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Dans un contexte où il n’y a que 20, 2% des écoles primaires publiques qui sont connectés à Internet, Bibliothèques sans frontières, en partenariat avec le ministère de l’Education nationale, développe un projet-pilote d’internet hors-ligne, pour améliorer les enseignements-apprentissages dans la région de Kédougou, avec l’appui financier du Fonds d’innovation pour le développement (Fid). Après la première année de mise en œuvre du projet (2023/2024), les acteurs de l’éducation à Kédougou saluent sa pertinence, tout en indiquant des aspects à intégrer tels que l’implication des enseignants dans l’élaboration des contenus, l’élargissement du projet au préscolaire et la promotion de voyages d’immersion à l’étranger.
«L’enfant n’est pas un vase à remplir, mais un feu à allumer», disait Rabelais, écrivain français de la Renaissance. L’Organisation non gouvernementale (Ong) Bibliothèques sans frontières, en partenariat avec le ministère de l’Education nationale du Sénégal, a fait sienne cette citation. Depuis 2023, cette organisation développe un projet-pilote d’internet hors-ligne dans la région de Kédougou, avec l’accompagnement financier du Fonds d’innovation pour le développement, en vue d’accompagner les enseignements-apprentissages dans cette région du Sud-est du pays, située à 702 kilomètres de la capitale, où les défis liés à l’éducation sont réels.
Après une année de mise en œuvre, les résultats sont prometteurs. En atteste l’inspecteur d’Académie par intérim monsieur Jamal Abdel Nasser Diallo, en poste dans la région depuis plusieurs années. Il a eu l’opportunité d’observer et d’accompagner de près les dynamiques éducatives locales. Ce qui lui a permis de mieux comprendre les défis structurels, pédagogiques et socio-économiques auxquels le système éducatif est confronté, en particulier en milieu rural et dans les zones à faibles opportunités éducatives. A cet effet, il dira que le projet a permis «l’introduction» d’outils pédagogiques innovants tels que les «Ideas Cube», qui ont «significativement diversifié les ressources pédagogiques» à disposition des établissements.
De même, l’inspecteur d’Académie de Kédougou par intérim de laisser entendre que le projet «a également favorisé l’émergence d’une culture numérique, de la lecture, par le fait que le numérique est attirant pour les enfants, et de la curiosité intellectuelle, dans des contextes éducatifs souvent caractérisés par le manque de ressources. L’approche mise en œuvre, fondée sur l’autonomie des apprenants, la formation des encadreurs et l’ouverture vers le numérique, s’est révélée particulièrement pertinente et salutaire».
Dans un rapport publié en 2004 par le gouvernement du Québec, le retard scolaire marqué par le redoublement est largement tributaire des difficultés à maîtriser la langue d’enseignement, laquelle passe nécessairement par le développement d’une pratique assidue de la lecture. Ce même constat prévaut dans les écoles sénégalaises, notamment à Kédougou. Cependant, Mme Marième Seck, directrice de l’école Thierno Salif Sidibé, renseigne «le projet Bibliothèques sans frontières a fortement contribué à la promotion de la lecture». Avant de poursuivre : «Les séances de lecture, les supports numériques et les activités ludiques ont permis aux élèves, même les plus en difficulté, de développer le goût de la lecture. On a observé une nette amélioration de leur fluidité et de leur compréhension écrite. Plusieurs élèves qui ne lisaient presque pas auparavant prennent désormais plaisir à lire quotidiennement.»
Dans un environnement marqué ces dernières années par les avancées technologiques et le développement du Web, aujourd’hui avec l’avènement de l’Intelligence artificielle, la pratique de la lecture chez les élèves a considérablement régressé.
En alignement à la Stratégie numérique du Sénégal 2025-2029 d’une part, et d’autre part, aux orientations et préoccupations du Sénégal à travers le ministère de l’Education nationale, le Directeur général de Bibliothèques sans frontières, Jérémy Lachal, d’expliquer pourquoi faire du projet une priorité politique, parce que, dit-il : «Il marche. Son rapport coût-efficacité est bon, libre accès. Il est technologiquement souverain, il répond à une urgence éducative nationale et parce qu’il est 100% transférable au ministère de l’Education nationale.»
Aussi, il faut noter que le projet est adossé à une recherche-action conduite par Evalab (France), en collaboration d’abord avec Dadch & Co, puis avec l’Ineade au Sénégal. Cette recherche vise à «mesurer scientifiquement l’impact du numérique sur les enseignements-apprentissages à Kédougou», explique l’inspecteur d’Académie de Kédougou. Les résultats en phase de finalisation permettront «d’objectiver» les effets du projet. «En attendant leur publication, le ressenti général sur le terrain est très positif», conclut ce dernier.
Des résultats encourageants pour une phase-test
Pour un objectif de 1000 écoles équipées pour 2027, le projet Bibliothèque sans frontières a enregistré des premiers résultats encourageants dans sa première année de mise en œuvre dans la région de Kédougou. Sur l’année scolaire 2023-2024, soixante-dix (70) écoles primaires ont été équipées de Hubs, 3385 élèves ont été bénéficiaires, avec un accent sur les classes de Ce2 et Cm2. Au titre du protocole d’accompagnement et de l’encadrement, 130 enseignants et 11 inspecteurs d’Académie intégrés, ainsi que 1 500 heures d’accompagnement des enseignants. Le travail qui a abouti à ce résultat ne laisse pas indifférente la directrice de l’école élémentaire Thierno Salif Sidibé.
