Face aux limites du programme actuel d’assurance multirisque climatique pour l’arboriculture fruitière, le ministère de l’Agriculture prépare une réforme ambitieuse visant à renforcer la couverture des risques climatiques. L’objectif est de bâtir un système plus efficace, accessible et durable, appuyé sur un partenariat public-privé et une gouvernance modernisée.
L’agriculture, secteur vital pour le Maroc, fait face à des défis majeurs liés à la variabilité climatique. La dépendance importante à l’agriculture pluviale expose particulièrement l’arboriculture fruitière à des aléas tels que la grêle, le gel ou encore les excès d’eau. Malgré un programme lancé en 2013 pour assurer les vergers contre ces risques, le dispositif peine à atteindre ses objectifs. Pour répondre à cette situation, le ministère de l’Agriculture prépare une refonte complète du système assurantiel. Cette réforme vise à renforcer la résilience des producteurs, à étendre la couverture des surfaces assurées et à moderniser la gestion des risques, notamment par un recours accru au secteur privé.
Un nouveau modèle assurantiel pour répondre aux enjeux climatiques
Depuis le lancement de la garantie climatique pour l’arboriculture fruitière en 2013-2014, le taux de couverture des surfaces plantées reste faible, ne dépassant pas 15 % de l’objectif initial de 50.000 hectares. Plusieurs facteurs expliquent ce succès limité : des primes jugées trop élevées pour les exploitations modestes, des garanties parfois insuffisantes pour les plus grandes, ainsi que des procédures complexes de déclaration des sinistres. À cela s’ajoutent les difficultés inhérentes à l’assurance arboricole, notamment la forte variabilité naturelle des rendements et la concentration géographique des vergers.
Par ailleurs, la montée en puissance des aléas climatiques, caractérisée par un réchauffement des températures, une baisse des précipitations et une diminution de l’humidité des sols, rend la situation plus délicate. La contribution croissante de l’État pour soutenir le programme actuel devient difficilement soutenable sur le long terme. Il devient donc impératif d’adopter un dispositif plus adapté, durable et capable de couvrir une plus large part des exploitations agricoles.
Le ministère de l’Agriculture, soutenu par l’Agence française de développement (AFD), s’engage dans cette voie avec l’ambition de couvrir à terme 300.000 hectares en arboriculture fruitière et 2,2 millions d’hectares pour les grandes cultures. Cette évolution repose sur la mise en place d’un système d’assurance hybride, fondé sur un partenariat entre acteurs publics et privés. Cette organisation doit permettre d’optimiser la contribution publique tout en mobilisant l’expertise et les capacités du secteur privé, notamment des assureurs et réassureurs.
La réforme vise aussi à simplifier et accélérer les procédures de gestion des sinistres, en introduisant une expertise plus efficace pour évaluer les pertes. Elle entend également encourager des pratiques agricoles plus résilientes aux risques climatiques. Par exemple, la micro-assurance jouera un rôle important pour rendre l’offre accessible aux petits producteurs, grâce à des canaux de distribution innovants comme les coopératives ou les opérateurs téléphoniques.
Pour accompagner ce changement, un expert sera recruté afin de concevoir la nouvelle offre, d’évaluer l’impact du changement climatique sur les filières à moyen et long terme, et de poser les bases techniques et financières du futur dispositif. Des outils de simulation et un modèle de tarification différencié selon les cultures et les zones seront élaborés. Enfin, deux voyages d’études en Espagne et en Turquie permettront de s’inspirer d’expériences réussies, dans le but de bâtir un système assurantiel marocain plus inclusif et mieux adapté aux défis à venir.
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