Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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Le film suédois « Une vie honnête » (Et ærligt liv), en ligne depuis quelques jours sur une plateforme internationale de cinéma, met en abime le pouvoir de la parole poétique transformée en actes.
Il s’articule autour d’un passage tiré d’un poème du grand poète et écrivain syrien Mohamed Al-Maghout :
« Ils possèdent les fenêtres /
Et nous, nous possédons le vent.
Ils possèdent les navires /
Et nous, nous possédons les vagues.
Ils possèdent les médailles /
Et nous, nous possédons la boue.
Ils possèdent les murs et les balcons /
Et nous, nous possédons les cordes et les poignards.
Et maintenant, viens, dormons sur les trottoirs, mon amour».
Ces fragments poétiques aussi tranchants que la lame d’un rasoir, issus du de l’imaginaire révolutionnaire, voire cyniste du poète, fonctionnent dans la structure du film comme une balise dramatique qui guide l’action et les relations d’un groupe de jeunes révoltés et marginaux optant pour la rupture radicale avec un ordre établi jugé hypocrite, injuste, et Dominé par « les murs et les balcons ».
Adaptée du roman éponyme de Joakim Zander ( écrivain suédois), paru en 2022, l’intrigue du film se construit autour du personnage de « Simon », étudiant en droit, conformiste et en quête de sens. Séduit par Max – figure à la fois libertaire, libertine et fatale – Simon rejoint ce groupe qui agit dans l’ombre, sous l’emprise volontaire de la poétique de Mohamed Al-Maghout, érigée par eux en trame de fond poético-idéologique.
Ensemble, ils dénoncent les compromissions morales de la société : mensonges médiatiques, faux-semblants politiques, simulacres d’engagement.
Le spectateur est dès le début( scène de l’affrontement entre les manifestants et les forces de l’ordre) face à un » speech act » au sens où l’entend le théoricien du langage John L. Austin : une parole qui fait advenir quelque chose, qui engage, qui transgresse, qui donne vie à des choix et des émotions.
Ainsi, le slogan « Ils possèdent les murs et les balcons /Et nous, nous possédons les cordes et les poignards » prend corps via chaque action menée par Max, Simon et les autres : les graffitis sur les murs, les vidéos clandestines, Le dépouillement des riches et les hold-up engagés contre le confort bourgeois et l’hypocrisie de l’ordre social. ne décrit pas seulement, mais ouvre une brèche pour déstabiliser cet ordre laissant place à une échappée possible.
À travers ses personnages, le film interroge la possibilité de vivre selon ses idées dans un monde saturé de compromis, vivre autrement via une morale plus directe, plus radicale. Cette démarche trouve son ancrage dans l’imaginaire du poète, qui ouvre une brèche à travers la symbolique des «cordes » et des « poignards », pour déstabiliser le conventionnel, offrant ainsi une échappée possible.
« Simon » est confronté à un dilemme profond: suivre sa trajectoire toute tracée d’étudiant en droit et futur avocat ou épouser une voie incertaine mais fidèle à ses idéaux. Quelle frontière sépare la parole et l’action, l’engagement et le fanatisme, la vérité et l’illusion ? Ce dilemme arrive à son climax lorsque le groupe est traqué et que « Simon » doit choisir entre dénoncer ses camarades ou assumer leur cause.
C’est dans cette expérience des limites qu’émerge une parole aussi signifiante que celle d’Al-Maghout, cette fois énoncée par « Simon » lui-même : « Vis tes mots. Fais ce que tu dis. Les actes et les opinions sont la même chose. Tout le reste ne conduit qu’à une vie malhonnête et vaine».
L’unité de l’être, entre ce que l’on pense et ce que l’on fait, devient la seule voie vers une « vie honnête ».
Au début du film, « Simon » voulait devenir écrivain, mais n’ayant rien à écrire, il s’est résolu à faire des études de droit. Or, après cette expérience qu’on peut qualifier de dangereuse, vécue intensément avec « Max » et les autres, il a désormais une histoire à raconter. Et comme le suggère « Max » dans un échange signifiant, lors d’un turning point, « tu ne peux pas être écrivain sans prendre de risques ».
C’est là le legs final du film : une action émanant de la poétique de Mohamed Al-Maghout et une parole vivante, née dans l’épreuve, qui se transforme en Récit romanesque, puis filmique.
*Critique, Prof. à l’institut spécialisé du cinéma et de l’audiovisuel
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