«L’arrivée de Bibliothèques sans frontières dans notre établissement a été un véritable tournant. Grâce aux ressources mises à disposition, notamment la mallette et les ateliers interactifs, les élèves ont pu accéder à une diversité de contenus éducatifs adaptés à leur niveau, renforçant ainsi leur intérêt pour les apprentissages, stimulant leur curiosité et contribuant à améliorer leur compréhension des leçons, surtout en lecture, sciences et mathématiques», renchérit Mme Marième Seck.
Par ailleurs, en tant que cheffe d’établissement, elle explique que le projet lui a «permis d’avoir un outil pédagogique innovant au service des enseignants et des élèves. Il a aussi renforcé le travail collaboratif entre les enseignants et introduit des pratiques nouvelles d’enseignement. De plus, le projet valorise notre école aux niveaux local et régional, en montrant qu’elle est engagée dans une dynamique de qualité et d’innovation». Le défi de la scolarisation et de la réussite scolaire étant un véritable enjeu à Kédougou, l’inspecteur d’Académie par intérim de dire que «le projet contribue, sans aucun doute, à répondre à ce défi.
En offrant un environnement d’apprentissage enrichi, attractif et stimulant, il agit comme un facteur de motivation scolaire et de rétention des élèves, tout en favorisant leur réussite». Cependant, il informe que son impact «reste pour le moment partiel», car il ne couvre qu’un nombre limité d’établissements (70). Pour sa part, le Directeur général de Bibliothèques sans frontières, revenant sur les réalisations de la phase-pilote du projet à Kédougou, de lister en termes d’impact : la «réduction tangible de la fracture numérique, car 65% des écoles équipes n’ont aucun accès à l’électricité, l’appropriation rapide et massive par les enseignants du projet, le coût de fonctionnement particulièrement optimisé». Et Jérémy Lachal de poursuivre en informant qu’il sera prototypé un assistant Ia pour les enseignants dans l’Académie de Kédougou, qui sera disponible en novembre prochain en version test.
Des préoccupations et recommandations pour un meilleur impact
Les partenaires au niveau opérationnel n’ont pas manqué de formuler des observations et autres recommandations à l’issue de la première phase-pilote dans la région de Kédougou, au profit des classes de Ce2 et Cm2 de 70 établissements scolaires. Pour un bon ancrage et une meilleure pérennisation du projet avec sa phase d’élargissement dans d’autres régions du Sénégal, l’inspecteur d’Académie par intérim de Kédougou recommande plusieurs orientations prioritaires, parmi lesquelles : «L’institutionnalisation du projet, en l’intégrant dans les Pta (Plans de travail annuels) des Inspections de l’éducation et de la formation (Ief) et des Inspections d’académie (Ia), et dans les dispositifs de formation initiale dans les Crfpe, le renforcement de capacités des acteurs locaux (chefs d’établissement, enseignants référents, référents numériques des Ief, Man (Médiateur académique au numérique), Ian (Interlocuteur académique au numérique), ainsi que l’ensemble des inspecteurs).»
En plus, Jamal Abdel Nasser Diallo a préconisé une implication effective des collectivités territoriales pour «accompagner» la logistique, «assurer» la maintenance des équipements et «appuyer» la gouvernance locale du dispositif. Notre interlocuteur a en outre recommandé «l’adaptation des contenus aux besoins spécifiques des enseignants, en veillant à y intégrer des ressources en open source, notamment des manuels labellisés par le ministère et déjà disponibles dans les classes sous format Pdf ou Word». A ce propos, il s’agira, selon lui, de «privilégier» des contenus pédagogiques directement exploitables en classe tels que des exercices, des fiches de travail et des séquences conformes aux programmes officiels, afin d’optimiser l’usage effectif des outils numériques par les enseignants.
Pour un meilleur impact du projet, il n’a pas manqué de soulever des préoccupations à intégrer. Il s’agit de «l’élargissement du projet au niveau préscolaire, pour favoriser dès le plus jeune âge l’éveil, la familiarisation avec le livre, la lecture et les outils numériques adaptés». De même, il préconise la prise en compte de l’équité territoriale, notamment en direction des établissements les plus enclavés d’une part et, d’autre part, le renforcement de l’accompagnement communautaire pour que les parents et les acteurs locaux deviennent des partenaires du projet.
Revenant sur l’élargissement du projet au niveau du préscolaire, la chargée d’investissement au Fonds d’innovation pour le développement (Fid) depuis son lancement en 2020, Johanna Niedzialkowski, précise que «l’intervention cible les élèves de Ce2 et Cm2 dans cette phase d’expérimentation et de recherche». Elle explique que c’est à ces niveaux que se situent les examens qui doivent permettre de mesurer la progression des élèves en termes d’apprentissages. En termes d’activités pertinentes pour une extension de cette phase initiale, «ce sera aux équipes du ministère de l’Education de se prononcer sur les souhaits et besoins», conclut-elle.
L’article Kédougou – Développement des enseignements-apprentissages : Bibliothèques sans frontières connecte 70 écoles à l’internet hors-ligne est apparu en premier sur Lequotidien - Journal d'information Générale.