" "
Posted by - support -
on - 4 hours ago -
Filed in - Society -
-
9 Views - 0 Comments - 0 Likes - 0 Reviews
Initialement prévue jusqu’au 4 novembre, la mission du Fonds monétaire international (FMI) à Dakar a été prolongée de deux jours, révélant la complexité des discussions entre l’institution de Bretton Woods et les nouvelles autorités sénégalaises. Entre une dette désormais réévaluée à 132 % du produit intérieur brut (PIB) et l’annonce controversée d’une baisse des prix des hydrocarbures par le Premier ministre Ousmane Sonko, les sources de tension ne manquent pas.
La prolongation d’une mission du FMI n’est jamais fortuite. Celle qui s’est achevée à Dakar, étendue du 4 au 6 novembre, illustre les difficultés persistantes à établir un consensus entre le FMI et le gouvernement sénégalais. Derrière ces deux journées supplémentaires se profilent une situation économique préoccupante et des arbitrages politiques délicats. Le premier choc provient de la réévaluation de la dette publique : le FMI l’estime désormais à 132 % du PIB fin 2024, un seuil alarmant incluant la dette de l’administration centrale, celle des entreprises publiques et les arriérés domestiques. Cette révision résulte de la découverte, par les nouvelles autorités élues en 2024, d’un endettement dissimulé évalué à plus de 6 600 milliards de francs CFA. Face à cette réalité, les investisseurs s’interrogent sur la nécessité d’une restructuration ou d’un reprofilage de la dette, hypothèses que Dakar aborde avec prudence.
Et c’est dans ce contexte tendu qu’Ousmane Sonko a choisi de surprendre. Le 27 octobre, en pleine mission du FMI, le Premier ministre a annoncé une baisse prochaine des prix de l’électricité, du gaz et des produits pétroliers, estimée entre 8 et 15 %. Le contraste est saisissant : alors que sous Macky Sall, l’appui du FMI était conditionné à la suppression progressive des subventions énergétiques, le nouveau gouvernement semble vouloir en rétablir une partie. En 2023, l’État avait consacré 804,5 milliards de francs CFA au soutien des prix énergétiques.
Les discussions se sont conclues sur un accord qualifié de « constructif et transparent », expression diplomatique masquant mal les divergences. Le Sénégal a opté pour un programme sans décaissement, destiné à restaurer la confiance de ses partenaires financiers. Aucun financement direct ne sera débloqué, mais le pays bénéficiera du « sceau d’approbation » du FMI.
Cette formule inhabituelle illustre l’impasse actuelle : d’un côté, le gouvernement refuse de renoncer à ses engagements sociaux ; de l’autre, le FMI rechigne à cautionner une politique de subventions massives dans un contexte d’endettement préoccupant. Pris entre la réalité comptable et les attentes populaires, le gouvernement sénégalais avance sur une ligne de crête. Le véritable test surviendra lorsqu’il devra concrétiser ses promesses sans compromettre l’équilibre budgétaire.
JEAN PIERRE MALOU
L’article Prolongation de la mission du FMI au Sénégal : la dette et les subventions enlisent les négociations est apparu en premier sur Sud Quotidien.
