Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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Le vendredi 31 octobre 2025 restera sans doute gravé dans la mémoire collective marocaine comme une date charnière. Ce jour-là, le Conseil de sécurité des Nations unies adoptait une résolution qualifiée d’« historique », marquant un infléchissement majeur dans le long processus de règlement du différend autour du Sahara marocain.
Dans un discours adressé à la nation, le Roi Mohammed VI a présenté ce tournant non seulement comme une consécration diplomatique, mais aussi comme une opportunité historique de clôture d’un conflit longtemps perçu comme artificiel par les autorités marocaines.
Derrière les formules solennelles et les références symboliques se dessine une stratégie politique fine, une diplomatie patiente, et une vision sociétale qui méritent une analyse approfondie.
Le Roi souligne que « les deux-tiers des États membres des Nations Unies considèrent désormais que l’Initiative d’Autonomie est le seul cadre qui vaille ». Ce chiffre traduit une dynamique réelle : le Maroc a réussi, au fil des années, à transformer un conflit territorial en une question de gouvernance locale, en déplaçant le débat du droit à l’autodétermination vers celui de l’autonomie administrative.
Cette évolution n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans une stratégie diplomatique longue, initiée dès les années 2000, mais intensifiée après la reconnaissance par les États-Unis, en 2020, de la souveraineté marocaine sur le Sahara.
Le discours royal ne manque pas de saluer cette reconnaissance, tout en étendant ses remerciements à d’autres puissances – France, Royaume-Uni, Espagne, Russie, Union européenne – qui ont, selon lui, contribué à cette inflexion.
Ce faisant, le Maroc se positionne non seulement comme acteur régional, mais comme partenaire stratégique dans un espace sahélien en proie à l’instabilité.
L’un des aspects les plus novateurs du discours est la manière dont il redéfinit le Sahara : non plus comme un territoire disputé, mais comme un levier de développement régional.
Le Roi insiste sur la transformation des « Provinces du Sud » en « pôle de développement et de stabilité » et en « axe central de l’activité économique ». Cette vision s’inscrit dans une logique de normalisation : en intégrant le Sahara dans les circuits économiques régionaux et internationaux, le Maroc cherche à rendre toute remise en cause de son statut quasi impossible sur le plan pratique.
Cette stratégie économique s’accompagne d’une dimension symbolique forte. Le discours est prononcé à la veille des anniversaires simultanés de l’Indépendance (1956) et de la Marche Verte (1975). En liant ces deux événements, le Roi tisse une continuité historique entre la libération du territoire national et l’intégration du Sahara, présentée comme l’achèvement de l’œuvre d’indépendance. C’est une manière subtile de légitimer la présence marocaine au Sahara non pas comme une annexion, mais comme un retour à l’unité naturelle du Royaume.
Si le ton du discours est triomphaliste, il n’est pas triomphal. Le Roi insiste à plusieurs reprises sur le fait que le Maroc ne cherche pas à humilier ses adversaires, mais à « sauver la face de toutes les parties ». Cette formulation est révélatrice d’une posture politique mature : le Maroc veut clore le dossier, non par la force, mais par la négociation, en offrant une issue honorable à ses interlocuteurs, en particulier aux populations des camps de Tindouf.
L’appel lancé à ces dernières est empreint d’une rhétorique fraternelle : « retrouver les leurs », «contribuer à la gestion des affaires locales », « construire leur avenir dans le giron du Maroc uni ». Il s’agit là d’une stratégie d’inclusion plutôt que d’exclusion, visant à désamorcer les griefs identitaires en proposant une citoyenneté pleine et entière, sans distinction. Cette approche contraste avec les discours nationalistes plus rigides, et témoigne d’une volonté de construire une nation inclusive, même dans un contexte de revendication territoriale.
Le discours contient également un message adressé à l’Algérie, qualifiée non pas d’adversaire, mais de « frère ». L’invitation au président Tebboune à engager un « dialogue fraternel sincère » est significative. Elle marque une volonté de sortir de la logique de confrontation pour entrer dans celle de la coopération régionale.
Le Roi lie explicitement la résolution du différend saharien à la relance de l’Union du Maghreb arabe, institution longtemps paralysée par les tensions entre Rabat et Alger.
Cette ouverture ne doit pas être lue comme un signe de faiblesse, mais comme une manœuvre stratégique. En position de force diplomatique, le Maroc peut se permettre de tendre la main, non pour céder, mais pour consolider sa position en tant qu’acteur incontournable de la stabilité régionale.
Le discours du 31 octobre 2025 incarne une diplomatie patiente, méthodique, qui allie fermeté sur les principes et ouverture sur les modalités. Il traduit une vision du Maroc comme nation unie, souveraine, mais aussi comme acteur régional engagé dans la stabilité et le développement. Derrière les références religieuses et historiques se profile une stratégie moderne, ancrée dans les réalités géopolitiques contemporaines.
Ce tournant onusien n’est sans doute pas la fin de l’histoire, mais il en marque un chapitre décisif. Le Maroc semble avoir compris que la victoire diplomatique ne se mesure pas seulement en termes de reconnaissance, mais aussi en capacité à offrir une issue pacifique, inclusive et durable.
C’est peut-être là la véritable marque d’un État mûr, capable de transformer ses succès en opportunités de réconciliation.
*Chercheur Sciences Politiques
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