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La lutte sénégalaise est bien plus qu’un sport : elle est une institution sociale et culturelle, un théâtre de bravoure, un creuset d’identité. Pourtant, cette discipline mythique peine à évoluer. Mal structurée, dépourvue d’une logique professionnelle et soumise à des improvisations répétées, elle semble aujourd’hui à bout de souffle. L’adoption, le 21 juillet 2025, du chronogramme de mise en place de la Fédération sénégalaise de lutte (Fsl) par la Direction des activités physiques et sportives constitue une opportunité historique : celle de refonder en profondeur notre lutte nationale. Mais au-delà de la forme fédérative annoncée, une vision audacieuse s’impose : la création d’une Ligue nationale de lutte, moderne, professionnelle, enracinée dans nos traditions.
Une Ligue autonome, structurée et professionnelle
Le premier acte de cette refondation doit être le remplacement du Comité national de gestion (Cng) par une Ligue nationale de lutte, indépendante, structurée, portée par une vision. Celle-ci réunirait des écuries professionnelles, créées ou consolidées par les promoteurs existants, avec des effectifs encadrés et classés en trois catégories de poids : poids lourds, mi-lourds et légers. Cette orientation s’inscrit dans la Phase 1 du chronogramme (21 juillet-11 août 2025), qui prévoit la structuration de base à travers la régularisation des écuries et associations. Elle gagnerait à être prolongée par la transformation des écuries en clubs professionnels, dotés de statuts, d’encadrements techniques et d’objectifs sportifs clairs.
Des titres clairs et inspirés de notre imaginaire collectif
Plutôt qu’un unique «Roi des arènes» dont le titre est devenu flou et contesté, chaque catégorie de poids devrait avoir son propre titre symbolique :
• Le Roi pour les poids lourds
• Le Prince pour les mi-lourds
• Le Chevalier (ou Général) pour les poids légers
Ce système, à la fois compétitif et inspiré, apporterait lisibilité, motivation et prestige, en remettant en valeur l’exploit sportif dans le respect des gabarits.
Des écuries identifiées, valorisées, enracinées
Les écuries ne doivent plus être des entités informelles. Elles porteront désormais :
• un écusson
• des couleurs distinctives
• un nom protégé
et auront la possibilité d’acheter ou de transférer des lutteurs, à l’image des ligues professionnelles.
Cette réforme donnera naissance à un sentiment d’appartenance fort et encouragera une rivalité sportive saine, propice au développement d’un véritable championnat.
Des combats réguliers, codifiés et organisés en championnat
La saison sportive de lutte sénégalaise devra reposer sur un calendrier rigoureux :
Samedi : combats des poids légers et mi-lourds
Dimanche : combats des poids lourds
Chaque combat se jouerait en deux rounds (avec un troisième en cas d’égalité), permettant une lecture plus claire des performances. Les lutteurs engrangeraient des points, avec un classement par catégorie et une cérémonie de fin de saison pour sacrer les meilleurs.
Uniformes modernisés, traditions magnifiées
Moderniser ne signifie pas occidentaliser. L’esthétique de la lutte doit être repensée :
• des blousons inspirés des habits africains
• des gants adaptés pour la sécurité
• des tenues homogènes et identifiables par écurie
Chaque combat deviendra ainsi un spectacle visuel, à la fois enraciné et novateur, capable de sublimer nos arènes sans les trahir.
Rémunération équitable et professionnalisation
Aujourd’hui, les écarts de revenus entre lutteurs sont souvent injustifiés. La Ligue devra instaurer une grille salariale claire, basée sur :
• la catégorie de poids
• le palmarès
• la popularité
Ceci permettra aux jeunes talents d’embrasser une carrière sportive viable, valorisant le mérite, la discipline et l’engagement.
Produits dérivés
et économie de la lutte
Une Ligue bien organisée, c’est aussi une économie génératrice d’emplois :
• cartes à collectionner des lutteurs
• vêtements, accessoires et jouets à leur effigie
• billetterie numérique, sponsoring, droits Tv
La lutte deviendrait alors un levier de développement local, au-delà du seul spectacle sportif.
Une réforme dans l’esprit du chronogramme officiel
Le chronogramme officiel de la Fsl, qui s’achève le 8 novembre 2025 par l’élection de la Fédération, doit être l’acte fondateur de cette transformation profonde. Les différentes phases prévues, structuration de base, cadre juridique, structuration territoriale et nationale, offrent le cadre administratif idéal pour instaurer cette révolution structurelle et culturelle.
Moderniser sans trahir : une révolution sénégalaise
Cette réforme ne tourne pas le dos à notre patrimoine. Elle l’organise, le protège, le magnifie, en lui offrant les outils de son rayonnement national et international. Elle fait de la lutte un sport de haut niveau, mais toujours habité par notre génie culturel.
Le temps des demi-mesures est révolu. Il faut une vision, une audace, une rigueur. Et surtout, une foi nouvelle en la capacité de notre lutte à devenir moderne, équitable, enracinée et prospère.
L’article Réformer la lutte sénégalaise : Pour une Ligue nationale moderne et enracinée dans nos traditions est apparu en premier sur Lequotidien - Journal d'information Générale.