Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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La ville d’El Jadida (capitale de la région des Doukkala), cité prestigieuse et historique, a connu des phases contrastées depuis l’indépendance du Maroc.
Au lendemain de l’Indépendance, si la transition administrative s’était passée globalement en douceur, celle, économique, en revanche, ne fut pas facile. Cette situation s’explique, selon Christian Feucher (in : Mazagan 1514-1956, p. 244), par le fait que la population musulmane, grandement marquée par son origine rurale, n’a pas eu accès, dans sa grande majorité, ni à l’enseignement, ni aux responsabilités économiques ou administratives. Ainsi, dans les premières années de l’Indépendance, El Jadida connut une période de régression économique.
Un gouverneur, El Houcine Layachi, fut nommé à la tête de la province. Ce responsable disposait d’un adjoint marocain et de deux conseillers français : l’un pour les affaires administratives, Pierre Azam (de septembre 1956 à septembre 1959), et l’autre, Yves Monnier pour les affaires économiques (de janvier 1957 à septembre 1959). Chargé du second volet, Yves Monnier conseillait le gouverneur sur les sujets dits sensibles. Le siège provincial était alors le bâtiment du contrôleur civil, plus tard transformé en musée de la Résistance. Les conseillers travaillaient au rez-de-chaussée et le gouverneur à l’étage.
À l’échelon municipal, l’aide française restait également indispensable. Rémi de Gaillande (1910-1977), après neuf années de carrière comme adjoint du chef des Services municipaux, continua au service de l’État chérifien en tant que conseiller technique du pacha d’El Jadida, Si Abderrahmane Tazi, de 1956 à 1960. Le personnel municipal comprenait alors des Marocains, des Français et quelques Algériens. L’adjoint du pacha était M. Bendahou. Durant cette période, les conseillers municipaux étaient nommés et non élus.
Les premières élections communales au Maroc n’auront lieu que le 29 mai 1960. Elles ont été organisées après une période de préparation marquée par l’élaboration d’une loi électorale et d’un nouveau découpage administratif, ainsi que par des débats concernant le mode de scrutin et les pouvoirs des conseils. À El Jadida après l’Indépendance, ces élections portèrent un jeune ittihadi de l’UNFP, Haj Moussa Samir (1921-2018), à la tête du premier conseil communal.
Le résistant Mohammed El-Meknassi sera nommé deuxième gouverneur de la province avant de se présenter comme candidat de l’UNFP aux élections législatives du 17 mai 1963. Il représenta ainsi la circonscription d’El Jadida au Parlement. Le docteur Abdelkrim El-Khatib est alors élu président du conseil municipal pour un premier mandat de 1963 à 1970. Il fut également le premier président du Parlement (1963-1965) composé suite à l’adoption de la constitution de 1962 qui fut soumise au référendum mais boycotté par l’UNFP.
Entretemps, pour des considérations administratives et politiques, la province d’El Jadida fut supprimée et rattachée à celle de Casablanca avec Si Mohammed Amor (ancien d’El Jadida) comme gouverneur. Mais ce rattachement à la métropole casablancaise ne dura qu’un temps et la province d’El Jadida fut rétablie en 1967 (décret Royal n°701-66 du 10 Juillet 1967). Salah Mzily (1930-2009), ancien secrétaire général de la province de Casablanca, sera nommé gouverneur de la province d’El Jadida.
En cette fin des années 1960, la ville reprit son essor économique et vécut un dynamisme culturel important. Elle devait ensuite sombrer dans une léthargie profonde qui dura près d’un quart de siècle.
Le scrutin communal du 12 novembre 1976 donna lieu à l’élection d’un nouveau conseil présidé par l’emblématique Mohammed Arsalane El-Jadidi. Ce scrutin s’est déroulé dans un contexte marqué par l’adoption d’une nouvelle charte communale qui a fait du président du conseil municipal l’organe exécutif essentiel.
Vinrent ensuite les élections communales de 1983. Celles-ci portèrent aux responsabilités un nouveau conseil municipal présidée par Tahar El-Mesmoudi de l’Union Constitutionnelle, parti créé en cette même année. La ville connut alors un véritable dynamisme grâce à la réalisation de divers chantiers. La cité obtint pratiquement tous les attributs d’une métropole : schéma directeur d’urbanisme, schéma directeur d’assainissement, université Chouaib Doukkali, zone industrielle, complexe culturel, complexe sportif, gare routière, gare de chemin de fer, marché de gros, terrains de golf (2) et établissements touristiques (3).
L’ancien siège de la municipalité (aujourd’hui à l’abandon) édifié par le protectorat français se trouva exigu dès la fin des années 1970. Un nouvel Hôtel de ville fut bâti près de la plage durant le mandat du président Mohammed Arsalane El-Jadidi. Ledit siège, spacieux et moderne, connaîtra un aménagement approprié suite aux directives de SM Hassan II lors de son inauguration, le 13 mars 1982. Ainsi, il fut ajouté deux tourelles, la surélévation de la partie centrale au niveau de la toiture, et la construction de deux lanterneaux.
