" "
Posted by - support -
on - Fri at 12:15 PM -
Filed in - Society -
-
5 Views - 0 Comments - 0 Likes - 0 Reviews
Symbole de l’alimentation populaire au Sénégal, la sardinelle – communément appelée yaboy – traverse une crise silencieuse. Autrefois abondant dans les eaux côtières, ce petit poisson pélagique, essentiel à l’équilibre alimentaire et économique du pays, est aujourd’hui menacé par la surexploitation et une pression industrielle croissante.
Un poisson du quotidien en péril
Présente dans presque tous les marchés, la sardinelle fait partie intégrante de l’assiette sénégalaise, des bouillies matinales aux plats de poisson fumé, grillé ou séché. C’est également une source majeure de protéines pour les populations à faibles revenus. Selon les données de la Direction des pêches maritimes, plus de 75 % des captures artisanales au Sénégal concernent des espèces pélagiques, parmi lesquelles les sardinelles prédominent.
Mais les captures ont atteint un niveau critique. Entre pêche artisanale intensive et activité industrielle incontrôlée, les stocks de sardinelle sont en chute libre. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et le Comité des pêches de l’Atlantique Centre-Est (Copace) alertent régulièrement sur l’état de surexploitation avancée de ces espèces.
Une pression multiple sur les ressources
Deux types de pêcheurs se disputent ce poisson convoité : les artisans, qui utilisent des pirogues traditionnelles, et les chalutiers industriels, souvent étrangers, dont les techniques invasives – parfois illégales – endommagent les écosystèmes marins. À cela s’ajoute l’essor des usines de farine et d’huile de poisson, notamment en zone côtière entre Joal, Kayar, Mbour et Saint-Louis. Celles-ci transforment les sardinelles en produits destinés à l’alimentation animale ou aquacole à l’étranger, en particulier en Chine, au détriment de la consommation locale.
« C’est notre pain quotidien qui est détourné », s’indigne un pêcheur de Guet-Ndar à Saint-Louis. « On pêche de moins en moins, et les prix montent, ce n’est plus pour les pauvres. »
Un enjeu de souveraineté alimentaire
Les conséquences de cette surexploitation sont multiples : raréfaction du poisson, perte de revenus pour les communautés de pêcheurs, hausse du prix sur les marchés locaux, et menace directe sur la sécurité alimentaire nationale. La consommation de poisson représente environ 70 % de l’apport en protéines animales des Sénégalais. Réduire l’accès à un poisson populaire comme la sardinelle, c’est fragiliser l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Des ONG, des chercheurs et des associations de pêcheurs dénoncent aussi le manque de régulation efficace, malgré les efforts du ministère des Pêches. Les campagnes de surveillance sont souvent insuffisantes, les licences de pêche mal contrôlées, et les sanctions peu dissuasives.
Des pistes pour une gestion durable
Face à cette urgence, plusieurs solutions sont préconisées. Il s’agit notamment de :
Le Sénégal a également engagé, avec l’appui de ses partenaires, des initiatives en matière de gestion écosystémique des pêches et de zones de repos biologique, mais leur mise en œuvre reste lente et inégale selon les régions.
Le sort de la sardinelle n’est pas uniquement celui d’un poisson. Il reflète les défis d’un pays à concilier tradition, sécurité alimentaire, pression économique mondiale et souveraineté sur ses ressources. La sauvegarde du yaboy est un combat pour l’avenir des pêcheurs, des consommateurs, et d’un mode de vie profondément ancré dans les habitudes alimentaires.
Samba Niébé Ba
L’article Mbour : la sardinelle en péril, victime d’une pêche excessive est apparu en premier sur Sud Quotidien.