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Face à la raréfaction des ressources halieutiques et à la transformation des circuits commerciaux, les infrastructures emblématiques du quai de pêche et du marché central de Mbour connaissent des trajectoires contrastées. Leur évolution illustre les bouleversements profonds de l’économie locale. Ces deux infrastructures sont à l’épreuve de fortes mutations économiques.
À Mbour, le quai de pêche et le marché central ne sont pas de simples bâtiments : ils représentent les deux poumons économiques d’une ville longtemps portée par la mer et ses ressources. Aujourd’hui, ces deux piliers vacillent sous le poids des crises successives : raréfaction du poisson, concurrence industrielle, déclin du pouvoir d’achat.
Le quai de pêche, bien qu’en cours de modernisation sous l’impulsion d’un GIE interprofessionnel réunissant les acteurs de la chaîne de valeur, connaît une baisse manifeste d’activité. Moins de pirogues rentrent avec des captures conséquentes. Le va-et-vient effervescent des débarquements cède la place à un calme pesant. Les pêcheurs, mareyeurs, transformatrices et ouvriers du froid voient leurs revenus s’éroder. La concurrence de poissons congelés débarqués par camions en provenance de Saint-Louis ou de la Mauritanie accentue la pression. L’érosion côtière constitue, de surcroît, une menace directe pour l’intégrité des installations.
Le marché central, quant à lui, se transforme. Si son rôle traditionnel de redistribution alimentaire subsiste partiellement, il s’étend désormais dans les quartiers voisins comme Escale et 11 Novembre. Au prix de multiples réfections, il s’est mué en un vaste bazar mêlant produits cosmétiques, ateliers de couture, céréales, viande et autres denrées alimentaires. Une grande partie de ses activités se déploie désormais dans la rue.
Les difficultés sont interdépendantes. La pénurie de poisson frais au quai se répercute directement sur le marché avec moins d’approvisionnement, une hausse des prix, une qualité incertaine. Les femmes transformatrices, pilier du commerce halieutique, peinent à s’approvisionner. L’insalubrité, le manque de chambres froides et la saturation viennent aggraver la situation.
Un cercle vicieux s’installe : moins de poissons au quai, moins de produits au marché, moins de revenus pour les acteurs, plus de frustrations. Pour briser cette spirale, il devient urgent de repenser les deux infrastructures.
Cela passe par la réhabilitation du quai (entretien, transparence, circuits courts) et la modernisation du marché (hygiène, équipements, valorisation des produits locaux). Un meilleur lien entre les deux est crucial : plateformes d’information, événements autour du poisson local, appui renforcé aux GIE féminins.
À Mbour, ces deux espaces résument à eux seuls les défis d’une ville en transition. Leur renaissance exige une vision concertée, une gouvernance locale renforcée et une gestion durable des ressources marines. Plus qu’un enjeu économique, c’est une condition pour préserver l’âme sociale et identitaire de la ville.
SAMBA NIEBE BA
L’article Mbour-quai de pêche et marché central : des infrastructures à l’épreuve des mutations économiques est apparu en premier sur Sud Quotidien.