Dans la nuit du 7 au 8 août, le cabinet de sécurité israélien a tranché : l’armée prendra le contrôle de tout le territoire de Gaza. La première étape, annoncée par le bureau de Benyamin Netanyahu, est la prise de contrôle de la ville de Gaza, au centre de l’enclave. Ce qui implique le déplacement de près d’un million de personnes épuisées, affamées, dans une bande de Gaza dévastée par la guerre.
« Aidez à arrêter cette guerre catastrophique »
« Comment puis-je envisager d’être à nouveau déplacé ? », s’interroge le Gazaoui Wissam Hamad auprès de notre correspondant à Gaza, Rami El Meghari et de notre envoyé spécial à Tel-Aviv, Nicolas Falez. Cela fait des mois que la famille de cet habitant du nord de la bande de Gaza, père de cinq enfants vit dans une école de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Cette école, qui abrite de nombreux déplacés, est située à Gaza-ville, centre urbain particulièrement dense dont Israël assure vouloir prendre le contrôle.
Wissam a déjà fait ses comptes : il lui en coûterait 1 000 shekels (environ 250 euros) pour déplacer sa famille, alors que tout manque : argent et nourriture.
L’angoisse est partagée par cette Palestinienne de Gaza d’une autre famille nombreuse sur trois générations, déplacée par la guerre. Son mari a été blessé, cloué dans un fauteuil roulant électrique dont les batteries sont en panne : « Nous ne pourrons pas le déplacer », explique l’épouse de Tareq, qui se souvient de la charrette tirée par un âne qu’il avait fallu louer pour fuir les combats la première fois.
Dans cette même école-refuge de Gaza-ville, Mohammad 30 ans, chanteur de profession, dit avoir un message pour le monde : « Aidez à arrêter cette guerre catastrophique. » Un message pour les négociateurs palestiniens du Hamas également : « Renoncez à une cause qui a déjà disparu… Acceptez tout, pour le bien des habitants de Gaza. »
Netanyahu « veut prendre le contrôle et occuper » Gaza « sans les responsabilités d’un occupant »
Pour Mustafa Barghouti, secrétaire général de l’initiative nationale palestinienne et membre Conseil national palestinien, cette évolution dramatique du conflit ne surprend pas. Auprès de notre correspondante à Ramallah, Alice Moreno, Il dénonce un énième crime de guerre commis avec la complicité de la communauté internationale : « Je savais que c’était exactement ce que voulait Netanyahu, à savoir le nettoyage ethnique total de tous les Palestiniens à Gaza. Et ses déclarations en réalité, cela revient à dire qu’il va occuper Gaza sans nommer les choses ainsi. Il veut prendre le contrôle et être un occupant sans les responsabilités d’un occupant. »
« Et plus que ça, il veut évacuer pas moins d’un million de personnes immédiatement de la ville de Gaza, ce qui va mener à des massacres, à un génocide, à ce qui pourra être décrit plus tard dans l’histoire comme un holocauste. C’est un acte terrible, et qui peut se produire, car personne ne dit “stop” à Israël. Le reste du monde a montré une absence totale de responsabilité car aucun pays n’impose de sanctions à Israël. Sans sanctions, le gouvernement israélien peut continuer à faire ce qu’il veut. Ça va être horrible. »