Le président du Syndicat des professions artistiques en Égypte a déclenché une vive polémique par ses récentes déclarations, dans lesquelles il a fait part de sa profonde inquiétude face à la montée en puissance des influenceurs et créateurs de contenu au sein des productions artistiques, soulignant qu’ils intègrent le milieu sans disposer des compétences techniques ni de la formation artistique nécessaire.
Selon lui, cette vague menace de dénaturer l’image de l’art égyptien, un art prestigieux bâti sur l’héritage de figures emblématiques telles qu’Oum Kalthoum, Abdel Halim Hafez, Faten Hamama ou encore Adil Imam. Il a insisté sur le fait que l’art obéit à des règles et des critères précis qui doivent impérativement être respectés, afin de préserver l’histoire et la symbolique de ce patrimoine.
Ces propos s’inscrivent dans une orientation plus ferme adoptée par le syndicat, qui entend lutter contre les pratiques non encadrées affectant le secteur, à un moment où certaines sociétés de production privilégient de plus en plus des profils numériques à forte visibilité, misant sur leur popularité et le nombre de leurs abonnés, sans considération réelle pour leurs qualifications artistiques ni leur expérience créative.
Un débat qui dépasse aujourd’hui les frontières égyptiennes. Au Maroc également, les voix se multiplient dans les cercles artistiques, appelant à l’intervention urgente des syndicats et des instances professionnelles pour limiter un phénomène qui gagne dangereusement du terrain sur la scène artistique nationale. Il n’est en effet plus rare de voir certains influenceurs accéder à des rôles principaux dans des productions dramatiques ou cinématographiques, ou encore participer à des festivals artistiques, leur simple présence numérique leur ouvrant des portes, indépendamment de toute compétence ou parcours dans le domaine.
Nombre de réalisateurs et de comédiens marocains considèrent que cette tendance porte gravement atteinte à l’image de l’art national et nuit aux artistes professionnels, qui ont pour leur part investi des années dans la formation et la pratique artistique.
Dans ce contexte, plusieurs professionnels pointent directement du doigt certaines sociétés de production, accusées d’employer ces influenceurs à des fins purement commerciales, dans une logique de marketing digital, reléguant au second plan la qualité artistique des œuvres et contribuant ainsi à un nivellement par le bas de la scène culturelle.
Face à cette situation, des artistes marocains appellent les syndicats du secteur à se positionner clairement et à instaurer des règles strictes, garantissant que des profils non qualifiés ne soient plus imposés au public dans des productions artistiques. Une manière, selon eux, de protéger la profession contre ce qu’ils dénoncent comme une dérive de banalisation, et de préserver le public du « leurre visuel » que représente la célébrité numérique.
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