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on - Tue at 12:45 PM -
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Deux ambulances pour couvrir plus de vingt postes de santé. C’est le maigre dispositif recensé dans les districts sanitaires de Koumpentoum et de Kidira, dans la région médicale de Tambacounda. Dans cette zone enclavée, où les routes deviennent impraticables en saison des pluies, les évacuations sanitaires relèvent souvent de l’exploit. Une situation qui pousse les médecins chefs de district à plaider pour un renforcement urgent des moyens de transport médicalisé.
Dans le cadre d’une caravane de presse organisée du 28 au 31 juillet par l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), en partenariat avec la Direction de la santé de la mère et de l’enfant (DSME), le constat est sans appel : les structures sanitaires locales sont exsangues, les bâtiments vétustes, et les ambulances quasi inexistantes.
À Koumpentoum, les deux ambulances du centre de santé doivent assurer les références depuis plus d’une vingtaine de postes de santé, mais aussi les évacuations vers l’hôpital régional. « S’il y a des urgences dans les postes de santé, les infirmiers chefs de poste font appel à nous et on leur envoie une ambulance », explique Dr Siré Sagna, médecin chef du district. « C’est difficile de satisfaire toutes les demandes, mais nous essayons de mutualiser les moyens. Quand notre ambulance n’est pas disponible, on sollicite celle d’un autre poste plus proche, s’il en a une. »
Cette organisation précaire repose sur une solidarité de survie, car les postes de santé équipés d’ambulances sont rares. Pire encore, certains sont si isolés qu’ils n’ont d’autre choix que d’évacuer les patients en pirogue jusqu’à la rive, où l’ambulance prend le relais. « Ce n’est ni sécurisant pour le malade ni pour le personnel soignant, mais nous n’avons pas le choix faute de routes carrossables », poursuit Dr Sagna.
Même tableau du côté de Kidira. Là aussi, seules deux ambulances desservent une dizaine de postes. Le Dr Saliou Gningue, médecin chef de district, lance un appel pressant : « Il est urgent de renforcer notre flotte. Nous manquons cruellement de moyens pour assurer les évacuations dans de bonnes conditions. »
L’hivernage enfonce le clou. Avec des pistes défoncées, chaque transfert devient un parcours du combattant. Certains postes de santé, en plus de ne disposer d’aucun véhicule, voient leurs patients livrés à eux-mêmes, contraints de financer eux-mêmes leur évacuation. Tricycles, charrettes ou véhicules de fortune deviennent alors les seules options de survie.
Cette situation révèle une carence plus large : l’abandon progressif de la politique nationale de dotation en ambulances médicalisées. Longtemps promue comme axe fort du ministère de la Santé, cette politique semble marquer le pas. Dans les districts ruraux, beaucoup de structures n’ont pas reçu de véhicule depuis plusieurs années.
Or, la carte sanitaire, telle que définie par décret, stipule qu’elle doit assurer « l’adéquation entre l’offre de soins, le besoin et la demande de la population » et garantir « l’équité territoriale ». Un principe qui, sur le terrain, sonne comme une promesse oubliée.
L’iniquité est flagrante. Dans le district de Kidira, par exemple, la maternité de Dahiratou menace de s’effondrer. Construite en banco grâce aux efforts des populations locales, elle n’offre plus aucune garantie de sécurité. Les travaux de la nouvelle maternité, pourtant entamés, sont à l’arrêt depuis quatre mois. « Nous avons dû reprendre les accouchements à domicile. Cela augmente les risques d’infection », alerte la sage-femme en poste, qui appelle à une reprise immédiate du chantier.
Face à cette dégradation des infrastructures et à la pénurie de moyens, les personnels de santé tirent la sonnette d’alarme. Ils demandent une intervention urgente de l’État pour renforcer les équipements, les ambulances et les effectifs dans les districts reculés.
Au-delà des cas de Koumpentoum et Kidira, cette réalité concerne une grande partie des zones rurales du Sénégal. Le renforcement du plateau technique, l’amélioration de l’accessibilité géographique aux soins et le recrutement de personnels qualifiés restent des priorités absolues pour espérer faire reculer la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile
Denise ZAROUR MEDANG
L’article Koumpentoum et Kidira : le cri d’alarme des districts sanitaires privés de moyens mobiles est apparu en premier sur Sud Quotidien.