Dans Son discours à la Nation prononcé à l’occasion du 26e anniversaire de son accession au Trône, le Roi Mohammed VI a réaffirmé le positionnement du Maroc en tant que pays émergent, compétitif et ouvert. Le Souverain a également insisté sur l’importance d’un développement économique inclusif et mieux ancré dans les territoires, appelant à une nouvelle approche intégrée du développement.
En ce 29 juillet 2025, le Roi Mohammed VI a livré un discours à la Nation à l’occasion de la Fête du Trône. Dans cette allocution marquant plus d’un quart de siècle de règne, le Souverain est revenu sur les fondements de la politique de développement du Royaume, en mettant en avant la solidité des choix opérés depuis deux décennies, la stabilité institutionnelle du pays et les acquis industriels, énergétiques et logistiques du Maroc.
Le Souverain a affirmé que le Royaume s’est employé à bâtir une économie compétitive, plus diversifiée et plus ouverte, soulignant que l’économie nationale est désormais liée à plus de trois milliards de consommateurs à travers le monde, grâce aux accords de libre-échange. Il a également mis l’accent sur la montée en puissance de plusieurs secteurs industriels structurants – automobile, aéronautique, énergies renouvelables, agroalimentaire et tourisme – qui constituent désormais des leviers essentiels de l’économie du pays.
Mais le discours du Trône ne s’est pas arrêté à la seule performance macroéconomique. Il a aussi porté un regard exigeant sur les déséquilibres territoriaux encore présents et a appelé à une nouvelle génération de programmes de développement territorial fondés sur la valorisation des spécificités locales, la régionalisation avancée et la solidarité entre les entités territoriales.
Un appel à la consolidation d’un Maroc équilibré
Commentant pour Hespress FR le discours royal, le professeur de droit public à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Ibn Tofaïl, Azzeddine Hannoun, livre une analyse approfondie de ce qu’il considère comme une orientation royale claire en faveur d’un développement plus équitable et mieux réparti à travers le territoire national.
« Le discours royal de ce 29 juillet s’inscrit dans la continuité d’un récit stratégique où le Maroc affirme son positionnement en tant que pays émergent, fort d’une stabilité politique, d’infrastructures modernes et d’un tissu économique de plus en plus diversifié. Mais ce qui marque particulièrement ce discours, c’est la volonté assumée de faire converger le développement économique vers une finalité plus inclusive, plus équitable et mieux territorialisée », indique Hannoun.
Selon lui, « l’accent mis sur la vision de long terme et la pertinence des choix stratégiques opérés — notamment dans les secteurs industriels de pointe comme l’automobile, l’aéronautique, ou les énergies renouvelables — témoigne d’un cap clair, en phase avec les grandes transitions mondiales. Mais le discours ne se contente pas d’énumérer des réussites : il opère aussi un virage important vers la territorialisation du développement, en appelant à dépasser les canevas classiques du développement social ».
Le professeur de droit public y voit la confirmation d’un cadre politique déjà amorcé : « il s’agit d’un paradigme politique et économique qui, certes, n’est pas nouveau ; mais plutôt réitéré en tant qu’élément structurant des politiques publiques de développement ».
Et d’ajouter : « C’est là une reconnaissance implicite d’un défi central : celui des inégalités territoriales persistantes. En mettant en avant la “mise à niveau territoriale intégrée” et la valorisation des spécificités locales, le Souverain trace une feuille de route pour régler la question des fractures régionales. Il s’agit désormais de faire en sorte que les dynamiques de croissance ne restent pas concentrées dans les pôles traditionnels, mais irriguent l’ensemble du territoire national ».
Hannoun alerte également sur les échéances à venir : « or, en raison des échéances importantes en lien notamment avec la Coupe du monde 2030, il existe un réel risque de concentration des grands projets de développement dans les grands pôles concernés par cette échéance. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’on pourrait analyser ces Orientations Royales. Les échéances stratégiques liées aux engagements du Royaume ne devraient pas nous faire oublier l’essentiel : le développement devrait être au service de l’humain d’où la centralité du développement humain. Les territoires qui ne sont pas concernés directement devraient bénéficier autant que les autres territoires ».
Enfin, le professeur souligne la portée des résultats déjà enregistrés, tout en appelant à les inscrire dans une dynamique durable : « la baisse de la pauvreté multidimensionnelle et l’entrée du Maroc dans la catégorie des pays à “développement humain élevé” selon l’IDH sont des indicateurs encourageants. Mais le discours montre que ces progrès doivent s’accompagner d’un développement à échelle humaine, sensible aux réalités locales et soutenu par une gouvernance territoriale modernisée, fondée sur la complémentarité et la solidarité entre les régions ».
Et de conclure : « en somme, ce passage du discours est un appel à la consolidation d’un Maroc équilibré, où les dynamiques économiques ne sont pas une fin en soi, mais un levier de dignité et de cohésion sociale, à travers une approche de développement qui place l’humain et le territoire au cœur de l’agenda national ».
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