" "
Posted by - support -
on - 10 hours ago -
Filed in - Society -
-
5 Views - 0 Comments - 0 Likes - 0 Reviews
Dans cet entretien, la Direction de Fortesa apporte des éclaircissements sur les doléances des travailleurs qui ont entamé une grève illimitées, depuis plusieurs jours, pour réclamer des arriérés de salaire. La situation, bien que déplorable, est causée par une baisse de la production, explique le Responsable comptable, Fiscalité et de la Paie de Fortesa, El Hadji Diallo.
Les travailleurs ont entamé une grève pour réclamer onze mois d’arriérés de salaire. Quel est l’avis de la Direction sur ce mouvement d’humeur ?
C’est une situation que nous déplorons vivement car, en vingt ans d’existence, FORTESA n’a jamais traversé une crise d’une telle ampleur. Celle-ci résulte principalement de la baisse de nos ventes de gaz, aggravée par l’incident survenu sur notre plus grand puits producteur. Actuellement, nos ventes de gaz sont dérisoires et ne couvrent même pas nos charges d’exploitation (OPEX). Nous regrettons de n’avoir pu parvenir à une conciliation avec nos travailleurs lors de la rencontre à l’Inspection du Travail, car nous refusons de faire des promesses que nous ne pourrions tenir, faute de moyens financiers, tant la crise est profonde. La Direction demeure toutefois pleinement engagée dans la relance des activités de forage, seule garantie de la pérennité du projet, et ce, dans un esprit de collaboration.
Que répondez-vous sur les conditions de travail jugées déplorables notamment un chômage technique avec des ponctions sur la rémunération ?
En effet, depuis l’accident ayant entraîné la perte de notre plus grand puits producteur, SA-2, nous avons opté pour la mise en chômage technique plutôt que pour un licenciement économique. À l’époque, il n’existait pas de syndicat au sein de l’entreprise, et cette absence durant toute cette période s’explique, pour diverses raisons. Certes, nos salariés nous reprochent un vice de forme dans la mise en place du chômage technique, mais il convient de rappeler que cette décision n’avait qu’un seul objectif : sauver la situation tout en préservant les emplois.
Les travailleurs bénéficient-ils d’une couverture maladie ?
Nous bénéficions d’une prise en charge médicale à hauteur de 80% auprès de certaines structures sanitaires. Cependant, depuis le début de la crise et en raison du cumul des factures impayées, ces prises en charge ne sont plus acceptées ; ce que nous regrettons vivement pour notre personnel. Parallèlement à ce dispositif, nous assurions également le remboursement de 80% des dépenses médicales de nos employés. Or, depuis la crise, nous rencontrons de grandes difficultés à honorer ces remboursements, et nous déplorons profondément cette situation.
Les Travailleurs accusent la Direction de ne pas verser des cotisations sociales notamment à la Caisse de Sécurité Sociale et à l’IPRES depuis 2017. Qu’en est-il ?
Nous avons toujours versé les cotisations sociales, tant à l’IPRES qu’à la Caisse de Sécurité Sociale. Cependant, depuis le début de nos difficultés, en 2017, liées à la baisse de la production, la situation s’est aggravée avec l’incendie survenu en décembre 2020, entraînant une accumulation des problèmes. Aujourd’hui, force est de constater que nous ne sommes plus en mesure de régler ces cotisations. Nous avons, à plusieurs reprises, négocié des moratoires, mais nous peinons à les respecter. Nous déplorons profondément cette situation et mettons tout en œuvre pour y remédier.
Avez-vous des employés qui sont des prestataires depuis une quinzaine d’années ?
Il convient de rappeler que le secteur amont pétrolier est un domaine spécifique dans lequel la loi autorise la conclusion de Contrat à Durée Déterminée (CDD), sans limitation, notamment pour leur renouvellement, ainsi que l’utilisation de contrats de projet durant les phases de recherche et de développement. FORTESA aurait pu, comme d’autres compagnies, recourir à des sociétés d’intérim. Cependant, conformément à notre politique de contenu local, nous avons toujours fait de l’emploi des travailleurs locaux un véritable sacerdoce, gage de notre succès, tout en remplaçant progressivement les expatriés.
Après l’incendie d’un puits de gaz en 2020, des recommandations avaient été faites à l’entreprise pour renforcer la sécurité de ses installations. Quelles sont les mesures prises dans ce sens ?
Il convient de rappeler que l’amont pétrolier est un secteur à haut risque, et nous avons exercé plus de vingt ans au Sénégal sans aucun accident, en particulier dans l’Onshore où la cohabitation avec les populations riveraines exige une vigilance accrue. Nous sommes actuellement en train de nous conformer aux nouvelles exigences environnementales prévues par le nouveau Code de l’Environnement, ainsi qu’aux nouvelles normes de sécurité imposées par les autorités. Nous avons d’ailleurs obtenu notre quitus environnemental et nous nous apprêtons à recevoir notre certification de conformité au POI (Plan d’Opération Interne). Nous tenons à vous assurer que des solutions concrètes sont en cours de mise en œuvre pour forer le puits SA-7 et récupérer le réservoir. Et nous comptons surtout sur la réussite de ce forage pour relancer l’activité et éponger nos dettes sociales et fiscales.
Concernant la Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE), quelles sont les actions entreprises par Fortesa ?
L’entreprise a toujours mené des actions de RSE, mais en tenant compte de ses capacités financières. Il convient de rappeler que FORTESA n’est ni un «major» de l’industrie, comme BP, TOTAL ou EXXON Mobil, ni une «junior» comme KOSMOS ou WOODSIDE, mais une très petite société spécialisée dans l’exploitation de gisements en fin de vie. Actuellement, compte tenu de la crise, nous concentrons nos efforts sur nos priorités, en particulier le paiement des arriérés de salaires. La RSE, en tant que dépense sociale non obligatoire, est mise en œuvre lorsque la situation économique et sociale de l’entreprise le permet.
Qu’est ce qui explique la non-publication des Rapports de Production Mensuels de FORTESA ces deux derniers mois ?
En raison de la grève du personnel, il y a une rétention d’informations, notamment celles relatives aux données de production. Depuis deux mois, nous sommes dans l’incapacité de facturer notre unique client, SOCOCIM, et de transmettre nos Rapports Mensuels à notre ministère de tutelle, ce qui constitue pourtant une obligation contractuelle. Nous déplorons vivement cette situation, malgré nos efforts constants de communication pour assurer le suivi et l’évaluation de nos perspectives.
Réalisé par Fatou NDIAYE
L’article El hadji A. Diallo, responsable comptable, fiscal et de la paie de Fortesa : «L’entreprise a toujours mené des actions de RSE, mais en tenant compte de ses capacités financières» est apparu en premier sur Sud Quotidien.