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on - Mon at 2:30 PM -
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« L’engagement ne vaut que par les combats qu’il permet de mener », disait Dominique de Villepin.
Cette maxime, le ministre de l’Environnement, Dr Abdourahmane Diouf, semble l’avoir pleinement saisie. À travers ses récentes prises de parole, il appelle à un sursaut collectif, à un recentrage des priorités nationales et à une union des cœurs.
Son message est clair : reconstruire le pays ne peut se faire dans la rancune, ni dans la revanche politique, ni dans ce qu’il nomme justement « une justice des vainqueurs ».
Car le Sénégal n’a pas besoin de vainqueurs et de vaincus ; il a besoin de bâtisseurs.
De femmes et d’hommes capables de dépasser les passions partisanes pour renouer avec l’esprit de la République, celui du dialogue, du respect et de la responsabilité partagée.
Or, pour avoir simplement appelé à cette réflexion, le Dr Diouf se retrouve la cible d’attaques virulentes, d’insultes, de campagnes de dénigrement orchestrées par une frange militante du Pastef. Comme si penser autrement, ou appeler à la raison, relevait désormais du blasphème. Pourtant, ses mots auraient dû être une aubaine, une main tendue pour recentrer le débat sur l’essentiel : la République, la démocratie, la nation.
Mais non. Nous vivons une époque où l’on attrape les gens par la colère, par la peur. À partir de là, on divise la nation, on fragilise le pays, on asservit les consciences.
Cette spirale émotionnelle, cette passion destructrice, est aujourd’hui à l’œuvre dans notre espace politique. Le discours public s’est transformé en un champ de bataille où la surenchère, la stigmatisation et la haine prennent le pas sur la raison.
Le drame, c’est que cette logique nous prive de notre plus grande force : la liberté de juger par nous-mêmes. Nous cessons d’être des citoyens pour devenir des suiveurs. Nous perdons la capacité de penser en dehors des meutes.
Il est urgent de dire non.
Non à la manipulation émotionnelle.
Non au diktat des passions.
Non à la confiscation du débat.
Dire non, c’est déjà commencer à agir. C’est refuser l’hémorragie qui ronge notre société; cette lente disparition du sens de la République, cette dégradation de la démocratie, cette fragmentation de la nation. Tant que nous accepterons cette dérive, nous resterons prisonniers d’un processus mortel.
Une fois ce non posé, une fois ce sursaut accompli, nous pourrons enfin débattre. Débattre librement, sans invective ni menace. Et c’est là que la démocratie retrouvera ses droits.
Mais comment y parvenir, quand des entrepreneurs de haine imposent chaque jour leurs obsessions à l’agenda national ? Quand la division devient un fonds de commerce politique ?
Il faut le dire avec lucidité : la politique, c’est le réel. Ce n’est pas l’émotion, ni la mise en scène. Or, chez certains, la méconnaissance de l’État de droit est flagrante. La nuance, le désaccord, la critique constructive sont perçus comme des trahisons.
C’est là que réside, peut-être, l’un des grands maux du Pastef. Ce parti n’a jamais su distinguer la conquête du pouvoir de son exercice.
Toujours dans la posture de la lutte, jamais dans celle de la responsabilité.
Résultat : depuis l’élection de 2024, le pays semble sans véritable direction politique. Gouverner, c’est difficile. Cela exige de trancher, d’assumer, de renoncer parfois. Mais beaucoup préfèrent continuer à séduire, à promettre, à alimenter les colères.
Le Pastef est aujourd’hui happé par ce qui paraît le plus vif dans notre espace public : la haine, la calomnie, l’attaque personnelle. Mais ce feu, qu’on croit moteur, finit toujours par brûler ceux qui l’entretiennent.
Retrouver la République, c’est retrouver le courage du débat, de la nuance, du respect.
C’est redonner à la démocratie sa dignité et au peuple sénégalais sa maturité.
Parce que la vraie révolution, aujourd’hui, ce n’est plus de hurler.
C’est d’écouter.
C’est de penser.
C’est d’agir pour le bien commun.
Alioune Badara Gueye
Enseignant-chercheur en Sciences de l’information et de la communication
Cet article « Et si le Sénégal avait besoin de cette voix qui ose dire non à une justice des vainqueurs », par Alioune Badara Gueye est apparu en premier sur Rewmi.com.