La décennie 1980 commença avec trois années consécutives de sècheresse. La désolation s’abattit sur la campagne doukkalie conduisant à un exode rural vers El Jadida. Avec une forte croissance démographique, passant de 55 000 habitants en 1971 à 120 000 habitants en 1989, dont 11 000 étudiants et 5 000 employés dans les industries d’El Jadida et de Jorf Lasfar, port ultra-moderne d’exportation des phosphates, la ville se trouva à l’étroit. Le périmètre urbain d’une superficie de 2 500 hectares s’avéra insuffisant. Par vote au cours d’une session ordinaire du Conseil municipal tenue en avril 1989, fut prise la décision de l’augmenter de 5 750 hectares, amenant la superficie totale à 8 250 hectares.
Dans son étude Les flux de mobilité et la réorganisation des centralités dans l’agglomération d’El Jadida (2021), Mohamed Adib souligne que cette agglomération a vécu presque toutes les ruptures de l’histoire urbaine marocaine et dispose de toutes les formes d’urbanisation connues. La ville est alors composée d’un noyau urbain ancien (cité portugaise et médina) et des quartiers construits sous le Protectorat. Cette portion du tissu bâti, bien que dense et réduite dans l’espace, assure des fonctions diversifiées (souks tels que Lalla Zahra et Bouchrit, commerces de gros, kissaria…), mais également des fonctions administratives et des services. Les quartiers du péricentre sont ainsi le produit de l’urbanisation marocaine dans la deuxième moitié du 20e siècle.
El Jadida et sa banlieue, historiquement connue comme terroir à vocation agricole, se positionna sur deux autres secteurs : le tourisme et l’industrie. Elle est d’ailleurs la deuxième plus grande destination touristique au niveau de la région Casablanca-Settat. Toutefois, le secteur touristique reste timide comparé aux potentialités dont dispose la cité.
Deux ancrages territoriaux la caractérisent : sa côte atlantique et son héritage portugais qui a fait, depuis lors, l’objet d’une stratégie d’appropriation importante. Depuis mars 1987, El Jadida est reliée à Casablanca par une ligne de chemin de fer et, depuis 2006, par une autoroute d’une centaine de kilomètres.
Ville littorale, elle a vu sa côte confrontée à une urbanisation galopante et une biodiversité menacée. L’explosion démographique et les changements dans la structure de la population devaient poser des difficultés sérieuses dans maints domaines et notamment ceux de l’habitat, de l’approvisionnement, des transports et des infrastructures éducatives et de santé. L’extension de la ville posa également des problèmes en matière d’assainissement solide et liquide. D’une superficie de 40 hectares, constituée de trois carrières anciennement exploitées, la décharge de la ville à ciel ouvert, située au milieu de zones résidentielles, fut opérationnelle de 1983 à 2006. Elle fut transférée, par la suite, vers la commune de Moulay Abdellah.
D’autres difficultés apparaîtront à la suite des inondations spectaculaires de décembre 1996 et janvier 1997 ainsi que celles liées aux problèmes de l’habitat informel. En cette année-là, la province d’El Jadida appartenait à la région de Doukkala-Abda. Avec le nouveau découpage administratif du 20 février 2015, elle fait partie de la région de Casablanca-Settat.
Mais comment se fait-il qu’un demi-siècle après, certains défis persistent et ce malgré les atouts de la ville et de sa province en général ? Ce questionnement fit l’objet d’une lettre ouverte de Salah Mzily, ancien gouverneur de cette province, publiée le vendredi 18 août 2000 dans le quotidien Al-Bayane sous le titre « Lettre à cœur ouvert aux élus des Doukkala ». Cet ancien haut responsable, après avoir minutieusement décliné les différentes potentialités dont jouissaient ce terroir, conclut que : « Il est temps que les élus, tous les élus de cette grande province se mobilisent davantage dans un cadre de syndicat intercommunal, afin de sauver cette future « Côte d’Azur » dont dépend le bonheur économique de cette région, dans le présent comme dans le futur ».
Ce fut à ces problèmes que furent confrontés les différents gestionnaires de la ville, élus et agents d’autorité. Pendant près d’un demi-siècle, de 1956 à 2002, la ville connut cinq présidents du Conseil communal : Haj Moussa Samir entre 1960 et 1963, docteur Abdelkrim El-Khatib de 1963 à 1970 et de 1970 à 1976, Mohammed Arsalane El-Jadidi pendant deux mandats de 1976 à 1983 et de 1992 à 1997, Tahar El-Mesmoudi entre 1983 et 1992 et Ahmed Fayçal El-Kadiri de 1997 à 2002.
Mais, il est surprenant de constater que sur environ 200 élus municipaux au long de ladite période, aucune femme n’y figurait. Ce ne fut qu’au lendemain des élections communales de 2003 qu’une seule femme fut élue en la personne de Mimouna Mehrez, médecin affiliée au parti de gauche, l’USFP. La sous-représentation des femmes dans les conseils municipaux marocains était encore une réalité persistante.
El Jadida avait également cette chance d’être dirigée par des personnalités d’envergure nationale, issues de la cité, ayant la capacité et le charisme nécessaires pour gérer la chose publique. Cependant les réalités du terrain étaient plus complexes. Car, comme l’explique El Mostafa Larhnimi (rencontré le mardi 5 août 2025), ancien vice-président, chaque Conseil devait surmonter deux fragilités inhérentes à la nature humaine : la capacité intellectuelle et comportementale des élus d’une part, celle du personnel communal, d’autre part.
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