Pour mieux gérer le stress, l’alumni des anciens stagiaires sénégalais de la Corée (ALASCO) a tenu une conférence de sensibilisation sur la santé mentale. Cette activité a été organisée à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar avec les étudiants du département de psychologie. Selon la présidente de l’ALASCO, Fama Cissé Thiam, le thème choisi touche beaucoup au sein de la population. « Le stress affecte les travailleurs, la famille, la vie en général. Nous avons développé le thème de la santé mentale devant les étudiants qui constituent vraiment une frange de la population dont on doit se rapprocher le plus possible », dit-il. Et de poursuivre : » Ils sont appelés demain à être les dirigeants de ce pays et dans tous les centres d’activité. Il faudrait vraiment qu’on veille sur leur santé mentale et sur les bonnes conditions d’études ». Elle rassure que ce genre d’activité sera pérennisé pour le bien-être des étudiants et en toucher le maximum.
Pour l’enseignante-chercheure à l’université Cheikh Anta Diop au département de psychologie en charge des enseignements de psychologie clinique et de psychopathologie, Soukeyna Diop, la sensibilisation sur la santé mentale fait face à la stigmatisation. » On aura tendance à avoir peur de se déclarer comme étant quelqu’un qui est en difficulté ou alors qui souffre d’une forme de mal-être parce qu’on aura d’abord peur du regard des autres. Mais aussi, il y a cette impression que si jamais on se déclare comme étant en difficulté, les personnes vont penser que c’est parce que c’est nous qui ne sommes pas à la hauteur ou nous sommes faibles », dit-elle. Et de poursuivre: »Cela insinue que l’on doit être fort pour montrer une capacité de résistance à ce qui nous arrive. Or tout le monde ne peut pas faire face à toutes les situations tout le temps. Tout le monde a besoin de soutien pour faire face aux situations de la vie parce que la vie est difficile et on peut rencontrer toute forme de difficulté dans la vie. Nous avons besoin d’être soutenus pour arriver au bout ». A l’en croire, en développant une forme de confiance en soi dont une grande partie est soutenue par comment est-ce que les autres nous aident et nous écoutent. « Si par exemple dans notre famille, on nous dévalorise, on a plus de difficultés à avoir une bonne image de soi. Or quand on est enfant par exemple, on ne peut rien faire pour s’opposer à une famille qui nous dévalorise », explique-t-elle. Et de renchérir : » Ce sont des difficultés qui impactent sur l’adaptation sociale et sur le bien-être. Elle fait noter que les Sénégalais sont devenus individualistes. « Nous commençons à perdre notre côté communautaire. « Nous avons la communauté mais dans l’individualisme, c’est-à-dire qu’on doit prendre aux uns et aux autres mais on ne doit pas s’entraider les uns les autres. Par exemple, quand on va aller voir un parent pour lui demander quelque chose pour nous aider, on ne va pas s’inquiéter », justifie-t-elle.
Revenant sur l’importance de discuter de la santé mentale aux étudiants, la psychologue rappelle qu’il y a plusieurs drames dans la société sénégalaise. « L’année dernière, deux étudiants d’université ont eu des situations tellement difficiles de santé mentale qu’ils en sont arrivés à mettre fin à leurs jours. Et je pense qu’on ne peut pas ne pas prendre de leçons de ce qui est arrivé avec une véritable action de prévention qui est nécessaire pour que les personnes ne se retrouvent pas dans une telle détresse, dans une telle souffrance qu’ils pensent que mourir est mieux que vivre. Il y a une vraie nécessité de prendre au sérieux ces difficultés que ces personnes ont traversées pour pouvoir prévenir et aider les personnes qui peut-être sont aussi en souffrance mais peut-être n’ont pas forcément la capacité de mettre en place une démarche d’aide parce qu’il n’y a pas forcément assez de ressources humaines pour aller vers eux », argumente-t-elle.