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Le Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose a vibré, vendredi soir, au rythme de la parole contée. Parents et enfants, assis sur des nattes, ont vécu une soirée hors du temps, organisée par la Maison de l’oralité et du patrimoine «Kër Leyti». L’événement, devenu un rendez-vous annuel, avait pour thème : «Contons les valeurs, contons le civisme, contons l’Afrique.»
Par Ousmane SOW – Dans la cour du Grand Théâtre, la parole a régné en maîtresse. Le conte n’était pas qu’un divertissement. Il était un tribunal symbolique où les récits jugent notre époque. Un tribunal de l’art oratoire, selon Dr Massamba Guèye, maître-conteur, enseignant-chercheur et écrivain, par ailleurs initiateur de l’événement. «Ecoutez ces voix qui vous rappellent qui vous êtes», a-t-il lancé à un public attentif, presque recueilli. Parents et enfants, ils étaient venus nombreux pour écouter et comprendre. Comprendre pour apprendre. A travers cette Nuit du conte, c’est donc une pédagogie des valeurs qui s’est déployée dans une ambiance conviviale. Le dîner traditionnel servi sur place a complété cette veillée culturelle africaine sous les étoiles. Une manière de «nous ancrer dans nos valeurs traditionnelles et culturelles», selon Alioune Diop, journaliste culturel. Ce dernier a salué l’intégration du récit dans l’agenda culturel et touristique du pays. «Heureusement qu’il y a Massamba Guèye et d’autres qui intègrent l’art du récit dans l’agenda culturel et touristique du Sénégal. C’est une rencontre à encourager, à soutenir. Aujourd’hui, on a beaucoup appris. Le conteur, c’est celui qui transmet des conseils sages. Et ce soir, tout le monde est concerné», s’est réjoui le journaliste culturel. Pour Alioune Diop, la soirée dépasse le spectacle. «On a d’autres Africains qui sont là. Le panafricanisme est palpable ici. Dans les langues, les gestes, les récits. On sent une Afrique qui se parle à elle-même. On doit s’ancrer dans nos valeurs, être jaloux de notre patrimoine. Il faut qu’on s’approprie notre histoire, que nous-mêmes nous la racontions», insiste-t-il. Et cela, Binda Ngazolo, conteur camerounais, l’a bien compris. Sur scène, il raconte. Il improvise. Il glisse quelques mots en langue maternelle. Les enfants écoutent. «La transmission, c’est notre mission à tous», lâche-t-il plus tard. Il rappelle que le récit oral, bien loin d’être un folklore désuet, constitue un socle identitaire en perpétuelle réinvention.
Présent également, l’écrivain et conteur Babacar Mbaye Ndaak a plaidé pour une revalorisation du conte dans tous les espaces sociaux, y compris les médias. «Il faut aménager dans les télévisions, des heures de contes. Mais il faut aussi que, dans les familles, les gens content avec leurs enfants», a-t-il recommandé. Le défi, selon lui, est de réconcilier une société «brisé, torturée par des siècles de domination», avec son histoire et sa culture authentiques. «Il faut retrouver notre mémoire pour installer nos identités. Il s’agit aujourd’hui de retrouver l’histoire qui nous propulse en avant. Chacun doit se retrouver dans son identité au service du Sénégal, parce que la grande Patrie, c’est le Sénégal», explique le parolier. Passionné par les arts du récit, Babacar Mbaye Ndaak a également insisté sur la capacité d’adaptation du conte face aux mutations culturelles. «Moi, quand je conte, il m’arrive souvent de rapper, parce que les jeunes avec qui je parle sont nés dans la génération du rap et du slam. On peut conter pour nos enfants sans être des professionnels. Le conte véhicule les valeurs. Et ce sont les valeurs que nous devons transmettre. Si on ne transmet pas, on tombe en panne», fait-il savoir.
ousmane.sow@lequotidien.sn
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