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« Le cancer est curable si l’on s’y prend tôt », rappellent les professionnels de santé. Mais dans la réalité, les malades se heurtent à un déficit criard d’anatomopathologistes, de cancérologues et de plateaux techniques accessibles. Hier, mardi 26 août, l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd) a ouvert le débat avec des experts, afin de tirer la sonnette d’alarme et de plaider pour l’implantation d’unités d’oncologie dans plusieurs régions du pays.
À ce jour, seules Dakar et Diourbel disposent d’unités de radiothérapie censées absorber toute la demande nationale. Une situation intenable, alors que des patients sont laissés pour compte faute de place. Selon les données disponibles entre 2010 et 2016, 3 157 cas ont été enregistrés, avec un âge moyen de 50 ans. Les femmes représentent 53 % des malades, contre 47 % d’hommes. Pour le Dr Kanta Ka, oncologue radiothérapeute au Centre hospitalier universitaire Dalal Diam, la tendance est à la hausse : « Dans nos pays, il n’y a pas de registre du cancer. Ce qui fait qu’on ne peut pas déterminer le nombre exact de cas. Au Sénégal, un premier registre mis en place en 2016 a comptabilisé plus de 3 000 cas. Les 21 à 51 ans sont les plus touchés. Le cancer du sein affecte aussi les femmes de moins de 50 ans. Pour le col de l’utérus, le virus HPV est à l’origine de nombreux cas. C’est une maladie curable. Quant aux cancers métastatiques, ils sont désormais considérés comme des maladies chroniques. »
Le déficit en ressources humaines reste préoccupant. « Au Sénégal, seuls quatre oncologues médicaux exercent dans les structures publiques, deux autres sont encore en formation. Les oncologues chirurgiens sont dix, et on compte dix-huit oncologues radiothérapeutes », détaille Dr Mouhamadou Bachir Ba, oncologue radiothérapeute à Dalal Diam. « Il y a une nécessité de renforcer les acquis pour la prise en charge des cancers », ajoute-t-il.
Mais le maillon clé demeure l’anatomopathologie. « Sans l’anapath, il n’y a pas de cancer. On ne peut pas poser de diagnostic fiable sans analyse anatomopathologique, sauf pour de rares formes. L’anapath est l’architecte du processus », insiste Dr Ka. Or, ils ne sont que cinq dans tout le pays, sous-équipés et débordés. « Si ces spécialistes disposaient de bons outils, le diagnostic pourrait être centralisé ici. Faute de quoi, nous continuons d’envoyer des prélèvements en France, à un coût élevé. »
Sur le plan des infrastructures, la fracture est criante : « Sept régions du pays n’ont pas accès à la prise en charge du cancer. Seules Dakar, Thiès, Diourbel, Louga, Saint-Louis, Fatick et Ziguinchor disposent de la chimiothérapie. C’est gratuit, mais ce n’est pas accessible. Quant aux hôpitaux, beaucoup rechignent à accueillir la radiothérapie car ils n’ont pas les moyens de maintenir les équipements. Résultat : les machines ne fonctionnent pas en continu et tombent fréquemment en panne. » En matière d’imagerie, seules Dakar, Thiès et Diourbel possèdent une IRM, et la seule qui fonctionne douze mois sur douze est celle de l’Hôpital Principal, souligne-t-il.
Cette rencontre de l’Ajspd s’inscrivait dans le cadre du projet Santé en lumière, conduit en partenariat avec la Fondation Bill et Melinda Gates, et tenue au Centre international de recherche et de formation en génomique appliquée et de surveillance sanitaire (Cigass)
Denise ZAROUR MEDANG
L’article Alerte sur les carences de la prise en charge au Sénégal est apparu en premier sur Sud Quotidien.