Partenaire des LithiumDays 2025 en Allemagne, le Royaume entend séduire les grands acteurs européens de la mobilité électrique et du stockage d’énergie, en capitalisant sur ses ressources stratégiques et ses projets industriels en plein essor.
Le Maroc entend bien renforcer sa position sur l’échiquier mondial des batteries électriques. En devenant le partenaire officiel des LithiumDays 2025, prévus à Hambourg les 8 et 9 octobre prochains, le Royaume s’engage dans une opération de promotion stratégique de l’écosystème industriel qu’il est en train de structurer autour des batteries électriques et des technologies de stockage d’énergie. Cet événement de référence, dédié aux acteurs du lithium et des technologies de stockage, constitue une vitrine de choix pour exposer le potentiel marocain auprès des géants européens du secteur, notamment allemands.
La participation marocaine sera portée par une délégation de haut niveau, conduite notamment par l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE) et le Groupe OCP. Objectif : démontrer que le pays dispose des arguments nécessaires pour intégrer, à moyen terme, les chaînes de valeur industrielles européennes liées à la transition énergétique. Ressources minières, main-d’œuvre qualifiée, position géographique stratégique, infrastructures logistiques en développement : autant d’atouts que Rabat entend valoriser pour capter une part croissante des investissements dans les batteries électriques et le stockage d’énergie.
Ressources, investissements et intégration européenne : la stratégie marocaine se structure
Le Maroc mise d’abord sur ses ressources naturelles pour séduire les industriels. Aux phosphates, dont il est l’un des premiers producteurs mondiaux, s’ajoute désormais le lithium, matière première incontournable dans la fabrication des batteries. Cette richesse minérale est un levier de souveraineté énergétique pour le pays, mais surtout un aimant pour les investisseurs étrangers, à commencer par les entreprises chinoises, particulièrement actives dans le développement de sites de production au Maroc.
C’est notamment le cas de Gotion High-Tech, société liée au constructeur allemand Volkswagen, qui construit actuellement une usine de batteries à Kénitra. Ce projet, d’une capacité initiale de 20 GWh, représente un investissement de 12,8 milliards de dirhams et prévoit la création de plus de 17.000 emplois, dont près de 2.300 profils hautement qualifiés. À terme, l’ambition est de porter cette capacité à 100 GWh, pour un volume d’investissement global de 65 milliards de dirhams. Il s’agira de la première gigafactory d’Afrique et du Moyen-Orient.
Dans la même dynamique, le groupe chinois BTR New Material a acté un partenariat avec les autorités marocaines en mars 2024 pour construire une usine de fabrication de cathodes à Tanger Tech. Ce site, d’une capacité annuelle de 50.000 tonnes, mobilisera 3 milliards de dirhams d’investissement et générera plus de 2.500 emplois. Il vise à approvisionner le marché régional en matériaux clés pour batteries lithium-ion.
À ces initiatives industrielles s’est ajoutée, fin juin 2025, l’inauguration par COBCO de la première usine marocaine de matériaux actifs pour batteries lithium-ion à Jorf Lasfar. Portée par une joint-venture entre le groupe marocain Al Mada et le géant chinois CNGR, cette unité mobilise un investissement colossal de 20 milliards de dirhams. Elle produira jusqu’à 120.000 tonnes par an de précurseurs NMC, et à terme 60.000 tonnes de cathodes LFP, répondant aux standards technologiques les plus avancés. Avec une capacité équivalente à 70 GWh, le site entend alimenter les marchés européens et nord-américains en composants stratégiques
Ces projets illustrent la volonté marocaine d’émerger comme une plateforme industrielle intégrée, capable de répondre aux besoins croissants de l’Europe en matière de stockage électrique. Le Royaume bénéficie en outre d’une proximité logistique avec l’Union européenne, un avantage géostratégique non négligeable à l’heure où les entreprises cherchent à relocaliser ou régionaliser leurs chaînes d’approvisionnement.
Enfin, la coopération énergétique entre Rabat et Berlin offre un terreau favorable à l’élargissement du partenariat aux batteries. L’Allemagne est déjà fortement impliquée dans plusieurs projets marocains liés aux énergies renouvelables – solaire, éolien, hydrogène vert – et pourrait, à travers les LithiumDays, envisager de nouvelles synergies industrielles autour du stockage.
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