Le Discours du Trône du 29 juillet 2025 a soulevé plusieurs défis et enjeux pour garantir l’avancée démocratique et renforcer l’efficacité de la gestion territoriale au Maroc. Ce cadrage royal constitue une occasion de relancer le débat sur les ajustements stratégiques et opérationnels nécessaires pour répondre aux différents défis identifiés.
Les disparités territoriales, les multiples vitesses de développement entre les régions du Maroc, ainsi que la nécessité d’engager une nouvelle dynamique territoriale accompagnée d’un renouvellement de l’élite politique, nous interpellent — en tant que professionnels de l’appui au développement territorial — sur l’urgence de redéfinir la notion de développement territorial inclusif et les modalités d’intervention permettant de garantir un impact harmonieux et durable sur l’ensemble des territoires.
Pour commencer, rappelons cette citation d’Albert Einstein : « On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui l’a engendré ».
Cela illustre bien que le découpage territorial actuel constitue un frein majeur à l’émancipation des forces locales, à la valorisation des ressources et au renouvellement d’une élite politique locale capable de redonner du sens à l’action publique, qu’elle soit politique ou économique.
À l’approche des prochaines élections au Maroc, il est temps de repenser en profondeur ce découpage territorial afin d’améliorer la performance de l’action publique et de corriger les déséquilibres causés par les inégalités régionales.
Aujourd’hui, les collectivités territoriales sont structurellement limitées : leurs budgets d’investissement dépassent à peine 10 %, tandis que les dépenses de fonctionnement en absorbent près de 90 %. Une collectivité ne peut produire que ce qu’elle possède. Il est donc impératif d’inverser cette tendance.
Cela implique de mettre en œuvre un véritable processus de construction territoriale, qui renvoie à une démarche politique, identitaire et institutionnelle. Il s’agit de faire émerger une conscience partagée du territoire, de structurer une gouvernance cohérente, et de fédérer les acteurs autour d’un projet commun. L’objectif est de créer ou de renforcer une unité territoriale dépassant les simples limites administratives, grâce à une ingénierie territoriale adaptée.
Le développement territorial, quant à lui, vise à améliorer durablement les conditions de vie dans un territoire donné, en mobilisant ses ressources humaines, économiques, sociales, culturelles et naturelles. C’est une démarche orientée vers des résultats concrets : création d’emplois, amélioration des services publics, valorisation des ressources locales, renforcement de la cohésion sociale, etc. Il s’agit, in fine, de produire un progrès économique et social à l’échelle locale.
En pratique, la construction territoriale est une condition préalable au développement territorial. Il est difficile de conduire un développement cohérent sans un minimum de consensus, de coordination et de vision partagée autour d’un projet de territoire.
À l’ère de la digitalisation, l’un des effets attendus d’un tel chantier pourrait être la réduction du nombre de collectivités territoriales au Maroc de 40 à 50 %, ainsi que l’émergence d’une nouvelle élite politique à même de gérer des territoires recomposés de manière plus efficiente.
Ce processus de construction territoriale, couplé à la valorisation des citoyens et des patrimoines, constitue une réponse pertinente pour dynamiser l’action citoyenne et favoriser l’appropriation collective d’un Maroc prospère.
*Consultant en appui au développement territorial
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