Selon une analyse publiée par Blitz, la fin de la rivalité maroco-algérienne ne renforcerait pas Alger, mais révélerait au contraire les failles profondes d’un régime dont la légitimité repose sur la confrontation avec le Maroc.
Le magazine Blitz estime que l’Afrique du Nord est à la veille d’un tournant géopolitique sans précédent depuis un demi-siècle. L’article, signé par l’analyste Damsana Ranadhiran, souligne que la rivalité figée entre le Maroc et l’Algérie a maintenu le Maghreb dans un état de paralysie politique et de stagnation économique. La perspective d’une paix, encouragée par Washington et par le soutien croissant à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara, ne signifierait pas une stabilité retrouvée pour Alger, mais « l’exposition de la fragilité et de l’illégitimité au cœur du régime », écrit Blitz.
Pour l’auteur, le soutien constant des États-Unis au plan d’autonomie marocain dépasse le cadre diplomatique. Il constitue « l’ossature de l’architecture régionale américaine à long terme », relève-t-il. Ce positionnement, partagé par les deux administrations républicaine et démocrate, confirme le rôle du Maroc comme principal partenaire de Washington en Afrique du Nord, dans les domaines de la sécurité maritime, de la coopération énergétique et de la lutte antiterroriste au Sahel. Dans un contexte marqué par les coups d’État et les insurrections jihadistes dans la région, Blitz note que le Maroc « incarne l’ancrage stable dont les États-Unis ont besoin ».
Un isolement grandissant pour Alger
Cette orientation américaine a, selon l’analyse, entraîné un basculement progressif de la diplomatie internationale. L’Espagne, le Royaume-Uni et plusieurs pays africains tels que le Ghana ont publiquement salué le plan marocain comme la voie « la plus réaliste et durable ». Blitz observe que la « bataille diplomatique d’Alger sur le Sahara est perdue », emportant avec elle le principal pilier idéologique du régime.
En persistant à fermer ses frontières et à militariser la frontière avec le Maroc, Alger aurait, selon l’étude, privé le Maghreb d’un potentiel économique immense. Le FMI estime qu’une intégration régionale pourrait ajouter un point de croissance par an, tandis que la Banque mondiale évoque une hausse possible de 27 % du PIB par habitant en cas de zone de libre-échange avec l’Union européenne. Ces gains, analyse Blitz, sont « des richesses mesurables perdues à cause des obsessions politiques d’Alger ».
Ranadhiran décrit un pays où le discours de la menace extérieure a servi à consolider le pouvoir militaire. Près de 18 milliards de livres sont consacrés chaque année à la défense, soit le plus important budget d’Afrique, sans que cela ne se traduise par des avancées économiques ou sociales. Avec un chômage des jeunes avoisinant 26 % et une population majoritairement âgée de moins de 30 ans, l’Algérie fait face à une profonde désillusion de sa jeunesse, souvent tentée par l’exil.
Dans une éventuelle ère de paix, Blitz estime que « les Algériens découvriront qu’ils ont été trompés » : la menace marocaine n’a jamais existé, elle servait à masquer la corruption, la stagnation et l’absence de perspectives. La disparition de ce prétexte pourrait accélérer les tensions internes et provoquer une remise en cause du système en place.
Pour le Maroc, cette reconfiguration géopolitique consolide sa position comme partenaire de confiance de Washington et de l’Europe, et ouvre la voie à une relance de l’intégration maghrébine. Selon Blitz, c’est paradoxalement la paix qui mettra fin à un mythe d’État en Algérie, en permettant aux peuples du Maghreb de se tourner vers la coopération et la prospérité partagée.
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