Le Maroc a significativement renforcé sa position sur le marché international du blé russe, doublant ses importations pour atteindre des niveaux inédits au cours de la campagne agricole 2024-2025. Cette stratégie s’inscrit dans une démarche proactive de diversification des sources d’approvisionnement et de sécurisation des besoins nationaux en céréales, face aux défis posés par les aléas climatiques et leurs impacts sur la production locale.
Selon les récentes déclarations d’Igor Pavinsky, président du Centre analytique de la société « Rusagrotrans », rapportées par l’agence de presse russe Interfax, le Maroc a acquis près de 1,113 million de tonnes de blé russe jusqu’à fin juin dernier. Ce volume représente une augmentation de plus de 100% par rapport à la saison précédente, soulignant l’intensification des relations commerciales entre les deux nations dans le secteur agricole.
Cette performance place le Maroc parmi les nations qui ont le plus accru leurs importations de blé russe, avec une multiplication par 2,3 des volumes. Une telle progression est d’autant plus notable que d’autres acteurs majeurs du marché, comme l’Égypte, bien que restant le premier importateur avec plus de 8,06 millions de tonnes, ont enregistré une légère contraction de leurs achats (-1%). La Turquie et le Bangladesh suivent avec respectivement 3,05 millions et 2,82 millions de tonnes.
Le rapport de « Rusagrotrans » met également en lumière des dynamiques contrastées chez d’autres importateurs. L’Iran et l’Arabie Saoudite ont, par exemple, considérablement réduit leurs acquisitions, tandis que le Nigeria a vu ses importations de blé russe bondir de près de 300%, atteignant 1,054 million de tonnes. La Libye a également affiché une hausse de 10% de ses importations, et le Vietnam une augmentation spectaculaire de 280%, avec 550 000 tonnes importées.
Ces chiffres confirment la résilience et l’adaptabilité du marché du blé russe, qui continue d’explorer de nouvelles voies commerciales. Pavinsky a d’ailleurs mentionné la reprise des exportations vers la Sierra Leone, interrompues depuis 2016-2017, et la première livraison au Togo en trois ans, illustrant l’élargissement de la portée géographique des exportations russes.
Pour le Maroc, cette stratégie d’approvisionnement diversifiée est cruciale. Elle permet de pallier les déficits de production interne, exacerbés par des épisodes de sécheresse récurrents, et d’assurer la stabilité des prix sur le marché national. L’intensification des importations de blé russe s’inscrit ainsi dans une politique agricole visant à garantir la sécurité alimentaire du Royaume, tout en optimisant les coûts d’acquisition sur un marché mondial volatile.
L’évolution des importations marocaines de blé russe témoigne d’une adaptation stratégique aux réalités géopolitiques et climatiques, consolidant la position du Maroc en tant qu’acteur pragmatique et prévoyant sur la scène agricole internationale. Cette tendance devrait se maintenir, le Royaume cherchant à renforcer ses partenariats pour assurer une sécurité alimentaire durable à sa population.
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