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Posted by - support -
on - Oct 13 -
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Le numérique a envahi les salles de classe et les universités. Cours en ligne, plateformes interactives, vidéos éducatives : tout semble à portée de clic. Mais entre la promesse d’un apprentissage sans frontières et la réalité d’une connaissance fragile, le virtuel révèle aujourd’hui ses limites dans l’appropriation et la construction du savoir.
Jamais l’humanité n’a eu autant accès au savoir. Les moteurs de recherche, les bibliothèques numériques et les cours à distance ont aboli les distances et démocratisé l’apprentissage. L’étudiant rural et l’élève urbain peuvent désormais consulter les mêmes ressources.
Mais cet accès illimité ne garantit ni la compréhension, ni la réflexion critique. Trop souvent, l’enseignement virtuel transforme l’apprenant en simple consommateur d’informations. Le savoir se fragmente, se décontextualise, perd son épaisseur. Lire, visionner, cliquer ne suffisent pas à comprendre.
Le numérique favorise la vitesse, mais pas toujours la profondeur. On survole, on zappe, on retient peu. L’écran remplace la médiation du professeur par la logique de l’algorithme, et l’intelligence devient dépendante du moteur de recherche.
Apprendre est un acte humain. La relation entre enseignant et apprenant, faite d’écoute, de regard, de reformulations, d’encouragements, ne se traduit pas sur un écran. Dans les visioconférences et les forums, les échanges sont rares, les émotions filtrées, les malentendus fréquents.
Le virtuel tend à isoler. L’apprenant, seul face à son écran, perd souvent la motivation et le sens collectif de l’apprentissage. Les discussions de couloir, les débats spontanés, les gestes d’un enseignant pour éclairer une notion complexe — tout cela disparaît dans le silence numérique.
L’apprentissage concret, celui qui passe par la manipulation, l’observation ou la co-création, devient presque impossible. Comment enseigner la biologie sans laboratoire, l’art sans atelier, la langue sans conversation réelle ?
La profusion d’informations donne une impression trompeuse de maîtrise. On croit savoir parce qu’on a lu, vu ou entendu en ligne. Mais la connaissance suppose organisation, hiérarchie et mise en relation des idées. Sans accompagnement pédagogique, l’apprenant navigue dans un océan de données sans boussole.
Le numérique favorise aussi la distraction et la dépendance. La mémoire et la concentration sont mises à l’épreuve par la logique du multitâche. Les algorithmes, invisibles mais omniprésents, sélectionnent ce que nous voyons et pensons. Le risque est grand d’être enfermé dans une bulle d’informations qui conforte nos certitudes.
Rejeter le virtuel serait absurde. Il faut plutôt le dompter, le réinscrire dans une pédagogie équilibrée. Le numérique est un formidable levier s’il vient compléter, et non remplacer, l’expérience humaine.
Les enseignants qui réussissent cette transition associent désormais cours en ligne et ateliers physiques, apprentissage autonome et travail collectif, théorie virtuelle et pratique réelle. La clé réside dans une littératie numérique critique : apprendre à vérifier, à croiser, à douter.
C’est dans la complémentarité entre l’écran et la rencontre, entre la donnée et l’expérience, que se construit un savoir durable.
Le virtuel ouvre des horizons, mais il ne remplace pas la profondeur du réel. Apprendre, c’est ressentir, expérimenter, se tromper, recommencer. Tant que l’humain restera au cœur de l’acte d’apprendre, le numérique restera un outil d’émancipation. Mais s’il s’y substitue totalement, il risque de transformer la connaissance en simple reflet d’écran.
SAMBA NIEBE BA
L’article Quand le clic remplace la craie, que devient le savoir? les limites du virtuel dans la construction du savoir est apparu en premier sur Sud Quotidien.
