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Face à l’empilement des difficultés dans l’enseignement supérieur, retards dans les chantiers pédagogiques, déficit budgétaire, effectifs pléthoriques, dérèglement du calendrier universitaire, manque d’enseignants, cycles qui s’étirent indéfiniment le Sénégal entame un vaste chantier de refondation. C’est dans cette perspective qu’a été lancé, jeudi 17 juillet, l’Agenda national de Transformation de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (ANTESRI 2050), en présence de l’ensemble des acteurs du secteur.
L’initiative se veut un tournant. Elle ambitionne de bâtir une université à la hauteur des attentes de ses principaux bénéficiaires. Les étudiants, en première ligne, ont exprimé leurs doléances avec clarté. « Au nom des étudiants, nous ne voulons plus faire une licence en cinq ans au lieu de trois. Nous ne voulons plus d’un master qui s’éternise et qui nous oblige à demander la bourse d’accompagnement pour survivre. Nous ne voulons plus d’une université qui forme des chômeurs. Nous ne voulons plus de systèmes qui abandonnent certains en chemin, sans aucun mécanisme de récupération », a déclaré Serigne Gackou Aidara, porte-parole des étudiants.
Du côté du corps professoral, le diagnostic est tout aussi implacable. David Célestin Faye, représentant du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES), a insisté sur la nécessité d’évaluer de manière critique les grandes orientations prises ces dernières années dans le secteur. Il a rappelé que cette refondation devait tenir compte à la fois des recommandations issues de la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur (CNAES) et des directives des Assises de l’éducation.
Toutefois, il a précisé que toute réforme d’ordre pédagogique ou scientifique devra impérativement passer par les instances académiques compétentes, conformément à la loi sur les franchises universitaires. Les personnels administratifs, techniques et de service (PATS), par la voix de Souleymane Gaye, ont également exposé leurs at-
tentes. Ils demandent la prise en compte de leur plan de carrière dans l’agenda de transformation, ainsi que leur formation dans un centre dédié au sein des universités. L’objectif : mieux accompagner le système vers la performance, à travers une meilleure mobilité interuniversitaire et des voyages d’imprégnation pour certaines catégories du personnel.
Recteur de l’Université Amadou Makhtar Mbow, le Pr Ibrahima Cissé, représentant des recteurs, a salué le lancement de l’ANTESRI, qu’il qualifie de « jalon décisif » dans la refondation de l’enseignement supérieur. Pour lui, ce processus vise à réorienter durablement le secteur vers plus de qualité, de pertinence et d’impact, en phase avec les aspirations de la jeunesse et les exigences du développement national, dans toutes ses dimensions – économique, sociale et culturelle.
Mais cette ambition, a-t-il souligné, exige un regard sans complaisance sur les réformes précédentes. Il appelle ainsi à dresser un bilan critique de la CNAES, à imaginer un modèle de financement « durable, équitable et incitatif », et à soutenir l’innovation pédagogique ainsi que la performance institutionnelle. Ce modèle devra également assurer l’accessibilité et l’équité pour tous les étudiants.
L’urgence, selon lui, est aussi d’ordre structurel. Il plaide pour l’achèvement rapide des chantiers entamés dans les universités, et un recrutement massif d’enseignants-chercheurs. Autant de conditions nécessaires à la stabilité académique, au respect du calendrier universitaire et à la crédibilité du système, dans un contexte d’internationalisation croissante.
Président du comité de pilotage de l’Agenda, le Pr Bouba Diop a conclu en rappelant l’ampleur des défis. « Nous sommes conscients de la diversité des acteurs et des porteurs d’enjeux, de l’ampleur des attentes. Notre attitude sera faite d’écoute, de rassemblement des savoirs et savoir-faire, de respect, de dépassement et de pragmatisme. »
Par-delà les discours, c’est donc un immense travail de fond qui commence. L’ANTESRI 2050 devra éviter l’écueil des réformes formelles sans impact. Il s’agira cette fois d’inscrire l’université sénégalaise dans un nouveau pacte de confiance, avec pour horizon une transformation véritable, au service du développement et de la dignité des jeunes.
MARIAME DJIGO
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