Pour la première fois en plus de 30 ans, le ministère de la Santé et de la Protection sociale s’engage dans une restructuration profonde visant à rééquilibrer la répartition des ressources humaines médicales, renforcer la gouvernance et améliorer l’accès aux soins, notamment dans les zones rurales et reculées. Le ministre de tutelle, Amine Tahraoui, a détaillé ce chantier crucial lundi devant les députés de la Chambre des représentants.
Le ministère de la Santé et de la Protection sociale amorce une réforme d’envergure, la première depuis 1994, afin d’instaurer une justice territoriale réelle dans la gestion des ressources humaines sanitaires et de moderniser son organisation interne, a affirmé Tahraoui lors de la séance hebdomadaire des questions orales tenue ce lundi 21 juillet à la Chambre des représentants, exposant les mesures prises pour répondre aux défis d’une offre de soins inégalement répartie sur le territoire national.
Au cœur de cette réforme figure le projet des groupements de santé territoriaux, nouveau cadre structurant l’organisation des soins selon une approche intégrée. Ce dispositif vise à adapter la répartition des cadres sanitaires aux besoins réels de chaque région, avec une priorité claire donnée aux zones rurales et isolées qui souffrent d’un déficit chronique en personnel médical.
Le ministre a souligné que son département a adopté des critères rigoureux pour la distribution annuelle des postes destinés aux mutations et recrutements, conduisant à une hausse notable des postes financiers dédiés aux recrutements, passant de 1.500 en 2017 à 6.500 en 2025.
Cette montée en puissance, a poursuivi le responsable, s’accompagne d’une utilisation optimale des capacités disponibles, comme en témoigne le taux d’emploi des postes de médecins résidents contractuels, passé de 49% en 2024 à 100% lors de la session d’avril 2025, avec 992 médecins concernés.
Par ailleurs, deux promotions complètes de médecins spécialistes, totalisant 661 professionnels, ont été nommées en 2025. Ce mouvement vise à accélérer leur intégration pérenne, mettant fin au système de nominations temporaires et permettant une meilleure affectation des compétences vers les régions les plus déficitaires. Le processus de recrutement se poursuit avec 543 postes supplémentaires de spécialistes, qui renforceront les établissements de santé dès septembre 2025, après finalisation des mouvements internes.
Ces avancées n’auraient pu voir le jour sans un effort soutenu du ministère pour rendre l’exercice médical attractif dans les zones éloignées, a souligné Tahraoui. Des incitations spécifiques, combinées à l’amélioration des conditions de travail, visent à réduire les disparités régionales et à renforcer la compétitivité territoriale, garantissant ainsi un accès équitable aux soins pour tous les Marocains.
Sur un autre front, la réforme s’accompagne d’une restructuration en profondeur du ministère lui-même, dont l’organisation n’avait connu qu’une évolution partielle depuis trois décennies. Le ministre a rappelé l’urgence de revoir les rôles et compétences du ministère, tant au niveau central que régional, pour une gouvernance plus efficace et une meilleure coordination entre ses différents échelons.
Ce chantier s’inscrit également dans le cadre de la création et de l’accompagnement d’institutions clés telles que la Haute Autorité de la Santé, l’Agence marocaine des médicaments et produits de santé, ainsi que l’Agence marocaine du sang et de ses dérivés, toutes jouant un rôle stratégique dans la nouvelle dynamique sanitaire.
La vision ministérielle repose sur la réorganisation des structures administratives centrales et déconcentrées afin d’améliorer la synergie et l’intégration des actions, notamment en accompagnant les groupes de santé territoriaux dans l’exercice de leurs missions, conformément aux cadres législatifs en vigueur. Cette organisation vise aussi à soutenir la généralisation de la protection sociale, notamment l’assurance maladie obligatoire, tout en renforçant la lutte contre les maladies, la santé publique, la gestion des médicaments et produits de santé, ainsi que le développement des systèmes d’information numériques.
De surcroît, Tahraoui a fait savoir que le projet de décret fixant cette nouvelle organisation ministérielle est en phase finale et devrait être présenté prochainement au Conseil gouvernemental, marquant une étape décisive vers une transformation qualitative de la gestion des ressources humaines sanitaires au Maroc.
