablement la propagation des feux.

En ce qui concerne le bilan de 2024, cette année a été marquée par un total de 382 incendies de forêts, affectant une superficie globale de 874 hectares. Il est à noter que près de 45 % de cette superficie brûlée concerne des formations arbustives, herbacées ou steppiques, notamment l’Alfa, qui jouent un rôle crucial dans l’écosystème local.

Comparé à 2023, le nombre d’incendies a connu une baisse significative de 86%, et la superficie brûlée diminue également de 82% par rapport à la moyenne des dix dernières années, ce qui témoigne d’une amélioration notable dans la gestion et la prévention de ces sinistres.

Sur le plan géographique, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima a enregistré le plus grand nombre d’incendies, avec 123 départs de feu représentant 346 ha (soit 32% du total national). Cependant, la région de Fès-Meknès a enregistré la superficie brûlée la plus importante, avec 357 hectares, ce qui équivaut à 41% de la superficie totale incendiée.

Cette réduction significative du nombre et de l’étendue des incendies repose sur plusieurs facteurs clés. D’abord, des conditions météorologiques moins propices à la propagation du feu durant l’été 2024 ont contribué à limiter la gravité des sinistres. Ensuite, la mobilisation rapide et coordonnée des intervenants a permis de maîtriser 95% des incendies avant qu’ils ne dépassent 5 hectares.

Par ailleurs, une campagne de sensibilisation intensifiée, organisée à l’occasion de la Journée nationale de prévention des incendies le 21 mai, a permis de toucher près de 27.000 élèves et visiteurs dans 240 établissements scolaires et 100 forêts urbaines. La diffusion régulière de Bulletins de Risque Incendie de Forêts (BRIF) par l’ANEF dans les médias nationaux a également joué un rôle essentiel dans la prévention et la sensibilisation du public.

Il est à préciser que seuls deux incendies en 2024 ont dépassé la barre des 100 hectares, l’un à Taza (Bourd), avec 162 hectares brûlés, et l’autre à Tétouan (Bghaghza), avec 156 hectares touchés.

Dans une déclaration à Hespress FR, le directeur général de l’ANEF, Abderrahim Houmy, a dévoilé que l’Agence a mobilisé un budget de 160 millions de dirhams pour l’année 2025. « La plus grande partie du budget est consacrée principalement à la prévention. Celle-ci inclut l’aménagement des pistes, la mise en place de tranchées coupe-feu, ainsi que l’installation de points d’eau. Ces mesures visent à anticiper efficacement la gestion des incendies. Bien entendu, des actions relatives à la lutte contre les incendies sont également programmées, telles que l’équipement en matériel spécialisé« , a-t-il expliqué.

« Concernant le bilan, l’année 2024 s’est avérée exceptionnelle, puisque la superficie incendiée n’a pas dépassé 900 hectares, ce qui constitue un résultat très positif. Ce bilan peut être attribué notamment à des conditions hydriques au niveau des forêts qui, je dirais, n’ont pas été favorables à l’extension des incendies, en particulier en début de saison. Il est également crucial de souligner que la majorité des incendies, soit environ 95%, ont été inférieurs à 5 hectares. Cela témoigne de la rapidité et de l’efficacité de l’intervention, ainsi que de la fiabilité du dispositif que nous avons mis en place en collaboration avec nos partenaires« , a fait savoir le responsable.

De plus, le directeur général de l’ANEF a révélé que le bilan hydrique actuel est favorable, ce qui indique un degré d’immunité assez élevé au sein des forêts, permettant de limiter la propagation des incendies, les précipitations actuelles contribuant également à maintenir cet état favorable.

Et de signaler : « En revanche, l’aspect négatif réside dans le développement accru de la strate herbacée, ainsi que de certains arbres très inflammables, qui augmentent la rapidité de la dissémination des incendies. Nous suivons attentivement ces deux paramètres, mais la priorité reste la coordination efficace entre tous les opérateurs impliqués dans la gestion des incendies de forêt. Ceux-ci sont prêts à intervenir dans le cadre des dispositifs nationaux, ce qui favorise une meilleure synergie entre les différents intervenants« .

Houmy a notamment insisté sur l’importance de la sensibilisation du grand public, la journée nationale de lutte contre les incendies de forêts, célébrée le 21 mai de chaque année, constituant une occasion pour éduquer les élèves et les communautés locales sur les risque liés à ces incendies. L’objectif, selon le responsable, est également de mobiliser les citoyens afin d’éviter l’utilisation du feu dans les zones forestières, et ainsi réduire considérablement le risque d’incendies.

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