Les accidents mortels provoqués par les jet-skis sur les plages du Royaume au cours de la saison estivale actuelle continuent de susciter de vives inquiétudes, en raison de l’absence d’un encadrement juridique clair et strict.
À la suite du décès tragique d’un jeune homme percuté par un jet-ski dimanche dernier, la section de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Nador a tiré la sonnette d’alarme, soulignant « l’urgence d’instaurer un cadre légal et réglementaire rigoureux encadrant l’utilisation des motomarines et les activités nautiques ». L’organisation recommande également de dédier des zones spécifiques éloignées des espaces de baignade et d’assurer des patrouilles de contrôle efficaces durant toute la saison estivale.
Ces drames à répétition ravivent les interrogations autour du projet de loi sur la navigation de plaisance, les embarcations de loisir et les engins nautiques motorisés, dont on est sans nouvelles depuis cinq ans.
Ali Chtour, président de l’Association marocaine de défense du consommateur, estime que la sécurité des estivants durant l’été constitue une responsabilité capitale incombant au gouvernement marocain.
Dans une déclaration à Hespress, il affirme que la présence de jet-skis au sein même des zones de baignade représente « un danger immédiat pour la vie des citoyens, une source de désordre, et une menace à la tranquillité publique, notamment en l’absence d’espaces maritimes séparés réservés à ces engins ».
Il insiste sur la nécessité de répartir les différentes pratiques nautiques dans des zones bien définies, éloignées des lieux de baignade, considérant qu’un tel aménagement favoriserait la sécurité et le confort des estivants, tout en assurant le maintien de l’ordre sur les plages.
Le militant appelle également à mettre fin aux pratiques anarchiques liées à l’usage des jet-skis, en appliquant fermement les lois dissuasives déjà en vigueur au Maroc, mais qui, selon lui, ne sont que rarement mises en œuvre avec la rigueur nécessaire. Il souligne par ailleurs l’importance de l’intervention du pouvoir judiciaire pour consacrer le principe de répression légale, et s’interroge sur le sort du processus de régulation des motomarines au Maroc.
Pour sa part, Mehdi Lemina, acteur associatif, considère que les phénomènes en expansion au Maroc ne peuvent être appréhendés uniquement par le prisme de la législation répressive.
Dans sa déclaration à Hespress, il rappelle que l’activité des jet-skis, en tant que pratique estivale, « contribue à la création d’emplois temporaires et stimule l’économie locale dans plusieurs zones côtières ».
Il estime que « la solution ne réside pas uniquement dans la sanction, mais aussi dans la sensibilisation de la société et la création de clubs nautiques chargés d’organiser et d’encadrer cette activité dans un cadre légal et formatif ». À ses yeux, ces structures sont en mesure de concilier loisir, sécurité et formation.
Il note enfin que « la majorité des usagers ne respectent pas les règles de sécurité et ignorent les risques encourus, ce qui entraîne une pratique anarchique et préoccupante de ce sport ». Or, celui-ci devrait, selon lui, relever d’une activité noble, encadrée, et à fort potentiel économique. C’est pourquoi il prône le renforcement de la sensibilisation et l’aménagement de circuits maritimes réservés, qu’il considère comme une réponse préventive et efficace.