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on - Wed at 10:45 AM -
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À l’ombre des grands complexes balnéaires, un autre tourisme tente d’éclore au Sénégal : le micro-tourisme. Fondé sur la proximité, l’authenticité et la valorisation des ressources locales, ce modèle met en lumière les savoir-faire, les traditions et l’hospitalité des communautés. Pourtant, il reste étouffé par des normes rigides et une vision encore trop centralisée du développement touristique.
C’est ce cri du cœur qu’a lancé Doudou Diop, président du conseil d’administration de la SAPCO, lors de la conférence Vision 2050 : bâtir un micro-tourisme à Mbour. Selon lui, il est urgent de sortir des carcans réglementaires qui freinent les dynamiques locales.
Premier obstacle : l’interdiction faite aux hôtels d’intégrer des boutiques artisanales. Une mesure jugée contre-productive. Sous prétexte de préserver une image « haut de gamme », on prive les artisans locaux d’un accès direct aux touristes. Pire encore, certains hôtels détournent la règle pour vendre eux-mêmes des objets artisanaux, captant ainsi les revenus sans redistribuer à la communauté. Résultat : les visiteurs ne sortent plus des hôtels, les ateliers de Nianing, Phadial ou Warang se vident, les guides locaux perdent leur travail, et l’économie des villages s’effondre en silence.
Deuxième frein : l’imposition de normes hôtelières importées, souvent inadaptées. Pour être classés, les établissements doivent répondre à des critères comme la moquette, la climatisation ou les doubles rideaux – des équipements coûteux, peu adaptés au climat local, et éloignés de l’esthétique sénégalaise. Ces contraintes excluent les petits entrepreneurs qui souhaitent proposer des hébergements simples, écologiques et enracinés dans leur culture.
Face à ces dérives, un nouveau cap est nécessaire. Il faut repenser les politiques publiques pour encourager les circuits courts, valoriser l’initiative locale, et adapter les normes aux réalités sénégalaises. Le micro-tourisme ne se résume pas à une formule économique : c’est une démarche éthique, solidaire et durable, qui redonne sens au voyage tout en redynamisant les territoires.
Ce tourisme de proximité, c’est la poésie du réel : le sourire du guide, la main de l’artisan, la table partagée dans une case, la parole transmise au détour d’un sentier. C’est un avenir pour le Sénégal, à condition de lever les barrières qui l’empêchent encore de rayonner. Ensemble, pour un tourisme plus juste, plus humain, plus sénégalais.
SAMBA NIEBE BA
L’article Micro-tourisme au Sénégal : libérer une richesse étouffée est apparu en premier sur Sud Quotidien.