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on - Thu at 10:45 AM -
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Dans la région médicale de Tambacounda, les fistules obstétricales y sont une réalité. Beaucoup de femmes en souffrent. Si certaines ont eu la chance d’être prises en charge dans les camps de réparation, initiés par des Ong, elles sont très nombreuses, celles qui, en silence dans leur famille, taisent leur maladie, de peur d’être stigmatisées.
La fistule obstétricale est, selon les médecins, l’une des lésions les plus graves et les plus dangereuses, susceptibles de survenir lors d’un accouchement. Il s’agit d’une perforation entre le vagin et la vessie et/ou le rectum, due à un travail prolongé et qui se produit en l’absence de soins obstétricaux rapides et de qualité.
Cette pathologie est vécue par des femmes qui ont un accouchement difficile et dont la prise en charge n’est pas souvent des meilleures. Les manifestations sont une fuite d’urine et/ou de matières fécales par le vagin, et entraîne à plus long terme des problèmes médicaux chroniques. Les femmes qui en souffrent sont souvent condamnées à la dépression, à l’isolement social et à une pauvreté accrue.
Dans la région médicale de Tambacounda, au cours d’une caravane presse sur la Srmania, organisée par l’Association des journalistes en santé population et développement dans ladite localité du 28 au 31 juillet en collaboration avec la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant (Dsme), plusieurs femmes victimes de cette maladie qualifiée de « honte » ont livré leurs témoignages. Des récits de vie qui émeuvent. Entre désespoir, rupture conjugale, divorce et précarité, ces femmes ont tout enduré avant de croiser des soignants qui les ont orientées vers des ONG spécialisées dans la prise en charge des fistules obstétricales. Même après guérison, elles gardent les cicatrices d’un rejet persistant, que ce soit dans leur communauté ou au sein même de leur foyer
Pour Aissatou Barry, rencontrée dans le district de Koumpentoum, son combat contre la fistule obstétricale a pris beaucoup de temps avant de connaître une issue heureuse. Mariée très tôt à l’âge de 16 ans, elle a contracté la maladie après la perte de son enfant issu de sa première grossesse. Cependant, elle n’y prête pas attention car méconnaissant la maladie. Cette jeune fille devenue aujourd’hui mère de six enfants et grand-mère, ne sera édifiée de cette gêne que lors de sa deuxième grossesse. La sage-femme ayant constaté une fuite d’eau dans le vagin qui s’écoulait à ses pieds, comprit que la femme souffrait de fistule. Aucun soutien. Ni de son mari, ni de sa belle-famille, elle fut abandonnée à son propre sort. Armée de courage, elle prend son destin en main et va de structure de santé en structure dans le but de trouver remède à son mal. Ses enfants lui ont servi de motivation. Sa ténacité a fini par porter ses fruits puisqu’elle a été prise en charge hors de son terroir à Kolda par une équipe médicale. ‘’Pour la première fois, j’ai senti que la guérison était possible et le programme de réparation de la fistule a pris en charge tous les frais de transport, de soins et d’hébergement’’ a-t-elle expliqué.
Dans le district de Kidira, dans la région médicale de Tamba qui abrite un centre de suivi des fistules, des témoignages de femmes ont été recueillis. Hawa Diaw, originaire de Kayes, au Mali, a bien voulu parler de sa souffrance. Mariée à 13 ans, elle a eu la maladie à 34 ans, lors de sa septième grossesse. Contrairement, plusieurs femmes qui ont été abandonné par leur époux et belle-femme, elle a reçu le soutien total de son époux qui l’accompagnait dans chaque étape du processus de guérison. L’atteinte de sa fistule découle d’un accouchement difficile fit-elle savoir.
Mariage précoce, non accessibilité des structures de référence
Dans les structures de santé les plus reculées du Sénégal, les cas de fistules obstétricales sont très présents. Ce phénomène s’explique par les mariages précoces dans ces localités mais aussi par l’inaccessibilité des structures de référence. Les postes de santé qui accueillent ces femmes à l’accouchement, sont le plus souvent dépourvus de moyens. Les ambulances quasi inexistantes, la sage-femme est obligée de faire recours à des moyens non conventionnels pour transporter la malade au centre de santé. Une situation qui contribue au retard dans la prise en charge médicale. Autre facteur, les rendez-vous prénatales non respectés ou inexistants. Certaines femmes ne se rendent aux structures que lorsque l’accouchement se complique et enfin les mariages précoces.
Denise ZAROUR MEDANG
L’article Les fistules obstétricales, une réalité à Tambacounda : quand des femmes souffrent dans leur chair est apparu en premier sur Sud Quotidien.