" "
Posted by - support -
on - Jul 28 -
Filed in - Society -
-
10 Views - 0 Comments - 0 Likes - 0 Reviews
Dans la foulée de la Journée mondiale des mangroves, célébrée chaque année le 26 juillet dans le monde, Sud Quotidien pose son regard sur la mangrove à Joal-Fadhiouth, un cadre naturel au centre d’une économie verte et bleue.
À l’embouchure du bras de mer qui borde Joal-Fadiouth, la mangrove se déploie comme un immense réseau de racines, d’eau salée et de vie. Ici, entre les palétuviers et les canaux, bat le cœur d’un écosystème unique, à la fois sanctuaire naturel, ressource nourricière et rempart contre les dérèglements climatiques. Longtemps considérée comme un paysage secondaire, la mangrove de Joal est aujourd’hui reconnue comme un levier majeur d’une économie verte et bleue, où se rencontrent préservation environnementale et développement local durable.
Un écosystème multifonctionnel
La mangrove, constituée principalement de Rhizophora et d’Avicennia, joue un rôle écologique central. Elle protège les côtes de l’érosion, filtre les eaux, stabilise les sols, et sert de nurserie à une grande diversité d’espèces marines. De nombreux poissons, mollusques et crustacés y trouvent refuge, à différentes étapes de leur cycle de vie.
Mais la mangrove est aussi un écosystème au service de l’humain. À Joal, les communautés locales y pratiquent depuis des générations une pêche artisanale durable : huîtres, crabes, crevettes, poissons plats ou tilapias sont prélevés de manière saisonnière. Les femmes, en particulier, sont au cœur de cette activité : elles récoltent les huîtres de palétuviers, qu’elles transforment, vendent ou consomment, selon des savoir-faire transmis de mère en fille.
Une économie verte enracinée dans les pratiques locales
La gestion durable des ressources de la mangrove constitue une véritable économie verte de proximité. Des groupements de femmes, appuyés par des ONG et les autorités locales, ont mis en place des pratiques de co-gestion communautaire, incluant des périodes de repos biologique, des zones de non-prélèvement et des programmes de reboisement participatif.
Ces initiatives s’accompagnent d’activités génératrices de revenus comme : la production de savon et d’huile à base de plantes locales,
L’écotourisme communautaire, avec des circuits en pirogue, des visites guidées à travers les palétuviers, et la valorisation des savoirs écologiques traditionnels,
La fabrication artisanale de paniers, filets, cordages et produits à base de coquillages.
Joal-Fadiouth s’inscrit ainsi dans une dynamique d’économie circulaire, où rien ne se perd, tout se transforme : les coquilles des huîtres servent d’engrais ou de matériaux de construction, les déchets sont recyclés, et la biodiversité est maintenue dans une logique d’équilibre.
Vers une économie bleue intégrée
Au-delà de la mangrove elle-même, c’est toute la zone maritime et lagunaire de Joal qui constitue un vivier d’économie bleue : pêche durable, aquaculture de tilapia ou de crevettes, observation d’oiseaux migrateurs, valorisation des produits de la mer. L’aire marine protégée (AMP) de Joal-Fadiouth, créée en 2004, en est un symbole fort.
Cette AMP, cogérée par les pêcheurs, les femmes transformatrices, les collectivités territoriales et les services techniques de l’État, permet de concilier production et conservation. Les résultats sont tangibles : retour de certaines espèces, amélioration des revenus, développement de coopératives locales, montée en compétences des jeunes.
Un modèle menacé mais porteur d’espoir
Malgré ces avancées, la mangrove reste vulnérable. Elle subit la pression de l’urbanisation, de la coupe illicite, des déchets plastiques et des effets du changement climatique (salinisation, acidification, montée des eaux). Sans une politique de soutien à long terme, sans infrastructures adaptées (fours écologiques, unités de transformation, zones de débarquement aménagées), les efforts communautaires risquent de s’essouffler.
Pourtant, Joal-Fadiouth offre un modèle inspirant de développement endogène et écologique, combinant équité sociale, innovation locale et respect de l’environnement. La mangrove y est plus qu’un paysage : elle est un espace de vie, un vecteur d’identité, une source de dignité et d’avenir.
Investir dans la mangrove, c’est investir dans le vivant. Et à l’heure où le Sénégal cherche à verdir son économie et à sécuriser ses ressources, la mangrove de Joal-Fadiouth incarne une voie résiliente. Elle mérite d’être soutenue, protégée, et surtout reconnue comme un pilier stratégique d’une économie verte et bleue au service des générations futures.
SAMBA NIEBA BA
L’article Joal-Fadiouth : la mangrove, un cadre naturel au centre d’une économie verte et bleue est apparu en premier sur Sud Quotidien.