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À l’heure où le Sénégal s’emploie à stabiliser son climat social dans un contexte économique et budgétaire contraint, le Haut Conseil du Dialogue Social (HCDS) a engagé un processus méthodique d’élaboration de son rapport annuel 2025. Ce document, attendu comme un instrument d’aide à la décision publique, se veut à la fois exhaustif, inclusif et fidèle aux réalités du terrain. Il résulte d’une dynamique tripartite associant l’État, les organisations d’employeurs et les organisations de travailleurs, conformément aux principes consacrés par la Charte nationale du dialogue social.
Réunis à Saly-Portudal à l’occasion de la 41ᵉ Assemblée plénière du HCDS, les différents acteurs ont réaffirmé le caractère institutionnel de cet exercice. Comme l’a rappelé le président du Conseil, Mamadou Lamine Diante, le décret portant création de l’organe consultatif impose la transmission annuelle d’un rapport distinct au Président de la République sur l’état du dialogue social. Cette exigence marque une rupture avec les pratiques antérieures et traduit la volonté d’inscrire la concertation sociale dans une logique de régularité, de rigueur et de transparence.
L’inclusion fondée sur les comités sectoriels
Au cœur de cette nouvelle approche figure l’implication renforcée des comités de dialogue social sectoriels. S’exprimant au nom des communautés de dialogue social, Kassa Diagne a souligné la nécessité de dépasser les lectures globales et parfois abstraites du climat social pour intégrer les réalités spécifiques des secteurs. Éducation, enseignement supérieur, microfinance, entreprises publiques et privées ont ainsi été conviés à enrichir l’analyse par des données concrètes et contextualisées.
Selon lui, le dialogue social ne saurait être réduit à un mécanisme de gestion des conflits, mais constitue un levier stratégique de création d’un environnement économique stable, condition préalable à l’investissement et à la croissance. La vocation du rapport annuel est dès lors double : dresser un diagnostic rigoureux de l’état des relations professionnelles et formuler des recommandations opérationnelles susceptibles d’orienter l’action publique dès 2026.
Le gouvernement entre engagements et contraintes
Du côté de l’exécutif, la revue annuelle du dialogue social a été l’occasion de réaffirmer l’attachement de l’État au Pacte national de stabilité sociale pour une croissance inclusive et durable, signé en mai 2025. Intervenant au nom du gouvernement, Momadou Diédhiou, vice‑président du groupe Gouvernement au HCDS, a salué les efforts consentis par les partenaires sociaux pour préserver la paix sociale dans un contexte de fortes tensions économiques.
Reconnaissant l’ampleur des difficultés héritées, notamment le poids de la dette intérieure, il a assuré que des mécanismes sont en cours de finalisation pour permettre son apurement progressif. Cette dette constitue en effet un facteur transversal de fragilisation du climat social, affectant aussi bien les entreprises que l’emploi salarié, en particulier dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics. Le gouvernement a néanmoins appelé à la poursuite d’un dialogue responsable, fondé sur la compréhension mutuelle des contraintes et des engagements.
L’alerte des travailleurs sur des retards persistants
À l’opposé d’un discours rassurant, les organisations de travailleurs ont dressé un tableau plus préoccupant de la situation sociale. Pape Birama Diallo, vice‑président du groupe des Travailleurs au HCDS, a plaidé pour une analyse sans complaisance des retards enregistrés dans l’application du Pacte de stabilité sociale. Plusieurs secteurs demeurent marqués par des engagements non tenus, alimentant un sentiment de frustration et de lassitude.
Dans l’éducation et la santé, l’absence de décrets d’application et la non‑généralisation de certaines indemnités continuent de peser sur le climat social. Le secteur des médias, notamment la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise, traverse une zone de fortes turbulences, tandis que l’énergie, les ports et l’agriculture connaissent des tensions récurrentes liées à la gouvernance interne, à la représentativité syndicale et aux retards de paiement. Le BTP, quant à lui, reste particulièrement exposé, avec des milliers d’emplois menacés par l’insolvabilité de l’État vis‑à‑vis des entreprises.
Vers une rationalisation du dialogue social
Face à ces défis, le HCDS plaide pour une institutionnalisation plus exigeante de la concertation sociale. La généralisation effective des comités sectoriels, adossée à des élections de représentativité syndicale crédibles, apparaît comme une condition essentielle à la rationalisation des négociations. Certains ministères, à l’image de la Justice, de l’Économie, de la Santé et de l’Enseignement supérieur, se distinguent déjà par des avancées notables, tandis que d’autres sont invités à accélérer le processus.
Sans préjuger des conclusions définitives du rapport 2025, les travaux en cours laissent apparaître une volonté partagée de privilégier le consensus et la négociation plutôt que la conflictualité ouverte. Le défi demeure toutefois immense : transformer les engagements formels en résultats tangibles, restaurer la confiance entre les parties et faire du dialogue social un véritable pilier de la stabilité économique et sociale. À l’orée de 2026, les attentes sont élevées, et le rapport annuel du HCDS est appelé à jouer un rôle déterminant dans l’orientation des politiques publiques au bénéfice de l’ensemble des Sénégalais.
SAMBA NIEBE BA
L’article Rapport annuel du dialogue social au Sénégal : la tripartite invitée à consolider l’analyse du climat social est apparu en premier sur Sud Quotidien.
